Lepetitjournnal revient sur les événements politiques majeurs de l'année ainsi que sur les problématiques auxquelles le nouveau gouvernement portugais doit faire face.
La démission d'António Costa : Un tournant majeur
En novembre 2023, le paysage politique portugais a été bouleversé par la démission de António Costa, Premier ministre et figure emblématique du Parti Socialiste (PS). António Costa, en poste depuis 2015, a quitté ses fonctions après que son nom ait surgit mêlé à un scandale politique qui a touché son entourage sans qu'aucune accusation formelle n'ait été prononcée à ce jour. Cette démission a marqué la fin d'une ère de stabilité relative et a ouvert une période d'incertitude politique au Portugal.
Les élections anticipées de mars 2024
Pour répondre à la crise politique, le président Marcelo Rebelo de Sousa a rapidement convoqué des élections anticipées, une décision saluée par certains comme nécessaire pour restaurer la confiance dans les institutions démocratiques et qui a été l'objet de critiques par d'autres qui étaient partisan de la nomination d'une personnalité proposée par la majorité parlementaire PS. Les élections qui se sont tenues le 10 mars 2024, ont vu une forte participation des électeurs, illustrant l'engagement des citoyens portugais envers leur démocratie.
Les résultats des élections ont révélé une montée significative du parti d'extrême droite Chega, qui a capitalisé sur le mécontentement face à des enjeux comme la crise du logement en lien avec l'augmentation du tourisme. Toutefois, c'est la coalition de centre-droit Aliança Democrática (AD), dirigée par Luis Montenegro, qui a remporté les élections. L'AD a formé un gouvernement minoritaire, devant négocier délicatement avec les autres partis de gauche tout en excluant toute alliance avec Chega.
Défis et décisions du nouveau gouvernement
Le nouveau gouvernement de Luís Montenegro fait face à plusieurs défis majeurs :
1 - Privatisation de la compagnie aérienne nationale, la TAP :
Le gouvernement a réaffirmé sa volonté de privatiser la compagnie après des bénéfices records. Les compagnies comme Lufthansa, Air France-KLM et IAG sont parmi les acheteurs potentiels. Le président de Luftansa s'est récemment déplacé à Lisbonne pour rencontrer les autorités portugaises et a affirmé sa volonté de vouloir négocier une participation de près de 19% de la compagnie. Le gouvernement n'a pas encore pris de décision claire sur cette privatisation.
2 - Problèmes de sécurité :
En juillet 2024, une revalorisation significative des salaires des policiers a été annoncée, avec une augmentation de 19% sur cinq ans. Cette mesure vise à calmer la profession, à reconnaître les services rendus par les forces de l'ordre et à attirer de nouveaux talents dans la profession. Le même type de mesure a été prise vis-à-vis des gardiens de prison.
3 - Système de santé :
Un programme de santé d'urgence a été lancé, axé sur l'obstétrique et la médecine familiale. Bien que le système de santé portugais soit généralement efficace, il continue de faire face à des défis persistants, notamment en matière de financement et de gestion des ressources. Les médecins et infirmiers font des grèves régulières depuis de longs mois. C'est là un défi majeur auquel le gouvernement doit faire face dans les prochains temps.
4 - Crise du logement :
Le programme "Build Portugal" propose des aides pour l'achat immobilier et la reconversion de bâtiments publics en logements. Les loyers sont désormais calculés en tenant compte du dernier loyer avec des ajustements basés sur l'inflation, fixée à 2 % par la Banque centrale européenne. Cela vise à rendre les loyers plus abordables et à stabiliser le marché locatif. Une mesure controversée oblige les propriétaires de logements vacants à les louer à des familles, avec l'État pouvant intervenir directement si nécessaire. Mais, la difficulté à se loger au Portugal est devenu une thématique récurrente, le prix exorbitant des loyers complètement déconnecté de la réalité des salaires perçus dans le pays rend la situation très difficile pour les Portugais. C'est un des pays d´Europe où les loyers ont le plus augmenté.
5 - Éducation
Un accord a finalement été trouvé avec la majorité des syndicats enseignants, une proposition présentée en mai dernier prévoit une récupération du temps de service de l´ordre de 25% par an entre maintenant et 2027, le ministre de l'Education estime que d'ici 2027, après 6 ans et 6 mois de restitution salariale, le coût de cette mesure s'élèvera à 300 millions d'euros par an. Les enseignants se battaient depuis de très long mois pour se voir accorder ce rattrapage salarial. Une décentralisation du système éducatif est également prévue pour donner plus d'autonomie aux écoles et aux autorités locales, permettant une meilleure adaptation aux besoins spécifiques des communautés. En préparation pour l'année scolaire 2024-2025, le ministère de l'Éducation a lancé un projet pilote de classes préparatoires à la seconde, destinées aux élèves de troisième qui n'ont pas réussi à obtenir leur brevet mais qui sont néanmoins admis en seconde, ces classes visent à combler les lacunes et à préparer les élèves à réussir dans l'enseignement secondaire. En attendant, le nombre d'enseignants pour cette rentrée scolaire semble être insuffisants et plusieurs écoles vont avoir à gérer des questions de personnel enseignant. Quant à la rentrée universitaire, elle est marquée par les problèmes que rencontrent les étudiants pour se loger avec des loyers de chambre qu'ils ne peuvent pas payer.
António Costa au Conseil de l'Europe
Malgré son retrait de la politique nationale, António Costa continue à jouer un rôle important au niveau européen. Il a obtenu une majorité de vote devenant ainsi président du Conseil européen et prendra ses fonctions en décembre prochain. Il remplace Charles Michel qui occupait ce poste depuis 2019. Les défis de divers ordres ne manqueront pas de se poser à l´Europe et au monde, les prochains mois seront forts intéressants à analyser.
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