Édition internationale

Pour le 14 juillet, l'Ambassadeur de France revient sur la relation France-Pérou

A l’occasion du 14 juillet, Monsieur l’Ambassadeur de France au Pérou, Marc Giacomini, qui a également été Ambassadeur au Chili, relate au Petit Journal comment il vit son expérience d’Ambassadeur au Pérou

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@LePetitJournal
Écrit par Liliana Mayorga
Publié le 13 juillet 2023, mis à jour le 14 juillet 2023

 Depuis son arrivée en 2020 M Giacomini, Ambassadeur de France au Pérou nous ranconte son expérience : 

« Etre ambassadeur c’est un métier passionnant de par la grande variété des sujets qui se présentent à vous mais aussi parce qu’on  vous demande au début de votre mission de préparer vous-même votre plan d’action.

Au Pérou,  je suis très intéressé par  la diversité et la profondeur de la relation bilatérale. On traite aussi bien des enjeux économiques comme des investissements français importants, de la participation à des projets d’ampleur nationale avec par exemple des accords de gouvernement à gouvernement, que de relations politiques  très fructueuses et nombreuses.

Les relations militaires sont aussi importantes puisque les deux pays sont riverains du Pacifique et parce que le Pérou est présent dans les opérations de maintien de la paix en Afrique, par exemple. 

Il y a aussi des relations de coopération très développées, avec notamment une dimension de coopération culturelle et  éducative très forte, avec un véritable intérêt  pour la culture et la langue françaises.

Et puis nous avons également des coopérations en matière de sécurité intérieure comme la lutte contre le trafic de drogue.

 Nous avons donc une très grande variété de thèmes et c’est ce qui fait le sel, l’intérêt de la mission  d’ambassadeur : si on peut contribuer à ce que sur ces différents sujets, les choses avancent et que  la relation bilatérale s’approfondisse, on n’a  pas le sentiment d’avoir perdu sa journée. »

 

Quels sont les projets  de l’ambassade  de France au Pérou pour les mois à venir ?

 

Les différents projets à destination des Péruviens :

 «  Il y a d’abord le travail politique. Nous avons régulièrement des concertations avec nos partenaires péruviens qui sont ce qu’on appelle des affinitaires, c’est-à-dire des gens qui partagent globalement notre vision du monde, sur les droits de l’homme, la défense de l’environnement, la lutte contre le changement climatique, la situation en Ukraine etc...et plus généralement les conditions de la paix dans le monde.

Nous avons eu récemment notre dialogue bilatéral au niveau politique en mars à Paris, et avant cela, en septembre, la visite de la députée Eléonore Caroit. Tout cela continue son cours normalement.

Nous avons également de gros projets économiques. Engie développe ses investissements et vient d’inaugurer le plus important parc d’éolien du pays, EDF est en train de développer une centrale photovoltaïque à Iquitos, Vinci est sur la Lima Expresa, et nous sommes amenés à suivre très régulièrement les accords de gouvernement à gouvernement que gère Egis, pour 2 grands hôpitaux à Lima et à Cuzco avec APHP, ou pour le projet de la Carretera Central - Via Expresa Santa Rosa avec CETEC. Ce sont des projets très importants et structurants, notamment celui de la « Carretera Central »  qui permettra de relier les 4 000 000 d’habitants de la Sierra centrale à Lima, qui est la capitale économique du pays. Donc ce sont des enjeux considérables de développement économique.

Nous avons des projets en matière de coopération militaire : nous envisageons de développer une  coopération dans le domaine du renseignement, et disposons également de programmes de renouvellement de matériel militaire sur lesquels nous sommes en concurrence avec d’autres fournisseurs de matériel.

 En matière  de lutte contre la drogue, nous disposons à présent d’un expert technique international qui depuis quelques mois travaille à DEVIDA,  la direction pour la lutte contre la drogue, et qui fait un travail absolument passionnant et fondamental pour nous, parce que le Pérou est le principal fournisseur de  cocaïne en Europe. En aidant les Péruviens à lutter contre son fléau, on s’aide aussi nous-mêmes bien-entendu.

