Vous avez peut-être déjà utilisé une médecine alternative pour vous soigner comme les ventouses, l'aromathérapie ou fait une séance d’acupuncture. En Asie et particulièrement en Indonésie, on pratique le Kerokan. Savez-vous ce que c’est ? Son nom provient du javanais Kerok qui veut dire gratter, frotter. Mystérieux, n’est-ce pas ?
Le Kerokan, quelle est cette thérapie ?
En Indonésie, bien que la culture du Kerokan existe depuis l'antiquité royale, il n’existe pas d’écrits sur son origine. Les rois et les fonctionnaires du royaume de l'archipel étaient adeptes de cette thérapie. Devenue populaire, elle est un moyen bon marché de « guérir » une maladie.
Le Kerokan est une thérapie « dermabrasive » qui est utilisée pour traiter les maux tels que le rhume, les nausées, la perte d'appétit, les maux de tête... Elle s’effectue en frottant la peau avec un objet contondant selon un schéma bien précis. Cet objet peut être une pièce de monnaie, du jade, des billes, des morceaux de gingembre, un oignon, une échalote, une cuillère, des os ou des bâtons de bois. Afin de prévenir l’irritation de la peau, la thérapie commence par un massage à l’huile qui va servir de lubrifiant. Du baume du tigre ou une pommade à base de camphre peuvent aussi être utilisés.
Le Kerokan ou le grattage se fait de haut en bas, à droite et à gauche de la colonne vertébrale. Cette dernière ne doit pas être touchée ni grattée au risque de mettre en danger la santé. Il est possible de faire le Kerokan sur des parties autres que le dos, tels que les bras, les jambes ou la poitrine. Le frottement provoque des stries rouges, parfois des cloques sur la peau, des rayures parallèles apparaissent. Plus les traits sont rouges et foncés, plus on dit que le mal est mauvais.
Le Kerokan va "faire sortir le vent" du corps en réchauffant la surface de la peau pour que la circulation sanguine augmente. Pour les Indonésiens, l’excès de vent froid est le responsable de la maladie. On dit que le Kerokan aide à soulager la douleur et la tension, à améliorer la circulation du sang et renforce le système immunitaire.
Comment ça marche ?
Le processus du Kerokan est assez simple. Il va créer une réaction inflammatoire qui va provoquer une dilatation des vaisseaux sanguins, apportant ainsi plus d'oxygène et de nutriments dans les tissus musculaires. Il favorise ainsi la circulation de l’énergie dans le corps, et donc l’élimination du mal. La fluidité du flux sanguin dans le corps entraînera également une augmentation des défenses immunitaires.
Ces résultats entraînent une diminution des douleurs musculaires et un sentiment de bien-être apparaît. L'inflammation causée, en plus de soulager les douleurs musculaires, déclenche également des réactions cardiovasculaires, provoquant une légère augmentation de la température corporelle, entre 0,5 et 1 °C.
On dit que la marque rougeâtre symbolise la disparition du vent froid du corps. Ce n'est pas tout à fait vrai, car une personne en bonne santé aura aussi ces marques rouges si sa peau est frottée. Une fois que la peau retrouve son aspect normal, on dit que le vent s'est dissipé. Cela peut prendre quelques jours.
Attention toutefois aux effets secondaires !
Bien qu’il soit considéré comme une thérapie inoffensive, le Kerokan provoque une irritation de la peau, pouvant en résulter de graves marques rouges. Pratiqué trop souvent, le Kerokan peut provoquer la rupture de nombreux vaisseaux sanguins petits et délicats.
La pratique du Kerokan peut entraîner une certaine dépendance physique et psychologique. Certaines personnes font régulièrement du Kerokan même si elles ne présentent aucun symptôme. Le corps dispose de plusieurs centaines de points d'acupuncture. Si le Kerokan est fait correctement, ces points peuvent être stimulés, affecter le système nerveux et produire ainsi des endorphines. On sait que le corps produit des endorphines en réaction locale au grattage afin d’en soulager la douleur. Un frottement en continu peut entraîner le corps à surproduire cette hormone, provoquant, chez certains, une dépendance au Kerokan.
Un effet émotionnel
Comme il est principalement effectué sur la partie arrière du corps, le Kerokan doit être pratiqué par une tierce personne. Cela peut se faire non seulement par un guérisseur traditionnel expérimenté, mais aussi des parents, des amis ou voisins. Un Kerokan dure au moins 30 minutes, ce qui permet à la personne malade et le guérisseur d'échanger durant la thérapie non seulement de la maladie, mais aussi des problèmes familiaux, économiques, politiques...
Le Kerokan ne se pratique pas seulement en Indonésie. Au Vietnam, il existe une technique similaire appelée Cao Gio Di, tandis qu'au Cambodge, il s'appelle Goh Kyol, en Chine, le Gua Sua, et il est fait avec du jade.
Ibu Nani, adepte du Kerokan, utilise une pièce de monnaie spéciale, lisse, sans rayures sur le pourtour.
“Je fais faire le Kerokan quand j’ai des douleurs aux muscles, aux omoplates ou au cou. Par exemple, après un long trajet en voiture ou quand je fais un travail stressant. Mais, parfois j'ai besoin aussi du Kerokan quand j'ai la grippe et que j’ai mal partout."
Ibu Yekti a beaucoup d’amis qui pratiquent le Kerokan et qui en sont très dépendants, ils l’utilisent dès qu’ils se sentent un peu malade. "Pour eux, le Kerokan, c'est comme prendre des vitamines " nous explique-t-elle
Attention : Le Kerokan ne doit pas être utilisé comme substitut aux soins médicaux allopathique. Les personnes souffrant de problèmes de santé graves ou de douleurs chroniques doivent toujours consulter un médecin avant d'essayer le Kerokan ou toute autre thérapie alternative.
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