Édition internationale

Comment la France va aider le Pérou à construire la première autoroute de montagne

En 1924, s’initiait un chantier colossal visant à relier Lima et le centre du pays grâce à une route de montagne. Un siècle plus tard, le gouvernement péruvien développe un nouveau plan pour moderniser la « Carretera Central » et en faire la première autoroute de montagne du pays. Pour concrétiser ce méga projet le Pérou a sollicité l'assistance de la France afin de construire une route équipée des dernières avancées technologiques.

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Kilomètre 80 de la Carretera Central, Photo par Presidencia del Perú
Écrit par Lancelot Soumache
Publié le 10 mai 2024, mis à jour le 14 mai 2024

 

 

Actuellement, la Carretera Central est un des axes principaux permettant de relier Lima aux zones intérieures du pays, ce qui fait d’elle une route essentielle pour l’économie du Pérou. Malgré son importance, elle n’est adaptée ni aux fréquentes catastrophes naturelles (inondations et éboulements), ni au flux de 8 000 véhicules qui l’empruntent quotidiennement. Congestion et vulnérabilité sont donc les deux facteurs qui ont poussé le gouvernement péruvien à mettre en oeuvre le projet de modernisation de la fameuse  Carretera Central.

 

Cette nouvelle route, dotée de quatre voies, réduira le temps de trajet entre Lima et Oroya de 6 heures à seulement 2 heures en traversant les chaînes de montagnes. Pour franchir ces obstacles naturels, l'autoroute comprendra 33 km de tunnels ainsi que 19 km de viaducs surélevés. Elle s’étendra sur un total de 180 km en traversant trois provinces : Lima, Huarochirí et Yauli. Francisco Sagasti, ancien président du Pérou, avait annoncé en 2021 que la nouvelle Carretera représentera un investissement avoisinant les 11,5 milliards de soles.

 

 

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Modélisation 3D de la nouvelle Carretera Central. Source : MTC

 

Afin de permettre la réalisation d’un projet d’une telle envergure, le gouvernement péruvien a fait appel à une aide internationale. Suite à un appel d’offres, la France a été sélectionnée et a signé un accord de gouvernement à gouvernement pour assister à la construction de la nouvelle route.

 

Cette assistance se concrétise par la participation de 2 entreprises d’ingénierie française au projet PMO Vias (nom donné au projet). Setec et Egis, les deux entreprises contractées par le gouvernement péruvien ont déjà participé à des chantiers colossaux comme l’A89 Lyon-Bordeaux, le viaduc de Millau ou le tunnel passant sous la Manche.

 

Si ces deux grands groupes d’ingénierie de renom ont été attachés à la gestion de cette nouvelle autoroute, c’est parce que ce projet représente un défi technique d’envergure. L'objectif consiste à élaborer un nouveau tracé présentant une pente maximale de 6 %.

 

Étant donné que cette route sera située au milieu de chaînes de montagnes s'élevant jusqu'à 4500 m d'altitude, sa construction nécessitera de nombreux édifices techniques tels des tunnels, viaducs et ouvrages de soutènement. PMO Vias a également pour objectif de limiter les impacts environnementaux sur les vallées proches de Lima et les écosystèmes sensibles telles les zones humides et les réserves naturelles.

 

 

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Source : Presidencia del Peru

 

Début 2024, Marc Chassande, ingénieur en charge du projet PMO Vias a déclaré à La Republica, que le projet en était à sa 2eme phase, l’étude d’ingénierie et l’étude d’impact environnemental. La construction, quant à elle, devrait commencer courant 2025.

 

Derrière cette nouvelle autoroute de montagne, l’objectif est de désenclaver et développer les populations de région amazonienne centrale du pays en permettant une liaison routière avec Lima, la capitale. Elle favorisera également l’économie du pays par la baisse des coûts de logistiques des entreprises de transports.

 

La coopération avec les groupes français devrait également permettre un transfert de connaissances pour former de nouveaux ingénieurs péruviens. Si ce projet suscite de nombreux espoirs au sein de la population directement concernée, des doutes subsistent.

 

L’investissement initialement annoncé à 11,5 milliards de soles a déjà été doublé (actualisé à 22 milliards par le gouvernement péruvien), tandis que le délai de finalisation du chantier a été reculé à 2030. De même, le groupe français EGIS a été soupçonné à deux reprises de faits corruption en Algérie et plus récemment au Gabon.

 

 

 

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