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Anne Genetet: "Tout Français qui fait face à une urgence peut rentrer"

Anne Genetet fermeture frontiereAnne Genetet fermeture frontiere
Anne Genetet - députée de la 11e circonscription des Français de l'étranger
Écrit par Valérie Pivon
Publié le 21 février 2021, mis à jour le 18 mars 2021

Dans le cadre de la crise sanitaire que nous traversons, lepetitjournal.com de Jakarta est allé à la rencontre d'Anne Genetet, députée des Français de l’étranger pour la 11ème circonscription Asie- Océanie. Elle a répondu à nos questions concernant l’interdiction faite aux Français de l’étranger de rentrer en France sans motifs impérieux ainsi qu’aux questions propres liées à l’Indonésie.

 

J’ai lancé une Cellule Ecoute Voyage en France qui se veut un dispositif d’écoute et de recueil des difficultés

Depuis le 31 janvier, les Français de l’étranger hors UE ne peuvent plus revenir en France sans motif impérieux. Dans de nombreux pays en Asie, une quarantaine est obligatoire, les tests PCR sont en place et demandés depuis longtemps. Les Français de l'étranger suivent déjà ces mesures et sont conscients de la gravité de la situation. Pourquoi les empêcher de rentrer en France ? 

Tout d’abord, il faut comprendre le contexte sanitaire en France. Nos compatriotes en Hexagone sont très fortement affectés par la pandémie, comme tous les Européens d’ailleurs. Nous venons d’éviter un troisième confinement. Le Président de la République a fait un choix courageux car beaucoup de médecins mais aussi des personnes au sein du gouvernement, de l’administration et des parlementaires plaidaient pour un nouveau confinement qui aurait eu des conséquences économiques et psycho-sociales très graves pour nos concitoyens.

Si les mesures sanitaires et les efforts des Français en métropole permettent aujourd’hui de contenir l’épidémie, rien n’est gagné. La propagation de variants liée notamment au brassage des populations et dont certains semblent être bien plus dangereux rend l’évolution de la pandémie très difficile à prévoir. Heureusement, le vaccin est arrivé et plus de 3 millions de Français sont déjà vaccinés, en avance sur le calendrier prévu initialement mais il faut tout faire pour stabiliser la situation de pression sur notre système de santé.

Dans ce cadre, des mesures ont été prises en France mais aussi dans tous les pays européens pour freiner au maximum les flux de déplacements, le temps que nos hôpitaux, nos réanimations, nos urgences, nos soignants reprennent leur souffle, c’est eux qui le demandent. Je tiens à rappeler que ces mesures sont certes dissuasives, mais qu’il n’est pas interdit aux Français de l’étranger de rentrer en France. L’effort qui est demandé, c’est de temporiser nos déplacements, de retarder dans toute la mesure du possible tout voyage de et vers la France. Bien entendu, tout Français qui fait face à une urgence peut rentrer. Je pense à nos compatriotes actuellement en Birmanie ou en Biélorussie. C’est le cas aussi de ceux qui ont perdu leur emploi par exemple, de tous ceux qui avaient prévu de rentrer définitivement en France, d’un droit de visite des enfants dans un couple divorcé, d’étudiants qui terminent ou commencent leur cursus universitaire ou un stage (VIE par exemple). Il n’y a aucune ambiguïté là-dessus et la liste des motifs a été volontairement établie comme indicative afin de pouvoir prendre en compte des situations particulières. Car par définition, l’urgence est le plus souvent un imprévu.

Dès la connaissance de ces mesures et consciente des inquiétudes possibles pour mes concitoyens de l’étranger, j’ai tout de suite interrogé au nom de mon groupe politique le gouvernement sur la portée et sur la temporalité des mesures. Je milite évidemment pour qu’elles soient les plus courtes possible et aussi pour qu’elles soient raisonnablement appliquées, c’est-à-dire avec bon sens et discernement. C’est pourquoi j’ai lancé une Cellule Ecoute Voyage en France qui se veut un dispositif d’écoute et de recueil des difficultés et questions rencontrées. Une adresse email dédiée VoyageEnFrance@annegenetet.fr et un formulaire permettent de me faire remonter les questions et situations singulières. Ceci fait partie intégrante de ma mission de contrôle de l’action du gouvernement.

