Après Barranco, notre deuxième étape à la découverte des quartiers de Lima, nous amène à Miraflores. Véronique nous raconte son expérience de « Miraflorienne » pour le meilleur et pour le pire.
Peu après mon arrivée au Pérou, il y a 15 ans de ça, Lima ne m’avait pas laissé une bonne impression
J’étais tombée amoureuse d’Arequipa, mon cœur était pris… Puis, « fast-forward », un jour, tout a changé, Lima m’a adopté pour le meilleur et pour le pire.
Après 7 ans à Arequipa, l’attrait de la grande ville, pour moi (ex-banlieusarde parisienne et ex-berlinoise), était devenu de plus en plus fort. Ce fut tout d’abord quelques semaines en juillet, puis un mois d’été passé à Miraflores près de l’Ovalo Higuereta qui m’ont donné des fourmis dans les jambes et m’ont rappelé les attraits des métropoles : diversité de personnes, personnalités nouvelles rencontrées, bars et cafés divers... cinés… théâtre ! Et puis l’été sur le « malecón » de Miraflores, les joggings autour des différents parcs du quartier de Higuereta, ce n’était franchement pas mal.
Alors ouste, on tente le déménagement et on s’installe Avenida Bolognesi, à quelques « cuadras » du fameux « malecón » et pas loin du Parque Kennedy, histoire de pouvoir me déplacer À PIED où je voulais : aux cinés, théâtres et cafés… Pour la provinciale que j’étais devenue, c’était comme être à New York… « o casi » !
Installée en appart sur une avenue névralgique du quartier de Miraflores, quelques petits inconvénients se sont fait sentir ou tout d’abord "entendre"
Et oui, Miraflores est en fait un champ de champignons. On s’installe quelque part dans un endroit "tranquille" (on a visité l’appart un dimanche –sic-) et quelques semaines plus tard, une maison est détruite en face de chez vous et un immeuble pousse lennnntement mais sûrement pendant un an, accompagnant les réveils de marteaux piqueurs et cie.
Les "combis" (petits vans pour le transport en commun) nous ont aussi tenu compagnie nuit et jour pendant quelques années. En « miraflorina » plus aguerrie, j’ai déniché mon deuxième appart dans une rue sans combis mais pas sans bruit (ça finirait par me manquer sans doute).
Enfin sur la liste des surprises liméniennes, l’humidité tient un rôle tout aussi particulier
Après avoir été habituée au taux de 40% d’Arequipa, ce fût un petit choc ! À Miraflores, il faut s’équiper pour lutter contre une humidité au minimum de 70% : cailloux absorbants, rangement et nettoyages fréquents des vêtements et, quand on peut se le permettre, sécheuses et machines deshumidifiantes sont un plus.
Malgré ces détails logistiques, tout le reste a été à la hauteur de ce qui m’avait donné envie de nous installer ici.
Miraflores pour moi, ce sont aussi et surtout des moments émouvants passés dans mon « barrio »
Je repense en premier à cette soirée où je suis allée à pied avec mon mari et mon fils bébé au recueillement organisé par l’ambassade de France sur l’esplanade de l’entrée du parc Kennedy à la mort des journalistes de Charlie Hebdo. Ce genre d’hommage, géographiquement à mille lieues de l’événement, est seulement possible dans la capitale d’un pays ; et à Lima, ça ne pouvait être qu’à Miraflores, quartier cosmopolite où les cultures se mélangent.
Un autre évènement incroyable eut lieu en novembre 2017 quand la « blanquiroja » (l’équipe péruvienne de foot) se qualifia pour le Mondial. Tout Miraflores et des milliers de personnes d’autres quartiers étaient ici, dehors, à chanter et manifester jusqu’après-minuit avec profusion de drapeaux rouge et blanc. C’était comme si le Pérou l’avait gagné, cette coupe du monde ! Miraflores était le centre du monde !
Et que dire du malecón ? C’est en partie pour lui qu’on a tant aimé Miraflores avant d’y déménager
Le coup de cœur n’a fait que se renforcer. Les couchers de soleil de l’été sont à quelques minutes à pied. Voir, depuis sa fenêtre, les parapentes dans le ciel (même si les "nouveaux champignons" en cachent quelques-uns), c’est toujours saisissant et un peu magique. Sans oublier que, pour les enfants, l’aire de nature et de jeux proposée est immense et, à Lima, sans comparaison.
Et puis il y a aussi toute cette vie gastronomique et culturelle qui se trouve, à Miraflores, en bas de la rue
Ce furent : le café de La Mora et ses petites delikatessens allemandes, le ciné de Larcomar, le théatre Britanico, les verres de vin à La Esquina, les découvertes de street art un peu partout, le magasin de Noël de la rue José Galvez, ouvert 365 jours/an et qui ne vend pas que des décos de Noël. Et bien sûr aussi les restos, Edo, Cuatro Cuartones, Delfines et Punta Sal, les marché bios (maintenant au coin de chez moi, à l’Ovalo Bolognesi tous les samedis), et les librairies : El Virrey et celles de l’Ovalo Gutierrez… Même aller à « Migraciones » (démarches administratives ultra ch*%£ et régulières à faire pour rester résident au Pérou) était devenu un -quasi- plaisir, car un bureau était ouvert au sous-sol de ce rond-point, bien organisé, tranquille et avec un personnel aimable.
Au rang des coups de cœur, il y a aussi les « quintas » typiques du quartier
Des groupes de maisons d’un ou deux étages tout au plus, collées, qui partagent des zones communes. Il reste quelques belles maisons (voir calle Bellavista) dont les façades colorées donnent un air charmant, une identité typique à Miraflores, mais ces « quintas » ou maisons indépendantes deviennent de plus en plus rares.
Et voilà : même si je suis une « miraflorina » nouvelle, j’ai déjà un peu de nostalgie du Miraflores d’antan… Mais cette impression s’envole dès que je me rends compte que, dans mon quartier, je peux faire mes courses à n’importe quelle heure, juste à côté de chez moi. Quel pied pour les personnes qui, comme moi, ne sont ni très organisées ni très disponibles aux heures de travail. Aucun besoin de "prévoir", il y a toujours une solution au coin de la rue. Et puis, finalement, parmi les petites surprises heureuses, il y eut aussi la découverte des… trottoirs ! Jeune maman, la poussette est indispensable et nous suit comme une ombre pendant quelques années. Et, à Miraflores, il y a des descentes de trottoir parrr-tout ! Cela n’empêche pas les trous et les crottes à éviter, mais, c’est bien mieux fait qu’à Paris, ou même, qu’à New York ! ;)
Véronique M. (merci à C.B. pour la relecture !)