Édition internationale

Christine Serre, Conseillère des Français de l’étranger et « conteuse de saveurs »

Pour cette entrevue, j’ai visité la page professionnelle " GOURMANDISES " de Christine SERRE. Regarder les photos de ses desserts somptueux donne déjà l’eau à la bouche : profiteroles, galettes, fraisiers, gâteaux de saison et viennoiseries… toutes ses pâtisseries donnent envie d’y goûter sans attendre. Installée en Afrique du Sud depuis plus de 20 ans, elle a été élue en 2025 Conseillère des Français à l'Étranger.

Christine Serre JohannesburgChristine Serre Johannesburg
Écrit par Philippe Petit
Publié le 10 octobre 2025, mis à jour le 23 octobre 2025

Propos recueillis par Philippe PETIT

Photos : Courtoisie Christine SERRE

 

Christine Serre qui se définit comme une « Food Narrator », ou « Conteuse de Saveurs » a accordé un entretien à « lepetitjournal/Johannesburg », dans les locaux de la Chambre de Commerce Franco Sud-Africaine (FSACCI), dont elle est membre.

" GOURMANDISES "

Lepetitjournal.com : Ma première question sera courte, car je déguste les délicieux biscuits que vous venez de déposer devant moi.

Qui êtes-vous, Christine Serre ?

Christine SERRE :    Née en Ecosse, je suis de nationalité française, originaire du Kenya. Je suis arrivée en Afrique du Sud en 1994.

Mon père est médecin et un grand voyageur. Cela explique ma naissance en Ecosse où il a été basé pendant quatre ans. De retour au Kenya, il se rendait régulièrement en Afrique du Sud pour aider des collègues dans sa spécialité. A l’époque, il n’avait pas le droit d’exercer ici en raison de ses origines.

Après le changement de régime en Afrique du Sud en 1994, il a été invité à s’installer ici. Nous avons alors déménagé en famille à Petersburg, aujourd’hui Polokwane, quand j’avais seize ans. J’ai étudié dans une « model C school » -une école publique devenue semi-privée après l’apartheid- qui accueille des élèves de toutes origines et de couleurs. C’était le début de la Nation Arc-en-Ciel.

J’ai poursuivi mes études à la Northwest University, qui enseignait en afrikaans, ce qui m’a poussée à apprendre cette langue, désormais une des cinq que je parle. Passionnée de création et de dessin depuis mon enfance, je me suis orientée vers la communication d’entreprise et le design graphique. J’ai terminé mes études en 2000.

 

LPJ : Quelle profession avez-vous choisie après cette formation ?

ChS : Après mes études, j’ai immédiatement commencé à travailler dans l’enseignement et j’ai adoré être professeure d’art graphique. J’ai exercé ce métier que j’aimais dans le Nord-Ouest, puis à la Tshwane University of Technology.

Plus tard, à la Vega School de Randburg, j’ai initié de nombreuses personnes à la communication multimédia, une technique en plein essor à l’époque.

J’ai appris le français avec l’Alliance Française, après avoir rencontré mon mari français. J’ai intégré la communauté des Français en 2008, avec Jo’Bourg Accueil, et j’ai ensuite rejoint le conseil d’administration du Lycée Français quelques années plus tard.

En 2009, j’ai voulu changer de carrière et me tourner vers l’art culinaire. Cette idée m’est venue lors d’un voyage en France où j’ai découvert la Bretagne et ses traditions. J’ai alors décidé d’ouvrir une crêperie pour produire et commercialiser des galettes bretonnes authentiques. Je suis rentrée à Johannesburg avec tout le matériel professionnel nécessaire.

 

Crêpes Gourmandises Johannesburg

 

LPJ : Vous quittez donc un métier que vous aimiez pour vous lancer dans l’aventure des crêpes à Johannesburg ?

ChS : J’ai lancé « Crêpe Story » en 2010. Je produisais à Melville le matin et à Rivonia chez Godfather le soir pendant quelques mois.

