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Duo Castro-Balbi : entre musique classique et rythmes latinos

Duo Castro-Balbi : entre musique classique et rythmes latinosDuo Castro-Balbi : entre musique classique et rythmes latinos
De passage à l'Alliance française de Lima pour une présentation, le duo Castro-Balbi sort l’an prochain leur premier album CD en collaboration avec l’orchestre symphonique Staatskapelle de Weimar, un des plus grands d'Allemagne. Crédit : Caroline Rohr
Écrit par Caroline ROHR
Publié le 11 août 2022, mis à jour le 15 août 2022

D’origine latino-américaine, les frères Castro-Balbi partagent la même passion : la musique. Alexandre joue du violoncelle, David pratique le violon. Accompagné de l’orchestre symphonique du Pérou, le duo se produit ce soir au Grand Théâtre National de Lima, grâce à l'appui de l'Ambassade de France au Pérou. L’occasion de tirer une dernière révérence à ce pays qu’ils affectionnent avant leur retour en Europe. 

 

Comment vous est venue l’idée de jouer ensemble ?

« David : Je n’avais pas trop le choix (rires). Alexandre a commencé à pratiquer la musique un an et demi avant moi et j’avais l’impression de perdre mon partenaire de jeu. Il a donc fallu trouver un moyen de jouer avec lui de façon différente. C’est comme ça que j’ai commencé le violon. En plus nous avons de la chance, nos deux instruments ont un large répertoire où il est possible de les allier. Le jour où j’ai choisi le violon j’étais quand même bien content de ne pas avoir pris le marimba, cela aurait été un peu plus compliqué (rires).

Alexandre : Notre père a aussi été très malin. Il a écrit des arrangements pour que nous puissions jouer ensemble dès le plus jeune âge. Il nous a vraiment amené de façon ludique dans ce monde du jeu ensemble et du faire de la musique ensemble. Et c’est resté. Une fois que nous croquons dedans, c’est comme une drogue : on  ne peut plus jamais s’en passer. Aujourd’hui, nous jouons avec beaucoup d’autres personnes mais la fraternité que nous partageons nous procure beaucoup de bonheur.  Cela va faire maintenant près de 20 ans que nous jouons ensemble. »

Jouer avec mon frère est un bonheur, une chance, un privilège. Quand je suis avec lui, j’ai l’impression que nous sommes imbattables. David

Votre père est péruvien et votre mère panaméenne. Quelle influence a eu ce métissage culturel sur votre manière de concevoir la musique ?

« David : Vous le savez, les musiques sud-américaines sont très passionnées. Cela nous a beaucoup aidé de pouvoir apporter une flamme sud-américaine dans des morceaux de répertoire classique. Il y a aussi le rythme. Avec mon frère, nous jouons beaucoup de baroque et nous aimons rythmer cette musique au maximum. Il y a quelques jours, nous avons joué La Follia de Corelli. Nous avons ajouté un cajon, un instrument à percussion péruvien. Cela rendait super bien ! Finalement, nous essayons de nous servir de nos origines, de toute cette influence folklorique pour amener à de nouvelles versions.

Alexandre : Cela a été aussi un apprentissage parce que la culture latine est une sorte de diamant brut que nous avons reçu. Mais il a fallu la polir et faire attention à bien la placer dans les angles de la musique classique. Au fur et à mesure des années, nous avons réussi à trouver un bon équilibre entre ces deux mondes. C’est sans doute pour cela qu’aujourd’hui cela plait de plus en plus au public. »

 

Votre père est professeur de piano. Quel impact a eu votre éducation sur votre parcours professionnel ?

« David : Nous n’avons jamais vu la musique en corvée ou comme quelque chose de difficile. Notre père était très habile pour nous amener à pratiquer la musique sous forme de jeu. C’est venu assez naturellement. En plus, il aime beaucoup la musique péruvienne. Il se mettait au piano, nous le suivions, nous prenions des instruments, nous jouions avec lui. C’était comme ça presque tous les jours.

