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Portraits de jeunes du township d'Alexandra en Afrique du Sud.

La vie n’est pas facile dans le township d’Alexandra. Et pourtant des filles et des garçons issus des cinq lycées de ce township rejoignent chaque année le programme de mentorat de Sizanani, lancé en 2007 par Laurence Le Blanc. Depuis peu, le programme propose des cours de français à ces jeunes, une porte d’entrée sur une autre culture et de nouvelles opportunités

Elèves du township d'Alexandra en cours de FrançaisElèves du township d'Alexandra en cours de Français
Écrit par Hirsch Valérie
Publié le 21 mars 2023, mis à jour le 15 juillet 2024

Des cours de Français proposés par le programme de mentorat Sizanani.

Le programme de mentorat Sizanani bénéficie aux 375 élèves des lycées d’Alexandra, qui suivent des cours de soutien scolaire à l’école privée St Mary. Le programme recrute des mentors (107 en 2022) parmi des professionnels sud-africains et étrangers. Environ, une fois par mois, ces derniers organisent des sorties individuelles avec leur(s) mentee (s). Ils les aident à améliorer leur confiance en eux, à s'ouvrir sur le monde extérieur, et, s'ils le peuvent, à choisir leurs études supérieures.

Le 11 mars 2023, un certain nombre d’élèves suivants ces cours de soutien scolaire chaque samedi matin, ont commencé des cours de français.

Le projet, financé par une donation du gouvernement de la Principauté de Monaco (en partenariat avec l'Alliance française de Johannesburg, avec le soutien d'ILLIS et l'ambassade suisse en Afrique du Sud), fait partie du programme de mentorat Sizanani (www.sizanani.org.za). Les élèves d'Alexandra vont aussi pouvoir apprendre de nouveaux mots grâce à une application offerte gratuitement par Karen Longley, de « Leading Language ».

Apprendre le français est un nouveau défi mais aussi une porte d'entrée sur une autre culture et de nouvelles opportunités.

Témoignages d’élèves de Sizanani

Photo Tbogo Maluleke
Tebogo Maluleke

« Je suis très sérieuse dans mon travail scolaire. J'aimerais étudier les finances pour changer le monde !», confie Tebogo Maluleke. « Ma maman n'a pas de boulot et parfois, elle ne peut pas acheter les choses dont j'ai besoin pour l’école ». Kutlwano Phela rêve, elle, de devenir météorologue et de « voyager pour apprendre plein de choses ». Sa maman travaille de longues heures comme garde de sécurité. « Nous habitons dans un bidonville. Je dors avec elle, dans le même lit et mon grand frère de 25 ans dort par terre. J'aimerais tant qu'on puisse acheter un frigo, une télévision et que j'ai moins de tâches ménagères à faire pour avoir plus de temps pour étudier ».

Photo du professeur camerounais
Professeur Jacques Cheuko

Ces deux filles de 13 ans sont très motivées par les cours de français qu'elles ont commencé le 11 mars.  Elles font partie d'un groupe de 15 élèves (13-15 ans) qui vont, chaque samedi matin, à l'école Saint-Mary's pour suivre des cours de soutien scolaire. A la fin des cours, elles ont pu faire connaissance avec Jacques Cheuko. Originaire du Cameroun, il les a accueilli par un grand « bonjour » avant d'entamer la première des 21 sessions de deux heures de français. A la fin du premier cours, aucun élève n'a jeté l'éponge...

Photo Edward Aphane
Edward Aphane

La plupart des élèves sont des filles. Parmi les garçons, Edward Aphane (15 ans) aime jouer au foot et dessiner. « Je vis dans un shak (taudis). Ma maman me soutient beaucoup même si elle n'est pas éduquée et n'a pas de travail. J'aimerais tant qu'elle soit fière de moi, mais je crains de ne pas réussir, car je suis très timide et manque de confiance en moi ». Siyawakha Maphumulo lui aime, surtout "étudier et passer son temps libre à l'église". Il vit avec sa mère, qui travaille comme femme de ménage. « J’ai grandi au Kwazulu-Natal dans la famille de mon papa, chauffeur de taxi, explique ce garçon de 14 ans. Mon père est mort quand j'avais dix ans, et on m'a envoyé chez ma mère, à Alex. Elle travaille jour et nuit et a même repris des études. Je l'admire beaucoup ! Parfois, on n'a pas assez à manger. Mais on ne se plaint jamais car les temps difficiles vous rendent fort !».

Photo Tebogo Mojapelo
Tebogo Mojapelo

Tebogo Mojapelo a une vie plus facile. « J’aime danser, cuisiner et passer du temps avec mes amis », explique cette jeune fille de 15 ans, qui vit avec ses grands-parents et son oncle. Sa grand-mère de 63 ans est la seule à travailler. Tebogo a sa propre chambre, dans une maison. « Je ne suis pas proche de mes parents. C'est ma grand-mère qui m'a toujours élevée et donné confiance en moi". Mais elle avoue que ses notes ne sont pas bonnes. « Mon rêve est de finir l'école avec de bons résultats pour devenir avocate dans des procès criminels !».  Dimakatso Mashego (14 ans) admire sa mère, femme de ménage. « On est nombreux à vivre dans une seule chambre. Souvent, je dors par terre. Ma maman et ma grande sœur m'aident à faire mes devoirs et j'ai de bonnes notes, surtout en maths. Ma maman veut que j'étudie la compta, mais je verrai bien ce que je ferai plus tard ».

 

Aujourd’, Sizanani cherche des francophones qui pourraient mentorer les élèves qui ont commencé les cours de français, en particulier des familles ayant des jeunes de leur âge.

Si vous voulez vous aussi devenir mentor, contactez Valérie Hirsch –  info@sizanani.org.za – 083 750 77 25.

 

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