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Vanessa Reksodipoetro, ONG YUM : "communautés locales et consommation responsable"

Vanessa ReksodipoetroVanessa Reksodipoetro
Vanessa Reksodipoetro, YUM
Écrit par Virginie Gotteland
Publié le 21 août 2023, mis à jour le 8 octobre 2023

Si vous habitez à Jakarta, vous connaissez peut-être YUM pour sa ferme biologique située dans les hauteurs de Puncak, à Cipanas, et qui livre des paniers de légumes. Mais YUM, c’est bien plus que ça : c’est une ONG créée en 1976 dont les projets - de la santé à l’éducation - visent à donner aux enfants, à leurs familles et aux communautés en Indonésie les moyens de sortir de la pauvreté. Vanessa Reksodipoetro, actuelle Directrice Exécutive de YUM, nous raconte son parcours et la diversité des projets de YUM.

 

Vanessa, racontez-nous en quelques mots votre parcours…

Je suis franco-indonésienne et j’ai passé mon enfance entre plusieurs pays : l’Indonésie, les Etats-Unis et la Belgique. J’ai fait mes études supérieures en France à l’Université de Nanterre, en Administration Economique et Sociale puis en Ressources Humaines. Ensuite, l’envie m’est venue de mieux connaître l’Indonésie. De mon temps à Paris, j’étais également très impliquée dans l’association d’étudiants PPI (Persatuan Pelajar Indonesia) et grâce à cette association, j'ai rencontré Munir, défenseur des droits de l'homme en Indonésie, et j'ai eu envie de m'impliquer davantage dans le domaine social et solidaire. C’est ainsi qu’à 24 ans, j’ai décidé d’aller chercher du travail à Jakarta… et maintenant cela fait 20 ans que je vis ici !

 

Dès votre arrivée à Jakarta, vous avez donc travaillé pour YUM ?

Non, pas tout de suite… J’ai d’abord travaillé pour la JIS (Jakarta Intercultural School) puis créé mon entreprise de physiothérapie. C’est seulement en 2010 que j’ai intégré YUM. A ce moment-là, ma mère en était la présidente et je souhaitais lui donner un coup de main, d’abord à temps partiel. Et puis je suis tellement tombée amoureuse de YUM que j’y suis toujours aujourd’hui, à temps plein désormais !

 

On connaît surtout YUM Organic Farm, mais quels sont les autres projets de YUM ? D’ailleurs, qu’est-ce que cela signifie?

YUM signifie Yayasan Usaha Mulia, que l’on pourrait traduire par “Association pour le travail noble”. Plus concrètement, nous agissons dans le domaine de la santé, de l’éducation et de  l’émancipation des communautés qui n’ont pas accès aux services de base, dans deux régions d’Indonésie : à Java Ouest et au centre de Kalimantan.

 

Notre postulat de base est assez simple : en permettant à ces communautés d’accéder à une bonne éducation et à des services de santé de qualité, ils pourront trouver un travail stable avec un salaire convenable. A partir de là, ils ne devraient plus avoir besoin de nous et pourront améliorer leur qualité de vie. C’est une approche holistique. Chaque année, nos projets aident autour de 15.000 personnes.

 

Accéder à l'éducation. Crédit @YUM
Accéder à l'éducation. Crédit @YUM

 

Quel est votre rôle au sein de YUM ?

Après avoir été chargée de la communication et du fundraising, je suis devenue Directrice Exécutive en 2017. Aujourd’hui, je supervise l’ensemble des projets et m’assure de leur bon développement. Je m’occupe également des finances, notamment pour bien suivre que les fonds que nous collectons sont bien reversés aux projets. Evidemment, je peux compter sur mon équipe de 40 personnes pour tout cela : 18 à Kalimantan, 13 à Cipanas et 9 à Jakarta. Je gère également nos 3 entreprises sociales : Educamp (sensibilisation d’étudiants à nos missions avec immersion dans nos communautés), YUMana (vente de produits réalisés par les femmes des communautés que nous soutenons) et YUM Organic Farm (vente de légumes bio issus de notre ferme).

 

YUM Organic Farm est un projet que vous avez initié, comment vous est venue l’idée ?

Au départ, cette ferme située à Cipanas avait été construite pour nourrir un orphelinat. Puis nous avons décidé d’aller au-delà, pour en faire aussi un centre “multi-services” avec une bibliothèque, une école maternelle, un centre de formation, un programme de tutorat, des projets de santé… Ainsi, près de 4.000 personnes bénéficient de nos actions chaque année. Et pour aller encore plus loin, nous avons lancé YUM Organic Farm. On a commencé par des petits marchés, puis un concept de “ferme à la table” avec nos paniers de légumes. Après 8 ans, nos clients nous ont demandé s’ils pouvaient choisir eux-mêmes leurs produits, donc aujourd’hui, nous avons un site web pour passer commande. Et dernière grande nouvelle, après 10 ans de travail, nous avons enfin obtenu le label ‘Organic Indonesia’ !

 

De la ferme à la table. Crédit @YUM
De la ferme à la table. Crédit @YUM

 

Comment peut-on soutenir YUM ?

De plein de façons différentes ! Vous pouvez acheter nos légumes : nous livrons deux fois par semaine à Jakarta et proposons une vingtaine de produits différents toutes les semaines. En achetant votre panier, vous pouvez aussi faire un don de panier ou de riz pour une famille dans le besoin. Je suis bien consciente que l’offre de produits bio devient de plus en plus large, mais on reste une des seules structures associées à une ONG et dont tous les revenus sont reversés aux projets que nous menons!

Ensuite, comme toutes les ONG, nous recherchons toujours des bénévoles et des donateurs pour soutenir nos actions. Un projet qui me tient très à cœur en ce moment et pour lequel on essaie de trouver des fonds est le projet Agroforesterie à Kalimantan (plus d'infos ici) : notre objectif est d’introduire des méthodes agricoles plus durables avec des possibilités de revenus plus élevés pour les fermiers. 

 

Les bénévoles. Crédit @YUM
Les bénévoles. Crédit @YUM

 

Quels sont vos projets pour le futur ?

On réfléchit aux conséquences de la pandémie, par exemple comment renforcer les lacunes éducatives qui ont pu se créer, ou à d’autres problématiques liées à la santé comme les retards de croissance liés à une mauvaise alimentation de la mère et de l’enfant…

Et maintenant que la vie reprend son cours, on aimerait aussi que plus de personnes reviennent nous voir à la ferme pour participer à nos ateliers et à nos Educamps. Venez nombreux !

Mon autre rêve serait qu’un chef d’un grand restaurant utilise les produits de notre ferme pour sa cuisine ! On est petit mais on sait faire beaucoup de choses. On est ouvert à toutes les opportunités !


Des tips à donner pour un mode de vie plus durable et raisonné, ici en Indonésie?

Je suis convaincue que ce qu’on mange impacte l’environnement : si possible, ne pas acheter des produits importés. L’Indonésie regorge d’une riche variété de produits, donc achetez local, et si possible bio ! On a aussi tendance à la surconsommation dans les villes : on achète trop de nourriture, toujours plus de vêtements dont on n’a pas besoin, etc. J'aime cette idée d'échanges de vêtements, ou d'acheter du vintage ou dans les friperies.

 

Pour en savoir plus sur YUM : 

Site internet : ici 

Site internet pour acheter nos légumes bios : ici  

Rapport annuel : ici 

Découvrir en video nos plus grands projets: ici et ici 

Faire un don à l’un de nos autres projets via ici