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CULTURE – Un collectif de Jakarta à Paris

Gudang Sarinah Ekosistem, le terrain de jeu de Ruangrupa 2Gudang Sarinah Ekosistem, le terrain de jeu de Ruangrupa 2
©Ruangrupa
Écrit par Joël Bronner
Publié le 16 octobre 2017, mis à jour le 17 octobre 2017

Fondé en 2000 à Jakarta, Ruangrupa va représenter l’Indonésie au cours de l’exposition Cosmopolis, qui réunit une dizaine de collectifs d’artistes au Centre Pompidou, à Paris, du 18 octobre au 18 décembre.

« Mais qu’est-ce qu’ils fabriquent au juste ? » Voilà bien la question que l’on peut se poser lorsque l’on entend parler de Ruangrupa pour la première fois. Le moins que l’on puisse dire c’est que le travail de ce collectif d’artistes part dans toutes les directions. Expositions, festivals, ateliers, radio, magazines…

Pour se faire une idée plus concrète de leur démarche artistique, direction le sud de Djakarta. À quelques encablures de Dirgantara - cette statue d’un homme prêt à s’envoler sur l’Inner Ring Road - trois gros entrepôts habillés de tags abritent leur terrain de jeu.

Une fois à l’intérieur, l’impression de profusion éclectique est pourtant loin de se dissiper. Au contraire. Nous voici maintenant face à une flopée de containers, puis… des bureaux, un atelier, une cafeteria, un cinéma, une scène, un studio radio, des écrans, des plantes grimpantes par ici, un vélo accroché par-là, des tags, un urinoir relié à de l’urine en bouteille, un café-s’il-vous-plait-merci, une boutique de souvenirs, des rires qui fusent et des gens qui passent…

Face à ce tourbillon déroutant, l’idéal pour saisir ce qui se trame ici est d’interroger Reza Afisina, l’un des fondateurs de ce collectif qui réunit plusieurs dizaines de membres. « Pour nous, c’est un lieu idéal, qui ressemble beaucoup à l’environnement de Jakarta. C’est un peu comme si nous étions dans l’un des plus gros centres commerciaux de la ville mais sans aucune cloison entre les différentes, disons, ‘boutiques’. Cela peut parfois donner l’impression d’être désorganisé, mais en réalité c’est incroyablement carré parce que, comme sur un terrain de sport, les gens ici connaissent leur position. »

Dans cet espace expérimental, on croise davantage d’intermédiaires entre le monde culturel et le public que de producteurs d’œuvres d’art au sens classique. À Paris, le projet de Ruangrupa sera d’ailleurs de « parasiter » le Centre Pompidou. Concrètement, ils récupéreront des matériaux d’anciennes expositions pour confectionner une bibliothèque. Reza, lui, se rend également en France pour « se faire des amis ».

"Plutôt qu’une présentation classique de notre travail, nous souhaitons entamer des conversations et faire des rencontres. Cela a d’ailleurs été l’une de nos conclusions peu après avoir mis cet espace collectif en place : c’est surtout de plus d’amis dont nous avons besoins, pas d’œuvres d’art !" s’esclaffe-t-il.

©Joël Bronner
©Ruangrupa

 

Joël Bronner
Publié le 16 octobre 2017, mis à jour le 17 octobre 2017