Il a 27 ans, il est originaire de Lisbonne et il vient de remporter le 62ème Grand Prix de l'Eurovision à Kiev dans la nuit du 13 au 14 mai dernier. Le chanteur portugais Salvador Sobral offre au Portugal sa première victoire au concours de l´eurovision en interprétant sa chanson "Amar pelos dois?. Lepetitjournal.com/Lisbonne dresse pour ses lecteurs le portrait de ce crooner à succès.
Une première pour le Portugal
Jamais encore un artiste portugais n'avait remporté le Grand Prix de l'Eurovision depuis sa première participation au concours en 1964. Et voilà que Salvador Sobral, âgé de seulement 27 ans, conquis les juges et les spectateurs avec la chanson ?Amar pelos dois? (aimer pour deux), composée par sa soeur Luisa Sobral, également auteur, compositrice et interprète. Le candidat arrive donc à la première place avec un score de 758 points devant le bulgare Kristian Kostov. Il détrône également l'italien Francesco Gabbani, arrivé en sixième place, alors que les parieurs le voyaient remporter le trophée. En interprétant une chanson dans sa langue natale et non en anglais, Salvador Sobral a su se démarquer de ses concurrents et transmettre une approche personnelle de son art. ?La musique, ce n'est pas un feu d'artifice, ce sont des sentiments [...]? a-t-il confié au moment de son triomphe.
Un parcours atypique
Né à Lisbonne en 1989, Salvador Sobral est découvert par le public portugais lors de son passage dans l'émission Ídolos, l'équivalent de la Nouvelle Star française, à laquelle il participe en 2009. Il ne remporte pas le jeu et arrive à la septième place, tandis que sa soeur avait fini troisième au même concours quelques années plus tôt. Suite à l'émission, et parce- qu´il ne supporte pas l'exposition médiatique, Salvador quitte le Portugal pour suivre une année d'études à Majorque via le programme Erasmus, où il continue de chanter dans les bars accompagné d'un ami guitariste. Il décide ensuite d'entrer à l'école de musique Taller de Músics de Barcelone, ville qu'il ne quittera pas pendant quatre ans. C'est là bas qu'il rejoint le groupe vénézuélien Noko Woi, avec qui il se produira sur scène lors du festival de musique Sónar de Barcelone en 2014. En 2016, de retour au Portugal il sort son premier album Excuse Me. C'est finalement avec la chanson ?Amar pelos dois? écrite par sa soeur Luisa, elle même chanteuse, qu'il sortira vainqueur du Festival da Canção, destiné à élire l'artiste représentant le Portugal au concours de l'Eurovision.
Un artiste adulé pour sa sensibilité et sa fragilité
Sa musique mêlant la gaieté du jazz et la douceur du blues reflète également la fragilité de l'artiste, atteint d'une insuffisance cardiaque et en attente d'une greffe de coeur. C'est en raison de ses problèmes de santé qu'il n'a d'ailleurs pas pu participer aux répétitions au centre d'exposition de Kiev avant le show. Accueilli par la foule dès son passage sur le tapis rouge en Ukraine, puis de nouveau acclamé dès son arrivée à l'aéroport de Lisbonne suite à sa victoire, Salvador Sobral semble toujours aussi surpris de son succès. Sa réussite représente pourtant un véritable exploit pour les Portugais qui accordent une importance certaine à cet événement annuel. Au delà de la performance musicale, son émouvante interprétation de ?Amar pelos dois? traduit une humilité et une sensibilité rarement observées lors des prestations trop souvent superficielles proposées lors de l'Eurovision. Plus qu'une victoire pour le chanteur, c'est un triomphe pour l'univers musical du jazz et de la soul qu'il représente, face au succès continu d'une musique plus commerciale.
Ce supporter du Benfica Lisbonne a ainsi fait honneur au Portugal le jour même où son équipe de foot favorite remportait le titre de champion du Portugal pour la quatrième fois consécutive, une autre première historique.
Ce qu'en pensent les lisboètes (Baixa Chiado, le 15 mai) Tiago, 32 ans : ?Tout mélomane portugais ou français ne peut qu'aimer cet artiste et ses influences tant classiques que jazzy. C'est une victoire de la musique sur la culture mondiale. A mon sens, son album est vraiment intéressant.? Sara, 26 ans : ?Il est tout ce qu'il y a de plus "anti-eurovision", pas de strass ni de paillettes, pas de musique pop, pas de chorégraphie ni de danseurs. Je trouve Salvador spontané et je pense que c'est cela qui l'a démarqué des autres concurrents, et je ne le pense pas seulement parce que je suis portugaise. Les années précédentes, je trouvais que les participants portugais étaient des copies conformes des autres concurrents. C'est pour cette raison que je ne regarde jamais l'eurovision.? Victor, 53 ans : ?Je ne le connaissais pas auparavant, mais maintenant je ne peux qu'aimer ce grand artiste pour son interprétation, pour ses connaissances musicales et son humilité. Mon regard sur l'eurovision a également changé, je trouve cela beaucoup mieux qu'avant.? Marina, 37 ans : ?Sa chanson, sa musique et même son style sortent des stéréotypes de l'Eurovision, avec des musiques généralement plus commerciales. Je le connais car il a déjà fait un album plutôt intimiste et très musical. Mais j'avoue avoir été agréablement surprise quant à sa victoire. Etant portugaise j'en suis ravie bien évidemment, et je suis heureuse de voir l'accueil que lui ont réservé les Portugais à l'aéroport.? |
Elise Dubourg (www.lepetitjournal.com/lisbonne.html) mercredi 17 mai 2017