À Johannesburg, Noël n’est ni tout à fait africain, ni totalement occidental. C’est une fête importée, qui s’est plus ou moins adaptée au climat et aux habitudes locales. C’est une fête parfois déconnectée du réel, parfois vécue et fêtée sincèrement, mais aussi révélatrice de la complexité sud-africaine
Johannesburg, une ville soudain devenue calme
À l’époque de Noël, Johannesburg change de rythme.
La ville, habituellement dense, énergique et bruyante, semble retenir son souffle. Le mouvement perpétuel s’est ralenti, comme si les habitants faisaient une pause.
Johannesburg en décembre, c’est un peu comme « Paris, au mois d’août »
Les rues sont nettement plus calmes que d’ordinaire, presque désertes à certaines heures.
De nombreux expatriés ont quitté la métropole pour vivre les fêtes en famille, dans leur pays d’origine, tandis que beaucoup de Sud-Africains sont partis vers leur village familial ou dans leurs propriétés à la campagne ou sur la côte, à Capetown, Durban ou encore dans un pays voisin.
Les touristes ont rejoint leurs lodges pour le safari dont ils rêvaient depuis de longs mois.
Les embouteillages quotidiens ont disparu, le trafic est fluide. Les entreprises et les bureaux qui fonctionnent ferment plus tôt, certains immeubles sont plongés dans un silence inhabituel.
Johannesburg devient une ville au ralenti, momentanément délaissée par ceux qui y vivent.
À Johannesburg, pour Noël, les quartiers résidentiels sont bien silencieux
De nombreuses maisons sont fermées, volets clos, les propriétés sont silencieuses. Les voisins sont absents. On n’entend plus les enfants jouer dans les jardins avoisinants.
De temps en temps, une alarme stridente brise le silence. C’est sans doute la « helper » présente pour garder la maison qui a fait une mauvaise manœuvre avec le système de sécurité.
Quelques chiens sont restés, confiés aux « dog keepers » qui passent quotidiennement pour nourrir, promener et surveiller les propriétés. Les chiens doivent un peu s’ennuyer, en l’absence des maîtres.
Les écoles aussi sont fermées. Les enfants d’ici sont en grandes vacances depuis le début de décembre. Le silence règne aussi dans les cours de récréation.
Un Noël décalé, à Johannesburg, en plein été austral
Le 25 décembre à Johannesburg, c’est la pleine saison estivale. Le fameux été austral dont rêvent les Européens grelottant là-bas.
Même si le ciel gris-noir et les pluies fréquentes et denses qui nous arrosent depuis le début de décembre ont créé un décor digne des romans de Georges Simenon, le soleil revenu ces jours-ci nous rappelle la réalité climatique. Il a fait enfin beau et chaud ce samedi. On a pu pouvoir piquer une tête dans la piscine inutilisée depuis des mois.
Cela rend encore plus incongrues les décorations hivernales, les faux sapins enneigés, les rennes et les pères Noël emmitouflés qui trônent dans les allées des « malls ».
Les vitrines exposent un imaginaire européen ou nord-américain, parfois décalé, presque absurde.
Surtout dans les magasins de vêtements où les guirlandes et la fausse neige mettent en valeur des vêtements de plage ou de loisir. Certaines boutiques passent en boucle des « Christmas Songs » sirupeuses dans leurs allées aux rayons chargés de tongs, de débardeurs et de bermudas d’été.
Ici, Noël se fête autour d’un braai (barbecue), avec des salades froides et des fruits d’été, et personne ne semble connaître ici la tradition du vin chaud : il faisait 30° à midi, aujourd’hui.
À Johannesburg, l’animation et l’effervescence est dans les malls.
Le calme apparent de la ville contraste avec l’activité fébrile des nombreux centres commerciaux.
Bien avant Noël, les boîtes aux lettres ont été largement inondées de prospectus colorés annonçant des « Christmas Specials, Festive Sales et Holiday Deals », en clair, des promotions de décembre, venant juste après le « black Friday ».
Les “malls", larges espaces commerciaux de Sandton City, Rosebank Mall ou Mall of Africa pour n’en citer que quelques-uns, sont en effervescence. Les familles affluent, profitant des promotions et de l’atmosphère festive.
Noël à Johannesburg se voit beaucoup plus dans les temples de la consommation que sont ces multiples zones commerciales.
Finalement, la période de Noël rend encore plus visible la fragmentation et la diversité de la ville, avec des quartiers d’affaires qui somnolent, des centres commerciaux saturés, des écoles vides, des zones résidentielles désertées. Mais aussi avec des townships, où Noël conserve une dimension plus communautaire et familiale, moins artificielle, souvent moins marquée par la consommation mais tout aussi importante socialement.
Noël en Afrique du Sud, entre héritage et adaptation
Noël n’est pas à l’origine une tradition africaine. Sa place en Afrique du Sud s’explique par l’histoire coloniale, d’abord néerlandaise puis britannique, et par l’implantation durable du christianisme. De nombreuses paroisses célèbreront la nativité le soir du 24 décembre, et il y aura des messes à minuit, comme à SAINT JERÔME
Mais aujourd’hui, la fête dépasse largement le cadre religieux.
Au-delà des activités commerciales, Noël marque pour beaucoup une pause collective : les vacances scolaires, un temps de repos pour les congés, des déplacements et des rassemblements familiaux.
Lepetitjournal.com /Johannesburg & Capetown
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