Jeudi 14 septembre 2023, le tableau la “Chasse au cerf sur l’île de Java” de Raden Saleh a quitté Saint-Amand-Montrond, commune du Cher, dans le but d’être exposé au Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée de Marseille (MUCEM). Un déménagement sous haute surveillance pour cette œuvre qui était accrochée dans la salle de la Mairie depuis 1912.
Raden Saleh, le père de la peinture indonésienne moderne
Très jeune, Raden Saleh montre des dispositions pour la peinture. Fils d’un notable de Semarang, il est envoyé à Bogor pour étudier la peinture auprès du peintre belge Antoine Payen. Puis en 1829, remarqué par le gouvernement hollandais en place, il part se perfectionner aux Pays-Bas. Il y restera 10 ans. Après avoir voyagé à travers l’Europe, il s’installe à Paris dans un atelier. Il y rencontre Horace Vernet, qui sera son mentor et qui l’influencera dans son travail.
De retour en Indonésie en 1851 avec son épouse néerlandaise, il est auréolé de son titre de peintre officiel auprès de la cour des Pays-Bas où il est très apprécié en tant que portraitiste. Il rencontre à Batavia un succès auprès des marchands de la Compagnie des Indes néerlandaises tout comme des officiels ainsi que de la communauté javanaise et chinoise.
Le déménagement périlleux pour une toile hors norme
Peint en 1847 à Paris, la "Chasse au cerf sur l’île de Java", de Raden Saleh représente un rabatteur monté sur un buffle et attaqué par un tigre. Le tableau avait été confié en dépôt à la ville de Saint-Amand-Montrond en 1912 par le musée du Louvre. Depuis 2002, le Louvre récupère les œuvres prêtées aux mairies, aux ambassades et aux préfectures, où elles peuvent se détériorer.
“C’est vrai que depuis cinq, six ans, on voit les prix de cet artiste s’envoler. Certaines de ses toiles valent plusieurs millions d’euros. Cela explique aussi pourquoi un tableau comme celui-ci ne peut plus rester dans un bâtiment qui ne bénéficie pas forcément des mêmes conditions de protection qu’un musée.” Côme Fabre, conservateur au musée du Louvre.
Jeudi dernier, l’opération délicate a impliqué la commune, le musée du Louvre, le Mucem mais aussi une société spécialisée dans le transport d'oeuvres d’art et une restauratrice. Ce décrochage a également mobilisé un prestataire qui a démonté la verrière de la salle et pour faire passer le tableau à l'extérieur. En effet, l'œuvre a des dimensions impressionnantes puisqu’elle fait 3,86m de large sur 2,80m de haut.
"La difficulté tient à coordonner tous ces acteurs afin de faire converger les énergies au bon moment, en ayant préalablement résolu toutes les questions de prises en charge financière, de responsabilité juridique, d’assurance et de calendrier.” Côme Fabre, conservateur au Louvre.
Le tableau subira un nettoyage au Louvre avant de revenir à Marseille pour une exposition en novembre. Il devrait être de retour à Paris au printemps prochain où il sera entièrement restauré et exposé.
Belle surprise, le décrochage de la toile a révélé une représentation de la cité saint-amandoise qui était cachée par le tableau de Raden Saleh. Une œuvre pleine de mystère que les experts sont en train d’analyser.
Retrouvez la vidéo complète du décrochage réalisée par Le Berry Républicain :