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Mariana Negri, une Péruvienne à la tête d’UNI-Presse depuis 13 ans

Mariana Negri, une Péruvienne à la tête d’UNI-Presse depuis 13 ansMariana Negri, une Péruvienne à la tête d’UNI-Presse depuis 13 ans
Écrit par Guillaume FLOR
Publié le 11 mars 2022, mis à jour le 11 mars 2022

Voilà presque 40 ans que Mariana Negri-Marchegay habite à Paris. Cette Péruvienne qui travaille à la diffusion de la presse française à travers le monde, nous raconte son expérience de vie en France.

Mariana Negri est arrivée en France en 1988 pour y faire des études. À Lima, elle est passée par le Lycée français (« Franco Peruano »), puis elle a fait un cursus de droit à l’Université catholique (PUCP). Ensuite, elle s’est dirigée vers la France où elle a intégré la prestigieuse école nationale d’administration (ENA) à Paris, avant de continuer ses études à la Sorbonne.

Après avoir travaillé un an dans une petite structure du groupe « Le Monde », puis 15 ans chez « Bayard Presse », Mariana Negri est devenue Directrice générale chez « UNI-Presse », une association qui a pour vocation d’assurer la promotion de la culture et de la langue française dans le monde à travers un service d’abonnement à la presse française.

Après mes études, j’ai découvert le monde de la presse et j’y suis restée.

Pouvez-vous nous décrire votre rôle au sein d’UNI-Presse !

« Mon travail est passionnant parce que quand on est péruvienne, française d’adoption, c’est une chance de pouvoir travailler à la promotion du français à l’étranger à travers la presse. Je me rappelle que quand j’ai passé mes entretiens pour ce poste, on m’avait demandé ce que représentait pour moi la francophonie ? J’avais répondu que la francophonie, c’était moi, c’est-à-dire quelqu’un qui est né de parents péruviens, sans aucun lien particulier avec la France, qui a appris le français dans un Lycée français et qui est venu en France par amour de la culture française. Au début, je voyageais beaucoup, aux quatre coins du monde, mais depuis deux-trois ans, c’est tout de même beaucoup plus limité ».

 

Le Pérou vous manque-t-il ? Pensez-vous y retourner vivre un jour ?

« C’est toujours une possibilité qui existe mais je me suis mariée en France avec un Français, mon fils est franco-péruvien, il fait des études universitaires en Suisse, donc ce n’est pas si simple. J’ai malgré tout entretenu des liens avec le Pérou, j’y vais au moins une fois par an. Avant la pandémie, j’y allais même 2 à 3 fois par an ».

« Je regarde l’actualité du Pérou, notamment avec le Covid. Comme j’ai toujours de la famille et des relations au Pérou, j’étais inquiète, donc j’ai suivi comment se passait la crise sanitaire là-bas. Et aussi la crise politique. Tout ça me touche parce que c’est mon pays et je constate qu’il y a beaucoup de gens de ma génération qui envisagent sérieusement de quitter le Pérou parce qu’ils trouvent qu’il n’y a pas les conditions nécessaires pour vivre d’une manière paisible, il y a beaucoup de conflits et surtout pas de vision à moyen terme. Je suis tout ça avec beaucoup d’attention et parfois de peine parce que je trouve qu’avant tout allait à peu près correctement au Pérou, c’était un pays qui avait une forte croissance économique et beaucoup de perspectives, mais maintenant la confiance n’existe plus envers le pouvoir en place ».

 

Parlez-nous de votre vie en France et de votre vision des Français !

« Comme on dit toujours au Pérou, il faut savoir s’adapter. Donc au début, je ne me suis pas beaucoup posé de questions, je suis venue ici, alors il fallait que je m’adapte, que je m’intègre et faire comme font les Français. Avec le temps, je suis devenue un peu plus critique à l’image des Parisiens et des Français en général qui ont toujours une vision très critique et très analytique des choses. Je pense que je me suis bien intégrée, j’ai en moi une façon cartésienne, très française, de voir les choses et toujours une sensibilité péruvienne, le tout donne un mélange assez équilibré ».

Je n'ai jamais pensé que mon côté latino-américain était contradictoire à la façon de penser ou d’être des Français, je pense que les deux cohabitent très bien.

« J'adore la France, j'adore les Français, j'ai appris à aimer même leurs petits défauts, on en a tous. Je trouve que c'est un pays qui sait accueillir les étrangers, notamment grâce aux écoles françaises à l'étranger qui sensibilisent à la culture française et à la langue française. Cette ouverture que permet la France grâce aux études dans les Lycées français me paraît importante parce que ça ouvre la voix à plein d’élèves étrangers. Ici à Paris, j’ai retrouvé une quinzaine de camarades de ma propre promotion du Franco Peruano : peintre, sculpteur, actrice… beaucoup ont continué leurs études en France et y sont restés ».

Si je n’étais pas passée par le Lycée français de Lima, je ne pense pas que je serais venue en France.

« Les Parisiens sont parfois un peu austères mais une fois qu'on les connaît, c’est surtout un problème de compréhension de leurs attentes. Je sais aujourd'hui comment il faut se comporter dans chaque situation et ce qu'on attend de moi. Au final, c'est une question de respect de l’autre et d'adaptation. Il faut s'adapter aux règles et aux attentes du pays. Il y a aujourd’hui, en France et à Paris, un vrai problème d'identité, notamment sur ce que c'est d’être Français : quel est le mode de vie d'un Français, quelle est sa façon de penser, quelles sont les valeurs de la France… De mon point de vue, la France est un pays d'accueil et quand nous venons ici, il faut faire comme les Français. Bien sûr, nous apportons toujours une richesse supplémentaire et tout ça fait qu'il existe une culture collective qui évolue, mais quand on vient dans un pays avec une vieille culture, il faut la respecter et essayer de s'y intégrer ».

 

Vous avez 58 ans, comment imaginez-vous votre retraite ?

« Mon rêve serait de pouvoir passer quatre mois en France, quatre mois au Pérou et quatre mois dans un pays différent chaque année. Avec toutes les plateformes de location de logement entre particulier qui existent maintenant, on peut se faire plaisir en allant dans une ville pour y vivre comme vivent les gens sur place, pas uniquement comme un touriste. J'adore New York, Le Caire, Londres… je serais ravie d’y passer trois ou quatre mois pour mieux connaître ces villes. Mais ce n’est qu’un rêve parce que je dois tenir compte de mon fils qui a 19 ans et qui étudie en Suisse, donc l’idée c'est de ne pas être trop loin. Tout est ouvert ! »

 

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