En ce jour de Chandeleur, intéressons-nous à l’histoire de Briec Henry, un Français qui vit depuis près de 20 ans au Pérou… l’histoire d’une reconversion professionnelle imposée par la crise actuelle.
Comment commence votre histoire avec le Pérou ?
La première fois que je suis venu au Pérou, c'était en 1995, pour un échange linguistique, grâce à Annie Postigo, une Française qui avait mis en place un échange culturel et humanitaire en créant, à Arequipa, deux associations : la première pour s'occuper de crèches dans un bidonville et la deuxième qui organisait des échanges scolaires entre français et péruviens. Donc, à la base, c'était pour moi un voyage linguistique pour apprendre l'espagnol.
L'année suivante, en 1996, j'ai pu retourner au Pérou pour un projet humanitaire grâce à une bourse du Conseil régional de Bretagne. Ensuite, j'ai terminé mes études en France, j’ai obtenu un BTS technico-commercial dans les fruits et légumes, et puis j’ai trouvé, un peu par hasard, un stage au Pérou dans une entreprise qui exportait des asperges. Je suis donc revenu pour 6 mois, c'était fin 2002. Entre-temps, j'ai connu ma copine qui est ma femme maintenant, donc je suis resté !
En 2005, j’ai trouvé du travail auprès du tour-opérateur « Nouvelles Frontières » dont le représentant pour le Pérou et la Bolivie était un Français. Je n'y connaissais rien dans le tourisme, ce n'était pas ma formation, mais il avait besoin de quelqu'un opérationnel rapidement pour pouvoir réceptionner les clients qui arrivaient de France.
Puis, comme ça arrive pour beaucoup d'expatriés, j'ai eu un petit coup de blues, en 2011, j'ai décidé de revenir en France où je suis resté un peu moins de deux ans. Finalement, je suis revenu au Pérou en 2013 en voyageant sur un bateau de marchandise depuis l'Italie. Je suis devenu indépendant en tant qu’accompagnateur de voyage et transfériste, (c’est-à-dire la personne qui récupère les clients à l'aéroport). J'ai travaillé pour différentes agences, souvent francophones, parfois anglophones, jusqu'à l'année dernière.
Comment avez-vous vécu la crise sanitaire ?
La crise a été terrible, toute l'activité est à l'arrêt, il n’y a plus du tout de clients, ils ont liquidé tout le personnel en attendant de voir ce qui se passait, beaucoup de gens sont restés sans travail. Le tourisme au Pérou, c'est très large, ce n'est pas seulement les guides et les accompagnateurs, c'est aussi le transport touristique, les restaurants, ceux qui vendent de l'artisanat… Moi aussi, je me suis retrouvé du jour au lendemain sans activité et donc sans revenu.
Pour l'activité touristique au Pérou, ça a été un gros choc et ça va mettre un certain temps à se récupérer, donc moi, j’ai voulu me réinventer, me reconvertir !
D’où vient le projet de la vente de crêpes ?
J'avais déjà réfléchi à une activité un peu plus stable. Ce que je faisais dans le tourisme, c'était bien, ça me plaisait, mais j’étais dépendant des agences. S'il y avait une annulation d’un groupe, le service était annulé et donc je n'étais pas payé. Et puis le tourisme au Pérou est une activité qui marche bien surtout de mars à novembre. Alors, j'avais déjà pensé à faire autre chose.
Je ne suis pas du tout cuisinier à la base mais je suis originaire de Bretagne et je savais faire des crêpes, donc j'ai décidé de commencer une petite affaire de crêpes artisanales avec « La Petite Crêpe ». Pour l'instant, je fais de la vente à emporter en faisant de la pub sur les réseaux sociaux. J'ai un petit laboratoire à la maison et je m'occupe des livraisons moi-même. J'ai commencé cette activité en octobre et les gens sont plutôt satisfaits.
Très vite beaucoup de personnes m’ont demandé si je faisais aussi des galettes bretonnes mais la farine de sarrasin est très difficile à trouver. C’est comme ça que je me suis rendu compte qu'il y avait une forte demande dans la communauté française pour l'importation de farine de sarrasin, qui sert aussi pour faire du pain sans gluten. J’essaie donc de voir comment en importer. J'ai déjà quelques contacts avec des meunerie au Canada. Je réfléchis aussi à éventuellement installer un petit local, une petite crêperie sur Miraflores, ça peut être une bonne idée pour se faire connaître.
Puisque nous parlons de crêpes et qu’aujourd’hui, c’est la Chandeleur, voici pour les plus curieux d’entre vous une vidéo intitulée : « Pourquoi fait-on des crêpes à la Chandeleur ? »