Depuis sa création il y a 13 ans, Choco Museo a eu le temps de se forger sa propre identité. Aujourd'hui, Clara Isabel Dias a profité de la crise sanitaire pour renouveler l'image de l'entreprise.
« Les Européens et les Américains adorent le chocolat, mais ils n'ont aucune idée de ce qu'est le cacao ». Il n'en fallait pas plus à Clara Isabel Dias et son partenaire Alain Schneider pour se jeter dans l'aventure. Après leurs études d'ingénieur en France, alors que leur année sabbatique touche à sa fin, cette idée devient un projet. Les deux amoureux s'associent pour créer une chocolaterie ouverte au public, où il sera possible d'allier atelier de fabrication et dégustation. La marque de Choco Museo est née. L'idée germe d'abord au Nicaragua. Mitchell Bodian, un habitant, leur propose de développer ce concept dans plusieurs pays d'Amérique latine. Un an plus tard, direction Cuzco, une région du Pérou où convergent tourisme et exploitation du cacao.
Des valeurs humaines...
Choco Museo a été créé dans l'optique de faire tester des produits locaux aux touristes du monde entier. « On a inventé un atelier où les gens pourraient venir et faire leur propre chocolat », sourit la responsable en chef. C'est dans cette idée de partage et de convivialité que s'est bâti l'image de la marque. L'entreprise offre la possibilité aux employés de se former mais aussi de prendre des initiatives pour faire évoluer la société. « Ce qui est important à Choco Museo, c'est de mettre en avant les capacités et l'autonomie de chacun ».
La transparence et cette volonté de responsabiliser chaque membre du personnel se traduit par une ambiance décontractée, et professionnelle. Pour la jeune française, il ne s'agit pas de faire de la compétition. Chaque personne est en droit de rester ou non dans l'entreprise pour voler ensuite de ses propres ailes. « On est une communauté et on se soutient ».
...en collaboration étroite avec la nature
Après avoir créé une première chocolaterie à Cuzco avec ses deux associés, d'autres magasins voient le jour dans le pays et sa capitale. Dans chaque territoire où la marque s'installe, elle se fournit directement chez les producteurs locaux. « Le cacao utilisé pour les Choco Museos du Pérou vient exclusivement du Pérou. Au Nicaragua on propose seulement du cacao du Nicaragua. C'est pareil pour toutes nos boutiques », décrit Clara Isabel. La plupart des matières premières viennent de Bambamarca. Mais pour des chocolats aux goûts spécifiques, l'entrepreneuse se fournit auprès de petits agriculteurs d'Amazonie, de Cuzco, de Piura... « Même si ça fait longtemps qu'on ne les a pas visités, je me sens très liée à eux ». Ce lien se perpétue grâce à la confiance et à la transparence de l'entreprise envers ses fournisseurs, ses clients et son personnel.
L'expatriée a à cœur de « laisser une place importante à la nature » dans son travail. « Ici, on ne cherche pas à faire du chocolat standard ». La manageuse a confiance dans les facultés des membres de l'entreprise. Chacun est libre de laisser aller sa créativité et de prendre des initiatives pour garantir un chocolat de qualité. Et ce, à chaque nouvelle livraison. « Nous n'avons pas de recette strictement définie. La nature travaille avec nous. Je veux que tous les acteurs fassent selon leur savoir-faire pour cuisiner le cacao de la manière la plus appropriée ».
Le Covid-19, une opportunité d'évolution
Avant la crise sanitaire, Choco Muséo comptait 22 boutiques réparties dans sept pays d'Amérique latine. Mais aujourd'hui, Clara Isabel a perdu ses deux associés et a dû fermer plus de la moitié des magasins. Mitchell Bovian est mort avant la pandémie et Alain Shneider a cessé sa collaboration au sein de l'entreprise. Le Covid 19 a été un véritable challenge pour la marque. C'est grâce à la volonté inébranlable de la directrice que les choses ont pu s'améliorer. « Pendant la quarantaine, nous avons mis en place un système de commande à distance. Plus de 95% des employés étaient en suspension, alors j'ai enfourché un vélo et je suis partie livrer les clients à domicile ». Pour faire subsister Choco Museo sans la présence de touristes, l'ingénieure a décidé de retirer les ateliers à Miraflores pour laisser place à un café terrasse. « On a inventé une carte avec plein de desserts et on a mis des tables dehors. Pendant un long moment la plupart des revenus provenaient du café ».
©Julie Marfin
« Savoir profiter de ce que l'on a ! »
Aujourd'hui, Clara Isabel revient enfin aux ventes réalisées avant la pandémie. L'occasion pour elle de penser au futur. Sa sœur, Romy Dias l'a rejointe en mai 2021 en tant que cheffe pâtissière. « Clara est quelqu'un d'efficace. Il n'y a pas de problèmes avec elle, que des solutions », révèle l'aînée. Grâce à leur soutien mutuel, la manageuse tend à vouloir développer le café de Miraflores en un bar de nuit. « J'aimerais proposer des cocktails à base de cacao, de pisco et de nos liqueurs faites maison. Avec de la musique, les gens pourraient continuer à s'amuser à Choco Museo dans une ambiance plus festive ».
Pour elle, il n'est pas nécessaire d'implanter des fabriques partout en Amérique latine, « je préfère me concentrer sur les boutiques que l'on a déjà et les améliorer ». Même avec une telle pugnacité dans des périodes aussi compliquée, l'entrepreneuse ne se révèle jamais satisfaite. Son perfectionnisme la pousse à toujours vouloir mieux faire, pour le bien de l'entreprise et de son personnel.