Le 29 septembre au sein du jardin des Tuileries, la maison de couture Dior présentait sa collection printemps-été 2021. Une collection qui souhaite raconter l’histoire des peuples à travers le vêtement. Cette année l’ikat, technique de tissage très répandue en Indonésie, est à l’honneur.
La créatrice Maria Grazia Chiuri s’est inspirée pour cette nouvelle collection d’un manteau évasé avec des représentations graphiques créé par Yves Saint-Laurent en 1959, lors de sa première collection pour la maison Dior. Ces représentations graphiques dite de la technique Chiné sont inspirées de la technique de l’Ikat.
Ikat ou nœud
Ikat signifie nœud en indonésien ; cette technique de tissage est basée sur une teinture de réserve non pas sur le tissu mais sur les fils avant tissage. Les fils de chaine blancs sont fixés sur un cadre et noués avec du raphia autour des motifs qui devront rester blancs. Puis, ils sont trempés dans une teinture d’indigo pendant plusieurs heures et séchés afin que la couleur se fixe. Entre chaque teinture, les fils doivent être dénoués, séchés, remis sur cadre et renoués pour obtenir toutes les variations de couleurs désirées par la tisserande. Ainsi, pour obtenir un bleu indigo profond, le procédé de teinture est répété huit fois. La teinture du rouge morinda qui provient d’écorce d’arbre est tout aussi complexe et longue car la couleur met un mois à se fixer. Quand les fils sont finalement teints, ils sont montés sur un métier puis tissés : six mois sont nécessaires pour réaliser un ikat et ce procédé ne peut se faire que durant la saison sèche.
L’artisanat reprend ses droits
Vestes réversibles en chiné et ikat, robes fluides, kimonos en ikat réalisés par des tisseuses de Bali, la créatrice nous apporte une vision de l’ikat plus contemporaine et plus légère. Pour la maison de couture, utiliser ces techniques qui nécessitent du temps revient à s’interroger sur notre époque et laisser l’artisanat reprendre ses droits.
Pour aller plus loin
Quand on évoque le textile en Indonésie, c’est le batik qui vient à l’esprit. Peu connaisse l’ikat voire l’apprécie. L’ikat n’a pas la finesse du batik, mais revêt cet aspect à la fois rêche et profondément mystérieux et magique qui caractérise l’île de Sumba et ses habitants où on trouve principalement les Ikats en Indonésie.
La technique et certains motifs d’ikat sont d’origine indienne, en particulier les médaillons floraux appelés patola. Dans le passé, les marchands indiens venaient échanger leurs soies et or pour le bois de santal qui poussait en abondance à Sumba. D’autres motifs plus autochtones représentent le monde animal terrestre et aquatique et souvent imaginaire.
A Bali, dans le village de Tenganan, les tisseuses fabriquent l’ikat dit Endek et le fameux « gerinsing » qui utile la technique du double ikat.