Jorge Sampaio, ancien président de la République portugaise et grand militant des droits humains, est décédé ce vendredi 10 septembre, à l'âge de 81 ans, des suites de difficultés respiratoires. Il restera dans la mémoire des Portugais comme « un grand seigneur de notre démocratie », selon les mots de l'actuel Président Marcelo Robelo de Sousa, tenus lors d'une déclaration officielle faite depuis le Palais de Belém.
Une carrière hors norme
Jorge Sampaio était un homme de convictions. Dès les années 1960, il est à l'origine de la lutte étudiante contre la dictature de l'Estado Novo qui tombera le 25 avril 1974. Plus tard, c'est en tant qu'avocat que Jorge Sampaio lance sa carrière professionnelle. Il est notamment connu pour avoir joué un rôle prépondérant et brillant dans la défense de prisonniers politiques durant la dictature. Son souci permanent pour les autres et ses préoccupations politiques l'ont poussé à intégrer le Parti socialiste en 1978. Elu député à de nombreuses reprises, Jorge Sampaio devient alors Secrétaire général du Parti socialiste en 1989. Il est, à cette époque, le chef de l'opposition, puisque Anibal Cavaco Silva (PSD) était devenu Président de la République ayant succédé à Mario Soares (PS), à la tête du gouvernement en 1985. En 1990 il devient Maire de Lisbonne avant de devenir, en 1996, Président de la République portugaise, réélu en 2001. Jorge Sampaio annonçait en 1996, lors de son discours d'investiture : « Il n'y a pas de majorité présidentielle. Je serai le président de tous les Portugais. Tous sans exception ». Il est notamment connu comme étant l'un des précurseurs des alliances de groupements politiques de gauche mais aussi comme celui qui savait faire converger les intérêts de tous. Le Président Marcelo Robelo de Sousa, lors de son hommage, a loué la capacité de son prédécesseur à « construire des ponts », dans son camps politique mais aussi avec l'opposition. Un des moments marquants de ses mandats présidentiels est la façon dont il a favorisé l'indépendance du Timor-Leste (Timor oriental), à l'époque sous occupation indonésienne.
Un militant convaincu et un homme d'émotion
Dans un message publié sur les réseaux sociaux, Anne Hidalgo, maire socialiste de Paris, rendait hommage à Jorge Sampaio le caractérisant de « formidable humaniste ». En effet Jorge Sampaio, pendant sa carrière politique et au-delà, était un homme profondément engagé dans les problématiques humanitaires et pour les Droits de l'Homme. Un homme qui ne cachait pas ses émotions et connu pour avoir laissé transparaître plusieurs fois, en public, celles-ci. Encore il y a moins de trois semaines, il publiait dans un grand quotidien portugais, un article où il lançait un appel plein d'espoir au devoir de solidarité envers les Afghans. Cette initiative s'inscrit dans le cadre de la plateforme globale d'appui aux étudiants syriens qu'il a créé et dirigeait comme président et dont l'objectif est la délivrance de bourses pour ces derniers. Pour Jorge Sampaio, la solidarité envers les plus démunis n'était pas une option mais bien un devoir. On peut également citer, parmi ses multiples engagements, sa nomination en tant que haut représentant des Nations Unies pour l'alliance des civilisations ou encore en tant qu'envoyé spécial de l'ONU dans le cadre de l'initiative « Halte à la Tuberculose ». Lauréat de nombreuses distinctions de l'Organisation Mondiale de la Santé et du prix Mandela en 2015 pour ses « contributions exceptionnelles au service de l'humanité », Jorge Sampaio aura donc fait de sa vie un long combat pour les causes qui lui étaient chères. Combat qui avait commencé par la mobilisation étudiante au début des années 1960.
Des funérailles d'État et une présence française
Le vendredi 10 septembre, trois jours de deuil national ont été déclarés et la majorité des campagnes municipales en cours ont été momentanément suspendues. Ce dimanche 12, ont eu lieu les cérémonies funéraires, des funérailles d'Etat. Tout d'abord, dans la matinée, une cérémonie au Mosteiro dos Jerónimos a rassemblé environ 300 personnes (dans le respect des mesures imposées par la Direction Générale de la Santé). On a notamment pu observer, outre les personnalités portugaises, la présence du Roi d'Espagne Felipe VI, du Secrétaire général des Nations unies António Guterres (Premier ministre sous Jorge Sampaio), de personnalités politiques du Timor-Leste ou encore de nombreuses délégations étrangères.
La France s'est faite représenter par la ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l'Égalité des chances, madame Elisabeth Moreno venue au nom du Président de la République française. Une attention particulière de la part de la France puisqu'il s'agit d'une Franco-Cap-Verdienne parlant le portugais.
Le cortège funèbre, en début d'après-midi, s'est déplacé au cimetière Alto de São João, où le corps a été déposé dans un caveau familial. Les nombreux hommages tenus par sa famille et les grandes personnalités politiques du pays ont permis de rappeler l'homme que Sampaio était, ce qu'il a fait pour le Portugal et la trace indélébile qu'il laissera dans la mémoire de chacun.