 En matière de santé, nous avons récemment inauguré avec l’IRD, l’INEN et l’Institut Pasteur, une bio-banque afin que les tumeurs cancéreuses puissent être analysées de manière systématique, et qu’on puisse proposer  des traitements adaptés qui fonctionneront pour l’ensemble du pays, en réseau avec des instituts régionaux. Nous sommes le principal  financeur de cette banque de  données sur les  tumeurs,  un vrai sujet puisque le cancer est en train de devenir l’une des premières causes de mortalité au Pérou.

 Nous avons par ailleurs un projet sur l’alimentation durable :  il s’agit de développer les productions vivrières et de favoriser l’autonomie alimentaire dans certaines régions tout en promouvant la marque  Pérou, aussi bien au niveau des produits que de la restauration.

 Il y a également le projet pour l’introduction du français dans les collèges publics péruviens,  qui est consolidé par un accord faisant du français la 2ème langue enseignée après l’anglais.

Donc ce sont vraiment de très beaux projets !

 Nous n’oublions pas non plus de répondre aux nécessités les plus urgentes. Je suis allé à Piura pour lancer un projet d’aide aux victimes des inondations et du Niño, qui représente une aide de la France de 500 000 Euros et comprend – outre un volet d’accès à l’eau, à l’hygiène et à l’alimentation - un rôle sanitaire, puisqu’il intègre des éléments de lutte contre la dengue. Cet important projet pour les populations de Piura et Lambayeque sera exécuté sur place par l’ONG Action contre la Faim.

Enfin je ne voudrais pas oublier non plus nos opérateurs, avec la présence de l’IFEA, notre Institut Français pour les Etudes Andines, qui a un nouveau siège et qui travaille sur les sciences humaines.

 Il y a également notre Institut de recherche pour le développement, l’IRD, qui intervient dans plusieurs domaines, notamment pour la protection de la biodiversité et la lutte contre certaines maladies.

L’Agence française pour le développement (AFD) est une institution importante  puisqu’elle dispose ici  d’un bureau national. L’Agence fait beaucoup de choses en matière de protection de la forêt amazonienne et des populations autochtones. Elle est également présente sur des prêts avec le programme «  Fondo Mi Vivienda » pour l’habitat durable, et avec les « Cajas municipales » pour l’octroi de prêts dans la microfinance en faveur des entrepreneurs individuels. Enfin l’Agence négocie un prêt de contingence, qui sera activable en cas de désastre climatique par exemple.

Ces nombreux projets, qui aident le Pérou et sont reconnus pour leur pertinence, nourrissent notre relation bilatérale. »

 

Soutien à la communauté française

 « Notre appui à la communauté française est également important. Pendant la pandémie par exemple, nous l’avons aidée sur le plan sanitaire en envoyant des concentrateurs d’oxygène dans les  familles qui en avaient besoin, ou en proposant la vaccination dès que le vaccin a  été disponible.

C’est aussi un service au jour le jour du consulat, à travers des aides sociales, avec un dispositif spécifique pendant la pandémie qui n’est aujourd’hui plus nécessaire, et avec des dispositifs d’aide sociale pour les personnes qui sont encore  en difficulté. Ce nombre de personnes a augmenté pendant la pandémie, justement parce que des emplois ont disparu.

L’appui aux Français, c’est également les bourses scolaires, le maintien et le développement d’un réseau d’enseignement français. Nous avons un lycée à Lima et un collège à Arequipa. Tous les deux vont être soutenus dans le développement de leurs installations, par un prêt qui obtiendra la garantie de l’Etat.

Dans le cas du Lycée Franco-Péruvien, ce sera pour aider à la reconstruction du Lycée. En effet pour répondre aux normes sismiques, les anciens bâtiments ont dû être détruits, et les élèves placés dans des installations provisoires. D’ici la fin de l’année, nous allons enfin pouvoir entamer sa reconstruction, et c’est une très bonne nouvelle.

Pour le collège d’Arequipa, il s’agit d’accompagner un formidable développement puisqu’en quelques années, il s’est complètement imposé dans le secteur éducatif local. Il compte aujourd’hui 300 à 400 élèves, mais dans quelques années il pourrait en avoir 1000 s’il continue sa croissance ainsi. »

Ambassadeur de France au Pérou
@ambassade de France 

 

Quels sont les avantages pour la communauté française de vivre au Pérou ?