 

LPJ : Vous avez ensuite séjourné en France. Vous vendiez vos galettes bretonnes sur les marchés et organisiez des soirées « crêpes party ». Vos journées devaient être bien remplies ?


CS : Oui, j’ai créé « Gourmandises » en 2016 pour me consacrer pleinement à la pâtisserie. Soucieuse d’approfondir mes compétences en pâtisserie fine, j’ai suivi une formation avec un chef de chez Lenôtre, puis travaillé dans une grande maison à Saint-Briac-sur-Mer. À mon retour en Afrique du Sud, j’ai naturellement commencé à proposer mes créations à la communauté.

 

Christine Serre Gourmandises Johannesburg

 

LPJ : Votre entreprise a-t-elle grandi au fil des années ?

CS : Depuis la création de « Gourmandises », je propose une pâtisserie artisanale, façonnée avec soin et portée par le bouche-à-oreille. Je travaille seule, et chaque création reflète une part de moi.

Pour moi, la pâtisserie est une manière de raconter des histoires, à travers les couleurs, les saveurs et les douceurs. C’est un écho à mes lectures d’enfance - celles d’Enid Blyton - où les repas festifs et les pique-niques joyeux occupaient toujours une place tendre et réconfortante.

Je transmets mes émotions dans mes desserts, et mes clients le ressentent

 

Desserts Gourmandises Johannesburg

 

LPJ : Vous travaillez en solitaire dans votre entreprise, mais en tant que Conseillère des Français de l’Étranger, vous devez être très entourée et visible ?

CS : Je suis par nature une personne discrète, disponible et active. Je communique sur mes activités importantes sans faire de publicité excessive. Je suis dans l’action et travaille en équipe avec mes collègues conseillers. C’est notre force.

Lors de la préparation des élections des conseillers, la sénatrice Sophie Briante Guillemont m’a encouragée à me présenter pour cette fonction. Lorsque je lui ai mentionné que je n’étais pas née en France et que mon français n’était pas parfait, elle m’a juste répondu : « ce n’est pas un obstacle ! ».

Au début de mon mandat, j’ai passé du temps à observer, comprendre et prêter attention aux besoins de la communauté française. Beaucoup de gens ont besoin d’être écoutés.

 

Christine Serre au Consulat Général de France à Johannesburg

 

Je participe avec plaisir aux activités de la communauté française et collabore régulièrement avec l’Ambassade, le Consulat Général et la « Team France » économique et culturelle.

 

LPJ : Quel est votre bilan ou vos impressions après six mois en tant que Conseillère des Français de l’Étranger ?

CS : Je suis pleinement attentive aux besoins de nos concitoyens, et je m’engage à créer des espaces de dialogue réguliers pour mieux les comprendre et y répondre.

Les personnes les plus vulnérables ne partagent pas facilement leurs difficultés ; mon rôle est d’être présente, à leur écoute, en complément du cadre administratif. Je reste accessible. 

Je collabore avec des associations et les informe sur les dispositifs d’aide disponibles, comme le STAFE (Soutien au tissu associatif des Français à l’étranger). Je suis également présente sur le terrain, au plus près de la communauté, dans des lieux tels que le Lycée Français ou les espaces associatifs.

Les Français de la communauté peuvent me contacter par e-mail sur :

c.serre@conseiller-fde.fr

 

Christine Serre Johannesburg

 

J’ai établi des contacts avec des Français à travers tout le pays, même dans les régions éloignées.

Je suis honorée de représenter les Français, même si je n’ai obtenu la nationalité que depuis une dizaine d’années. Les retours que je reçois sont en grande majorité positifs, ce qui me motive à poursuivre, avec humilité, détermination et enthousiasme.

Cette fonction est une véritable source d’enrichissement. Elle m’a rapprochée de la communauté, rendue plus attentive, et m’a permis de mieux saisir la réalité du quotidien de nos compatriotes en Afrique australe.

Mais le chemin continue, et j’apprends chaque jour un peu plus. Je veux être un exemple pour ma fille. Je veux qu’elle soit fière de mon parcours.

 

Lepetitjournal.com

 

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