À l'occasion de la 25ᵉ édition de la Fête du cinéma français, qui se tient jusqu'au 30 novembre au Portugal, nous avons rencontré le réalisateur Antoine Chevrolier. Son film "La Pampa", présenté en compétition, a été projeté début octobre à Lisbonne dans le cadre de la section compétitive de la fête.


Le film "La Pampa" est un premier film intime et puissant. À travers ce premier long-métrage, le cinéaste explore les thèmes de la jeunesse, de la famille, de l'amour dans les paysages ruraux de l'ouest de la France. Lepetitjournal Lisbonne est allé à la rencontre du réalisateur pour échanger sur la création de son premier long-métrage "La Pampa".
Lepetitjournal : Après plusieurs séries comme "Le Bureau des Légendes" ou "Baron Noir", pourquoi passer au long-métrage ?
Antoine Chevrolier : J'ai eu envie de revenir à quelque chose de plus intime. "La Pampa" est née de sensations, de souvenirs d'enfance, d'images très ancrées dans mon passé. Avec mes co-scénaristes, Bérénice Bocquillon et Faye Zegen, nous avons construit le récit à partir de ces émotions.
Le titre "La Pampa" vient du terrain de motocross dans le film?
Oui, c'est un vrai lieu, à quelques kilomètres de ma maison d'enfance. C'est là que tout commence. Le titre de travail était "Trompe-la-mort", parce que mes personnages vivent intensément, parfois dangereusement. Mais "La Pampa"s'est imposé, plus simple et plus juste.
Le film a été tourné dans votre région natale. Pourquoi ce choix ?
Je viens d'un petit village, Longué-Jumelles, où vit encore ma famille. Au départ, je ne pensais pas pouvoir y tourner, par complexe peut-être. Mais mes co-scénaristes m'ont convaincu car tout venait de là. Quand je suis revenu sur place, c'était une évidence. La Loire, les gens, la lumière... tout s'imposait.
Y a-t-il une scène particulièrement importante pour vous ?
Oui, la première scène. Elle a beaucoup bougé au montage, mais je tenais à la garder. Elle plonge directement le spectateur dans l'univers du film, de façon frontale et sensorielle.
Quelle a été la plus grande difficulté technique ?
La plus grande difficulté technique a été de tourner les scènes de motocross. Nous avons filmé au cœur d'une vraie course, avec un vrai pilote équipé d'une GoPro. C'était compliqué à gérer, entre sécurité et réalisme.
Le film aborde aussi la masculinité et la violence dans le monde rural. Était-ce un sujet important pour vous ?
Oui. Je viens de ce milieu, que j'aime profondément. Mais je voulais montrer la réalité telle qu'elle est, c'est à dire belle, forte, mais parfois violente. Dans ces territoires, les codes masculins sont très présents, souvent durs. C'était important de les interroger sans jugement.
Vous évoquez aussi l'homophobie dans les campagnes. Pourquoi ce choix ?
Parce qu'elle existe encore, et qu'on en parle peu. Dans les zones rurales, beaucoup de jeunes subissent en silence. Il n'y a presque pas d'études sur le sujet. Je voulais que le film en parle, sans détour, à partir de mon vécu et de ce que j'ai observé.
Le film a aussi été sélectionné à la Queer Palm à Cannes. Qu'avez-vous ressenti ?
Une grande fierté. Le film parle de famille, d'amour et d'identité, pas uniquement de la question queer, mais cette sélection avait du sens. C'était une belle reconnaissance pour toute l'équipe.
Comment avez-vous vécu la présentation du film à Lisbonne ?
C'est un vrai bonheur. "La Pampa" a beaucoup voyagé depuis Cannes,Hong Kong, Montréal, le Mexique... Et Lisbonne a marqué la fin de ce parcours. C'était à la fois une joie et une émotion particulière, j'y suis déjà venu plusieurs fois. C'est une ville lumineuse, douce, pleine de recoins où je me sens bien. J'ai mes habitudes ici, je visite quelques églises, les ruelles du Bairro Alto et un passage obligé par LX Factory. Je trouve que Lisbonne a quelque chose de profondément apaisant.
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