« Le Pérou est un pays en croissance et il y a des opportunités économiques, même si les dernières années ont été un peu plus difficiles. On essaie d’accompagner les Français qui viennent vivre au Pérou.

Je n’ai pas encore parlé de la Chambre de commerce Franco-péruvienne (CCIPF), qui peut les aider. Nous avons notamment accordé deux projets de subventions de l’ambassade à travers les projets STAFE, pour la création d’une bourse d’emploi et d’un mécanisme d’appui aux jeunes entrepreneurs afin de les aider dans leurs premières démarches.

Donc ceux qui viennent ici seront accompagnés. Dans le même temps il faut garder à l’esprit que le Pérou est un pays avec une économie assez libérale et que c’est à chacun de se prendre en main. Nous avons des domaines d’excellence : beaucoup de jeunes qui sont dans la restauration, la pâtisserie ou la boulangerie viennent ici et ont de belles réussites dans ces domaines. Nous avons aussi nos grandes entreprises et des initiatives de niveau intermédiaire dans le domaine de l’hôtellerie, et tout cela marche bien.  Il faut simplement bien choisir son projet et ne pas se tromper. »

 

Bientôt le 14 juillet, qu’est-ce que cela signifie pour vous, de célébrer cette date importante pour la France au Pérou ?

« Le 14 juillet pour nous est très important. Comme vous le savez ce n’est pas l’anniversaire de la prise de la Bastille mais celui de la fête de la fédération l’année suivante. C’est donc un symbole d’unité de la France, et c’est un peu le fondement des valeurs modernes qui nous régissent encore.

Ces valeurs de Liberté, Egalité et Fraternité sont un idéal, nous ne parvenons pas toujours à les atteindre, mais nous essayons de faire au mieux. Je crois que c’est un moment pour la communauté française pour se rassembler justement, pour partager ce patrimoine en commun, et pour l’ambassade de rappeler qu’on est au service de cette communauté par les différents moyens que j’ai exposés.

C’est aussi un peu l’image de la France face au monde : c’est la fête nationale la plus connue, comme la Marseillaise est l’un des hymnes nationaux les plus connus.  Je sais que c’est une célébration connue au Pérou, d’autant que les histoires française et péruvienne ce sont croisées - je pense en particulier à l’Amiral du Petit-Thouars - et je crois que c’est important symboliquement. Cela offre aussi l’opportunité  chaque année de se pencher sur la relation bilatérale entre nos deux pays, et sur les moyens de la mener encore plus loin.

Dans ce cadre, la relation entre les populations joue un rôle fondamental, et c’est vrai en particulier des échanges d’étudiants. Je suis très heureux par exemple de voir que plus de 90 % des élèves du Lycée Franco-Péruvien vont étudier en France, et c’est un vrai plus pour l’avenir de la relation franco-péruvienne. »

 

Pour finir, quelle est votre plus belle expérience professionnelle et personnelle au Pérou ?

« Il est difficile de répondre. Si l’on parle de l’expérience professionnelle qui m’a le plus marquée c’est probablement celle de la signature, avec le président Sagasti, de l’accord de gouvernement à gouvernement pour la construction de la nouvelle « Carretera Central ».  J’ai  pu voir à quel point ce projet allait bénéficier au pays profond, à celui qui est un peu oublié parfois à Lima, et donc c’est pour nous un très beau défi. Le gouvernement français est en appui,  avec une entreprise à capitaux  publics qui s’appelle Egis. Nous avons une relation fluide avec eux et nous portons, d’une certaine manière, la garantie de l’Etat derrière la bonne réalisation de ces travaux.  Je considère que cette expérience est  vraiment exaltante.

Si l’on parle de souvenirs privés,  là j’en aurais beaucoup, entre le Machu Picchu, Cuzco, la découverte de Cajamarca -qui est un lieu fabuleux également,  l’Amazonie -que ce soit Iquitos ou Madre de Dios,  la réserve naturelle de Paracas… les bons et beaux souvenirs sont innombrables. Sans oublier la découverte de la gastronomie péruvienne à Lima, et il faut dire que nous avons quand même une chance formidable de ce point de vue-là ! »

 

 

 

 

liliana mayorga
Publié le 13 juillet 2023, mis à jour le 14 juillet 2023
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