L'ancien président péruvien qui purge depuis 2009 une peine de 25 ans de prison pour les crimes dans les affaires « La Cantuta » et « Barrios Altos » va être libéré dans les prochaines heures.
Le tribunal constitutionnel (TC) a publié le 28 mars dans l’après-midi la décision confirmant la grâce accordée à l'ancien président Alberto Fujimori et ordonnant sa libération immédiate.
Pour rappel, le jeudi 17 mars dernier, le TC avait déclaré fondé l'habeas corpus présenté en faveur de Fujimori, rétablissant ainsi les effets de la grâce humanitaire accordée par l'ancien président Pedro Pablo Kuczynski (PKK) le 24 décembre 2017 qui avait été annulée un an plus tard par le juge suprême Hugo Núñez.
La libération d’Alberto Fujimori a été obtenue grâce à la voix prépondérante d'Augusto Ferrero, président du tribunal constitutionnel. Ernesto Blume, José Luis Sardón et Augusto Ferrero ont voté en faveur, réaffirmant donc que la grâce accordée n'était pas illégale et qu'ils cherchaient uniquement à empêcher le prisonnier de mourir en prison.
Les votes contre la libération d’Alberto Fujimori
De leur côté, les magistrats Marianella Ledesma, Eloy Espinosa-Saldaña et Manuel Miranda, se sont opposés à cet argument. Le juge Eloy Espinosa-Saldaña a estimé que rien n’indiquait que l’état de santé Fujimori se rapprochait d’un stade terminal. Au contraire, il a souligné que le détenu se trouvait dans des « installations confortables construites pour qu'il puisse vivre à moindre risque et recevoir sa famille et ses amis ». Le magistrat a également regretté que la validité de la grâce accordée par PPK n'ait pas été discutée au TC.
Pour la juge Marianella Ledesma, il n'y a « pas un seul argument légitime qui serve de justification » au TC « pour avoir relancé une grâce indûment accordée à Alberto Fujimori ». « Je suis d'accord qu'aucune personne ne doit mourir en prison, mais son état de santé et les conditions défavorables de la prison doivent être déterminés par des spécialistes médicaux ou pénitentiaires, pas par trois magistrats du tribunal constitutionnel », a-t-elle indiqué.
En outre, elle a également mis en avant le fait que si Ernesto Blume, José Luis Sardón et Augusto Ferrero cherchent à « soulager la douleur d'Alberto Fujimori, ils sont indifférents à la douleur des victimes des graves violations des droits de l'homme pour lesquelles il a été condamné ».
Par ailleurs, il est à noter qu’un processus de contrôle du respect de la peine de Fujimori concernant les affaires « La Cantuta » et « Barrios Altos » est en cours au sein de La Cour interaméricaine des droits de l'homme (CIDH).