Découverte du parcours étonnant de Clovis Nicolas, jazzman aux Etats-Unis, originaire d'Abidjan. Amoureux du rythme et du jazz, il décide de se lancer dans une aventure qui au final s'apparente presque au rêve américain. Aujourd'hui à la tête de son groupe, leur disque désigné « Meilleur Album de l'année 2014 » par le magazine américain DownBeat, il s'est confié sur ses débuts de carrière.
New York, un coup de foudre permanent
Originaire d'Abidjan, en Côte d'Ivoire, le musicien Clovis Nicolas, aujourd'hui résident de New York, se sent pourtant chez lui dans le Sud de la France, là où il a vécu après l'Afrique. Rompu à la pratique de l'expatriation, il a confié être amoureux de New York, berceau du jazz pour lequel il a quitté la France, suite à de nombreux voyages initiatiques. « A chaque fois que je reviens, même après quelques jours d'absence, je tombe de nouveau sous le charme, comme l'on tombe amoureux d'une femme ».
Récemment en tournée (avec davantage de dates en France qu'aux Etats-Unis), il promeut son album Nine Stories sorti sous le label Sunnyside Records et honoré du titre de « Meilleur Album de l'année 2015 » par le fameux magazine de musique américain DownBeat. Album qui sera d'ailleurs bientôt suivi d'un prochain. Un bel avenir pour Clovis, qui a beaucoup de succès. En effet, il a déjà joué avec des monuments du jazz : « J'ai eu l'occasion de jouer avec certains des plus grands jazzmen du monde, comme le pianiste Herbie Hancock, le saxophoniste Branford Marsalis, ainsi que de tourner au Brésil, en Colombie et d'autres pays, et de me produire dans des grands club comme le Blue Note ou le Birdland ».
S'il reconnait volontiers les influences africaines et françaises dans sa musique, à savoir notamment la notion de rythme qui lui vient de Côte d'Ivoire, Clovis s'inspire principalement de l'Amérique : « C'est ici que le jazz est né et je suis fortement influencé par les musiciens noirs américains qui ont porté ce courant. Mes débuts aux Etats-Unis ont été difficiles, et si c'était à refaire je ne changerai pas grand-chose, que quelques détails ». En effet, le musicien ne se priverait pas autant, lui qui regrette d'avoir mis tant d'argent de côté alors qu'il aurait dû davantage dépenser et se faire plaisir. « Ce que je regrette aussi c'est d'être resté trop longtemps en colocation avec quatre musiciens. On était trop nombreux, j'avais besoin d'espace et besoin de me couper de ce milieu musical. En revanche mon choix de départ pour les Etats-Unis était le bon ». Clovis Nicolas a donc bel et bien eu sa propre version de l'American Dream. « Les rencontres que j'ai faites, la manière dont ma carrière a décollé, on peut parler de rêve, oui ».
En revanche un épisode particulièrement violent a marqué son expérience américaine. Il s'est en effet retrouvé nez à nez avec deux individus armés, venus cambrioler son appartement. « J'entends encore le ?click? du cran de securité de l'arme quand ils m'ont interpellé. Ils ont tout volé chez moi et j'ai frôlé la mort, mais ils m'ont finalement épargné. Plus tard, le detective responsable de l'enquête m'a avoué que j'avais été incroyablement chanceux ».
"Jouer en solo, c'est comme s'il s'agissait d'un film en noir et blanc"
Clovis Nicolas joue de la contrebasse, ce qu'il décrit comme étant un « instrument d'accompagnement ». Il est donc plus intéressant et enrichissant de se produire au sein d'un groupe, « cela donne plus d'amplitude à la musique. Certes travailler en groupe tout en étant le leader est quelque chose de nouveau pour moi, j'ai souvent été celui qu'on appelle et pas celui qui se charge de réunir les musiciens ». C'est donc avec son groupe, composé d'un trompettiste, d'un saxophoniste, d'un guitariste, d'un pianiste et enfin d'un batteur, que Clovis se produit, aux Etats-Unis comme en France, et avec qui il envisage la sortie d'un prochain album.
« Il est important pour moi de me produire en France, nous avons un très bon accueil à chacune de nos venues ». L'accueil est tout aussi chaleureux aux Etats-Unis, même s'il reconnait que « les spectateurs américains sont moins attentifs, ils sont plus bruyants. En France quand le spectacle commence les spectateurs se taisent, en Amérique ils parlent plus fort pour se faire entendre ».
Concernant son retour en France, Clovis n'y songe pas pour le moment. Etant marié à une Japonaise habituée à la vie new-yorkaise, déménager signifierait pour elle l'adaptation à une nouvelle langue et à une nouvelle culture. « Je ne me vois pas vieillir en Amérique, mais le retour n'est pas prévu pour tout de suite ». Le jazzman a encore de belles années américaines devant lui.
Mélanie Volland (www.lepetitjournal.com) jeudi 23 avril 2015
En savoir plus : http://clovisnicolas.com/main/music/
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