Après une première tentative en septembre, le Parlement péruvien vient de voter, le lundi 9 novembre, la destitution du populaire président de la République, Martín Vizcarra.
Alors que 87 votes étaient nécessaires, la résolution déclarant la vacance de la présidence de la République a été approuvée avec 105 voix pour, 19 voix contre et 4 abstentions.
Le président péruvien s’est présenté ce lundi 9 novembre devant le Parlement pour assurer lui-même sa défense et rejeter avec force les accusations de pots-de-vin présumés qu’il aurait reçus en tant que gouverneur de la région de Moquegua en 2014.
« Aujourd’hui, dans l’hémicycle, face à la représentation parlementaire, j’ai parlé pendant 45 minutes pour expliquer, aux 130 parlementaires, ce qui était le mieux pour le pays. Ils ne m’ont pas écouté, et s’ils m’ont écouté, ils ne m’ont pas compris » a-t-il affirmé.
Dans son dernier discours, entourés de son équipe ministérielle, devant le Palais du Gouvernement à Lima, le désormais ex-président a déclaré qu’il ne prendra aucune action légale pour aller à l’encontre de la destitution. « Je ne veux en aucun cas que l’on puisse penser que mon engagement pour le peuple, n’ait été qu’une volonté d’exercer le pouvoir ».
Martín Vizcarra : « Je m’en vais la conscience tranquille »
Le 18 septembre dernier, le chef de l’État avait échappé à une première motion de destitution. Il était alors accusé d’avoir incité des témoins à mentir dans le cadre d’une enquête sur des soupçons de corruption.
Un paradoxe tant ce président est devenu populaire au Pérou pour sa lutte contre la corruption. Vizacarra est arrivé au pouvoir en 2018, après la démission de son prédécesseur, Pedro Pablo Kuczynski dont il était le vice-président, sans véritable étiquette politique et donc sans soutien parlementaire.
C’est le président du Parlement, Manuel Merino qui va désormais prendre la tête du gouvernement jusqu’au 28 juillet 2021, date de la fin théorique du mandat de Vizcarra, et donc du résultat des prochaines élections. Preuve de la fragilité institutionnelle qui caractérise le Pérou, Merino sera donc le troisième président en quatre ans.
Une destitution déjà très impopulaire
Les réactions ne se sont pas fait attendre sur les réseaux sociaux à l’issue du vote de destitution, de nombreux appels à manifester ont été lancés pour dénoncer la décision des parlementaires.
Le son des casseroles s’est fait entendre dans la soirée, une manière pour les liméniens d’exprimer leur mécontentement.