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L’Afrique du Sud saura-t-elle mettre un terme à l'élevage des lions en captivité?

Lions élevés en captivités Afrique du SudLions élevés en captivités Afrique du Sud
PHOTOGRAPHIE DE Nichole Sobecki, National Geographic
Écrit par Maeva Dewas
Publié le 1 mai 2023, mis à jour le 2 mai 2023

Le 13 avril 2023, Barbara Creecy, ministre des forêts de la pêche et de l'environnement, publiait un avis général invitant les éleveurs de lions à envisager une sortie volontaire de l’industrie des lions élevés en captivité. Cette prise de position, attendues depuis longtemps, était largement saluées par les groupes de conservation, de bien-être et de protection des animaux, ainsi que par certaines organisations de chasseurs.

Une industrie cruelle et inhumaine

L'élevage de lions en captivité est un cercle vicieux qui commence par l'enlèvement des lionceaux à leur mère alors qu’ils n’ont que quelques jours. Ils sont alors élevés à la main et finissent majoritairement par être vendus à des établissements de chasse où ils seront abattus, parfois dans des cages et drogués, par des chasseurs de trophées. La vie de ces félins en captivité peut également se terminer par leur simple abatage afin de récupérer les os et autres parties du corps de l’animal qui seront par la suite exportés en Asie pour leur médecine traditionnelle.

os de lions
Photo de Brent Stirton, National Geographic

Les animaux sont généralement détenus dans des conditions inhumaines (enclos surchargés), mal nourris, maltraités et négligés.  Cette industrie cruelle et pointée du doigt cherche à maximiser les profits à tout moment, en faisant venir des volontaires qui payent des sommes importantes pour venir « s’occuper » des animaux, en faisant payer les touristes qui souhaitent caresser, nourrir au biberon et prendre des selfies avec des lionceaux mais aussi se promener aux côtés de jeunes lions.

Lionceaux dans un enclos
Photo: Four Paws

Contrairement à ce que prétendent les « propriétaires », l'élevage de lions en captivité ne présente aucun intérêt pour la conservation. Le plan de gestion de la biodiversité pour le lion d'Afrique (BMP) précise bien que « les lions captifs sont élevés exclusivement pour générer de l'argent ». C’est bel et bien de l’exploitation.

Historique d'une lutte contre cette industrie

En 2005 déjà, un groupe ministériel d'experts sur la chasse récréative en Afrique du Sud mettait en garde contre les risques associés à ces pratiques pour le bien-être des animaux captifs et la réputation du pays.

En 2021, Barbara Creecy reconnaissait que « l’industrie des lions élevés en captivité ne contribuait pas à la conservation et nuisait à la réputation de l’Afrique du Sud en matière de conservation et de tourisme ». En mai, un rapport du groupe d'experts de haut niveau (HLP), recommandant la suppression de cette industrie et la fin de la chasse et du commerce international de parties du corps de l’animal, était approuvé par le cabinet et l’Assemblée nationale,

Pourtant, malgré les frustrations, le tollé soulevé localement et à l’international, les appels à la fermeture de l'industrie, celle-ci s'est développée. Jusqu’à ce jour, les appels passionnés, les lettres de conservation, les rapports sur les risques de zoonoses, les questions de bien-être liées à l'élevage en captivité et les avis juridiques sont tous tombés dans l'oreille d'un sourd, tandis que les procédures s'enlisaient les unes après les autres.

Lions squelettique

Le chemin qui mène à la fin de l'élevage en captivité reste parsemé d'embûches mais les dernières mesures prises récemment par la ministre de l'environnement, Barbara Creecy, pourraient finalement marquer le début de la fin de l'élevage des lions en captivité.

Dr Audrey Delsink, directrice de HSI-Afrique pour la faune sauvage, a noté que "si nous nous félicitons de l'avis de la ministre appelant à l'abandon volontaire de l'élevage des lions en captivité, souhaitons qu’il s'agisse simplement de la première étape d'un plan beaucoup plus vaste visant à la fermeture complète de cette industrie cruelle et fondée sur l'exploitation".

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