Alexandre : Et cela nous a aussi aidé à ouvrir nos portes musicales. Vu que nous avions déjà une influence folklorique, nous avons toujours apprécié d’autres genres comme la salsa, le hip-hop, le rock, la techno ou le jazz. Nous avons toujours été porté sur toutes les musiques. Je pense que ça vient de ce métissage culturel que nous avons eu à la maison. »

 

Vous avez aussi parlé de sacrifices de la part de votre famille…

« Alexandre : Enfants, nous habitions à Vesoul. Mes parents ont décidé de déménager uniquement pour que nous puissions avoir accès au conservatoire de Besançon qui était le seul conservatoire aux alentours. C’est un sacrifice énorme, surtout qu’à l’époque, nous avions à peine dix ans. C’est cela qui est incroyable ! De voir des parents sacrifier leur vie à tel point pour les prédispositions de leurs enfants. Cela a énormément influencé notre parcours. Dans un sens, nous nous sentons redevables. C’est ce qui nous motive à aller le plus loin possible.

David : Cela donne aussi confiance en soi de voir que notre famille croit en nous à ce point. Nous n'avons pas envie de les décevoir. Nous avons envie de tout donner. Cela joue énormément sur notre motivation pour réussir. Mais ça peut être pesant pour d’autres personnes. Ça dépend des personnalités... Pour notre part, cela nous a poussé vers le haut mais pour d’autres, à cause de la pression, cela leur a donné envie d’arrêter la musique. »

 

Duo Castro-Balbi : entre musique classique et rythmes latinos
Les deux frères (ici à l'Alliance française de Lima où ils se sont produits mercredi soir) vont très prochainement jouer avec des artistes internationaux dont David Grimal, violoniste renommé.  Crédit photo : Caroline Rohr

 

Quel sentiment vous procure de jouer ce soir au Grand Théâtre National de Lima ?

« David : C’est une grande fierté car notre famille sera présente. La dernière fois où ils nous ont vu, c’est au moment où nous avons débuté la musique, il y a presque 20 ans. C’est la première fois qu’ils vont nous regarder jouer en live depuis 2003.

Alexandre : Cela acte aussi le début de notre carrière professionnelle. Nous croisons les doigts pour que cela continue. Surtout que nous avons beaucoup entendu parler de ce théâtre par d’autres artistes internationaux. C’est une très belle salle avec une magnifique acoustique. Nous sommes très fiers de pouvoir y jouer.

David : il y a également un sentiment de grand final. Ces deux dernières semaines ont été très intenses car nous n’étions pas qu’à Lima. Nous avons fait des concerts à Cusco pour l'Alliance française, au Machu Picchu... Nous sommes allés jouer pour beaucoup de gens dans des endroits assez atypiques. C’était intense.

Dans la musique, comme dans n’importe quel art, je pense que du fait de nos expériences, nous ne jouons jamais deux fois la même partition. L’interprétation grandit avec notre propre vie. Alexandre

Alexandre : C’était un moment de partage avec un grand P comme Pérou et pisco. (rires)

David : C’est aussi un grand final pour nous. Nous finissons notre tournée dans cette salle somptueuse. C’est également le dernier moment de tournage de notre film réalisé par Martin Mirabel qui sortira l’an prochain. Après le Panama, l’Allemagne et la France, le Grand Théâtre National de Lima signe l’apothéose. »

 

A travers votre musique, quel message voulez-vous transmettre au monde ?

« David : Nous essayons de montrer aux gens que la musique classique est accessible à tous. Ce n’est pas seulement réservé à une élite. La preuve nous n’en sommes pas. Le message que nous essayons de faire passer c’est de s’ouvrir à la musique.

Alexandre : Oui tout à fait. Nous essayons d’éveiller les esprits en montrant que nous pouvons être vivant même en faisant de la musique classique. C’est avant tout un message de partage. Les artistes classiques qui se produisent sur scène sont aussi des gens simples. Nous aimerions que le public vienne, non pas pour voir des génies qui travaillent des heures par jour, mais un être humain normal amoureux de son art et qui a envie de le partager. Finalement, nous voulons aussi montrer aux jeunes que la musique classique n’est pas un « truc de vieux » et que nous pouvons avoir une vie hyper cool à côté. »

La musique est une fête pour nous.  David

 

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