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Afrique du Sud : l’éducation sexuelle dans les programmes scolaires ?

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Écrit par Adrien Filoche
Publié le 1 juillet 2018, mis à jour le 7 juin 2023

Grossesses précoces, taux de sida qui ne baisse pas, le gouvernement sud-africain estime urgent de se pencher sur la problématique de l’éducation sexuelle à l’école. 

15.740. C’est le nombre de jeunes filles qui tombent enceintes au cours de chaque année scolaire selon les derniers chiffres officiels de 2015. Environ 20% de la population sud-africaine est atteinte du virus du sida. Pour contrer cet épineux défi social, le Département de l’Éducation sud-africain a proposé au début de l’année 2018 un vaste programme pour les collèges et lycées. Objectif : implémenter l’éducation sexuelle dans l’enseignement public. Une réforme qui semble normale vue de la France mais qui fait débat en Afrique du Sud.

 

Information, prévention et accompagnement

Le déficit d’information sur l’éducation sexuelle touche une grande partie de la population sud-africaine, fragilisée par le manque d’enseignements publics. Un phénomène accentué par l’image tronquée transmise par les scènes irréelles des films hollywoodiens ou plus dangereusement, la pornographie et son message déformé. Le gouvernement estime qu’une meilleure sensibilisation dès le plus jeune âge permettrait une meilleure prévention, tout en changeant les mentalités. 

Parmi les enseignements du programme, on retrouve des cours basiques d’anatomie, de prévention sur les grossesses adolescentes ou encore de sensibilisation à la puberté, la contraception, au sida et à l’interruption volontaire de grossesse. Autorisée depuis le 1er février 1997 dans le pays, la pratique reste taboue et peu répandue. 

Au-delà de l’information, le projet insiste aussi sur la nécessité d’accompagner les jeunes filles enceintes, avec un droit de déroger aux cours pour le temps de l’accouchement, sans les exclure. La finalité est de réduire le phénomène de déscolarisation. Plus l’étudiante est âgée, moins elle sera susceptible de retourner dans les rails scolaires. Le texte se veut ainsi être adapté aux différents âges, mais aussi scientifiquement, culturellement et religieusement pertinent. 

 

Un débat houleux

Le grand public, principalement les familles et les associations des parents d’élèves, ont été invitées à se prononcer sur cette réforme par le biais de carnets consultatifs jusqu’à la fin du mois de juillet. Dans un pays où la religion tisse un lien fort avec la société, cette mise à niveau des programmes scolaires suscite peurs et interrogations.

''Est-ce que leurs enfants vont être testés pour le sida ? Vont-ils être référés à des cliniques d’avortement, sans connaissance ni consentement'' ? Voici l’exemple d’inquiétudes soulevées par diverses familles. Elles sont encore nombreuses à penser que l’éducation sexuelle appartient à la sphère privée et qu’elle ne devrait pas être enseignée publiquement. Les communautés éducatives et les associations de parents d’élèves les plus conservatrices craignent notamment que la pratique sexuelle soit encouragée, ainsi que le recours à l’IVG. D’autres syndicats d’enseignants se montrent en revanche très favorables à la réforme.

Le Département de l’Éducation considère comme une grossière erreur le fait d’imaginer que parler de la pratique inciterait les jeunes à être actifs. Il estime que l’éducation et la sensibilisation ont plutôt l’objectif de leur permettre de prendre de meilleures décisions surtout de connaître leur corps  et leurs droits. Le gouvernement est clair : l’approche de l’implémentation de la CSE (Comprehensive Sexual Education) sera contextuelle. Autrement dit, ‘’la solution sera africaine et adaptée aux problématiques africaines’’. 

 

Le travail doit être collectif 

Afin que la réforme soit pertinente et efficace, il ne faut pas mettre sous le tapis la question de la formation des professeurs. Beaucoup se retrouvent isolés, tandis que d’autres se contentent encore d’esquiver le sujet, jugé trop sensible. Il vrai que l’école ne peut pas, à elle seule, offrir une éducation sexuelle complète. Les établissements scolaires, les familles, et la société sud-africaine à l’échelle globale doivent travailler de pair pour offrir la meilleure protection à leurs enfants. 

Dans un rapport, l’UNFPA (Fonds des Nations unies pour la population), a martelé les objectifs à atteindre en 2020 pour l’Afrique du Sud et de l’Est. Parmi eux, on retrouve celui d’éliminer les nouveaux cas d’infection du HIV chez les adolescents et jeunes adultes âges de 10 à 24 ans, de réduire les grossesses chez les jeunes filles, mais aussi d’augmenter le taux d’établissements scolaires proposant un enseignement à la CSE à 75 %. Sur ces questions, l’Afrique du Sud à un rôle de modèle à jouer. 
 

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Publié le 1 juillet 2018, mis à jour le 7 juin 2023

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