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Connaissez-vous les fleurons de l’art contemporain en Indonésie ?

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Écrit par Athénaïs Pinard Legry
Publié le 21 février 2020, mis à jour le 21 février 2020

De par sa jeunesse et son dynamisme, l’archipel indonésien est un vivier naturel pour les arts. Un livre s’attaque à la difficile tâche de mettre en lumière les plus talentueux artistes actuels : « Inside studios : Indonesian Contemporary Artists ». Alexandra Corradini, à l’origine du projet, nous a présenté le résultat de cinq années de travail en collaboration avec trois sommités du monde des arts en Indonésie.

 

C’est une équipe de choc qu’Alexandra, docteure en Histoire de l’art, a réuni pour son projet. D’abord, le très reconnu photographe Indra Leonardi qui a fait entre autres le portrait du Président Jokowi et signe toutes les photos de ce beau livre. Ensuite, Hermawan Tanzil, designer célèbre, il a réalisé toute la mise en page de l’ouvrage. Il est également le mari d’Engel de la galerie Dia.lo.gue dont nous vous parlions ici . Enfin, Amalia Wirjono dont le seul nom ouvre toutes les portes des artistes tant elle a travaillé durant des années dans le monde de l’art. « Sans leurs noms, je n’aurais pas pu entrer là où je suis entrée », affirme Alexandra.

Inside Studios
                                       Indra Leonardi, Hermawan Tanzzil, Alexandra Corradini, Amalia Wirjono

 

Durant cinq ans, cette équipe a sélectionné 25 – pardon, 28, car il était trop difficile de se limiter à 25 – artistes contemporains en Indonésie. Pour cela, ils ont appliqué des critères stricts : que la personne ait une dimension internationale (qu’elle ait déjà exposé à l’étranger), actuelle (ce qui n’est pas une question d’âge mais d’influence, puisque le plus vieil artiste du livre a 85 ans et le plus jeune 24 ans), et enfin un studio intéressant. Ceci dit, ce dernier critère n’était pas éliminatoire puisqu’Indra (le photographe) était là : « je me souviens du studio d’une artiste très élégante, au style très fin, et son environnement de travail était vide et blanc. Il n’y avait rien : des murs blancs, un lit aux draps blancs, et quelques œuvres épurées. Un cauchemar [pour montrer quoi que ce soit] ! C’est dans ce type de contexte que le photographe a fait des miracles. »

 

Dans le recueil, chaque artiste est étudié sous l’angle de son travail, ses techniques, et sa personnalité. Une entrevue consistait en une discussion avec Alexandra pendant que l’artiste travaillait. « Ça n’était pas toujours facile. Par exemple, l’un d’eux parlait très peu, c’était très difficile de dialoguer. Il a fini par prendre une guitare de sa vaste collection et jouer plutôt que discuter ». De ces échanges, Alexandra tirait sept questions, toujours différentes, qu’elle laissait comme « devoir à la maison ». L’artiste devait répondre à chacune d’elles par une œuvre. « Pour l’un des plus célèbres, j’ai mis un an à récupérer ses réponses ! Une de mes questions était « qu’est-ce qui vous pousse ? ». Il a répondu par un dessin de réveil. 

 

De ces 28 visites de studios, Alexandra et son équipe retirent de très nombreuses anecdotes. Par exemple, une femme a voulu accoucher dans le studio de son mari car « c’était un environnement très serein rempli de bonnes vibrations ». Un Balinais installé à Jogjakarta a recréé sur place un complexe balinais plus vrai que nature, dans lequel il loge l’ensemble de sa famille : dans son studio, des enfants courent partout. Un artiste travaillant particulièrement sur les feuilles, et dont on peut voir le travail exposé au terminal 3 de l’aéroport Soekarno de Jakarta, a choisi ce thème car il prône la dépénalisation du cannabis en Indonésie.

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Au doyen de ses contacts, Alexandra a demandé de redessiner le premier tableau qu’il a vendu. « La première vente, c’est très important pour un artiste. Il n’est pas reconnu, avant cette étape. Ça peut prendre des années ; j’ai rencontré des personnes pour qui ça a pris 20 ans. Pour lui, c’était dans une petite galerie. Un Australien est entré, a aimé un tableau, et lui a acheté pour 7 000 roupies à l’époque. Il ne l’a jamais revu. »

 

Chaque œuvre originale envoyée par les artistes dans Inside Studios a été vendue aux enchères au profit d’actions humanitaires. Quant au livre, il a été tiré à mille exemplaires pour sa première édition, et il n’en reste que 70 que l’on peut trouver chez Dia.lo.gue (Kemang). Des discussions sont en cours pour une seconde édition plus ambitieuse qui serait distribuée au niveau national et international.

 

 

Adresse de la galerie Dia.Lo.Gue : Jl. Kemang selatan 99A- Jakarta

Athens PinardLegry Petitjournal Jakarta
Publié le 21 février 2020, mis à jour le 21 février 2020
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