 

La sélection repose sur le parcours, le projet et les résultats de l’élève

La date du 16 mars signifiera pour les enfants des Lycées Français de Jakarta et de Bali un an d’école en ligne. Même si l’on doit souligner le travail exceptionnel de l’équipe enseignante, de nombreux parents s’inquiètent pour l’avenir. Une question se pose pour les élèves des classes de terminale et le dossier parcoursup : avoir fait un an d’école en ligne par rapport à des élèves qui sont en présentiel, comment se passera la sélection pour les écoles ?

Qu’ils se rassurent ! La sélection repose sur le parcours, le projet et les résultats de l’élève, pas sur les conditions de scolarité, et c’est heureux ! En France aussi, de nombreux lycéens auront eu depuis début 2020 une scolarité modifiée voire perturbée avec un mélange de visioconférences et de présence en classe. L’exemple des lycéens qui suivent leur scolarité par le CNED en témoigne également : ils sont pris en compte dans Parcoursup comme les autres, c’était le cas avant la pandémie, ça le sera aujourd’hui aussi.  Nos élèves à l’étranger ont toujours séduit nos filières d’enseignement supérieur pour leurs grandes qualités d’adaptation : sortir de sa zone de confort et savoir s’y adapter, c’est l’essence même de la vie à l’étranger, sa richesse, ce qui fait que nos élèves sont tant prisés ! La pandémie n’y changera rien ! Je veux saluer ici tous les acteurs de l’éducation en français à l’étranger : enseignants, élèves et parents pour le travail et l’adaptabilité dont ils font preuve depuis toujours et particulièrement depuis le début de la crise sanitaire.

 

La mobilité internationale a été mise entre parenthèses dans le monde entier

Avec peu de perspectives d'ouverture des lycées, plusieurs familles envisagent d’inscrire leurs enfants en France pour la rentrée de septembre. Pour les entreprises, faire venir de nouveaux expatriés sans possibilité de scolarisation en présentiel de leurs enfants représente une difficulté supplémentaire à gérer dans cette crise.

Depuis février 2020, la mobilité internationale a été mise entre parenthèses dans le monde entier ; pas un pays n’échappe à des restrictions de déplacement. Face à cette pandémie, personne n’a de recette miracle. Les entreprises sont freinées dans leur développement international, ce qui a des conséquences multiples : économiques bien entendu, mais humaines aussi. Nous aspirons tous à ce que nos gouvernements décident de sortir le plus vite possible des mesures de restriction de la mobilité mais cela prendra encore du temps. Je suis lucide sur ce point. Indéniablement, les mesures à très long terme prises par de nombreux pays de notre circonscription invitent à la patience. Il faut cependant que les entreprises françaises maintiennent voire développent leurs positions à l’étranger pour accompagner la reprise mondiale. C’est toute l’ambition du plan de relance de l’export français.

 

Nous avons là un gouvernement à l’écoute et des parlementaires vigilants

De nombreuses mesures ont été mises en place pour venir en aide à nos compatriotes en difficulté, pouvez-vous nous faire le point sur les aides apportées ?

Plus de 250 millions d’euros ont été mobilisés pour les Français à l’étranger depuis le début de la crise. C’est tout simplement inédit. Cet argent va aussi bien au réseau français à l’étranger en particulier les écoles, mais aussi les Alliances françaises, les associations de bienfaisance et même directement vers nos concitoyens les plus frappés par la crise avec 50 millions d’euros consacrés à l’aide sociale d’urgence aux familles. Les débuts de ce dispositif ont été laborieux et les parlementaires ont très vite réagi pour que les aides soient versées de manière plus rapide, sans excès de zèle administratif et avec des montants plus importants et plus adéquats eu égard aux difficultés rencontrées. Nous attendons les derniers chiffres d’utilisation de ces moyens financiers.

La très bonne nouvelle est que les montants non utilisés en 2020 seront intégralement versés au budget 2021. Notre ministre Jean-Baptiste Lemoyne l’a encore rappelé récemment. C'est une excellente décision attendue et qui était indispensable pour répondre justement à cette situation « d’histoire sans fin » de la pandémie que nous connaissons. La preuve que nous avons là un gouvernement à l’écoute et des parlementaires vigilants. Comptez sur moi !

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