Ce vendredi 6 juin 2025, l’Indonésie et le monde musulman célèbrent l’une des fêtes les plus importantes de l’islam : Idul Adha, le jour du sacrifice, également appelé Aïd el-Kebir. L’aspect le plus connu de cette grande célébration est le sacrifice d’animaux : moutons, bœufs et parfois buffles. Mais au-delà de ce rituel, Idul Adha est un moment d’intense spiritualité avec de profondes dimensions sociales et morales.


Vous l’avez peut-être remarqué en marchant dans votre quartier ou dans les rues de Jakarta ces derniers jours. Il flotte parfois dans l’air une odeur d’étable, et des bêlements ou des mugissements parviennent à nos oreilles entre deux coups de klaxon jaillissants de la circulation frénétique. Depuis environ deux semaines, les cours des mosquées de Jakarta et de toute l’Indonésie ont en effet commencé à accueillir des moutons, des chèvres, des bœufs et parfois même des buffles qui seront sacrifiés lors des célébrations d’Idul Adha, la fête du sacrifice (qurba), qui débutent ce vendredi 6 juin 2025 et dureront quatre jours.
La date du 6 juin a été savamment établie après un long et minutieux processus basé sur l’observation de la lune, dont les cycles rythment le calendrier musulman. Idul Adha doit, selon la tradition, se dérouler le 10 du mois de Dzulhijjah, le dernier mois du calendrier musulman. Il y a quelques jours, le Ministre des Affaires religieuses, Nasaruddin Umar, a ainsi annoncé à l'issue d'une audience isbat (confirmation de l'observation de la lune) : « Nous avons d'abord reçu des rapports de toutes les régions du pays indiquant que personne n'avait vu le hilal [croissant de lune]. Mais à la toute dernière seconde, nous avons appris que quelqu'un l'avait vu à Aceh. Par conséquent, nous concluons que le premier jour de Dzulhijjah tombe le 28 mai, tandis que le 10e jour du mois, qui marque la fête de l'Idul Adha, tombera le 6 juin », a poursuivi le ministre lors d’un point presse retransmis à la télévision.
Qurban enseigne que le sacrifice n'est pas une perte, mais un investissement spirituel et social pour le bien commun
Selon le Coran, pour prouver la profondeur de sa dévotion, Ibrahim accepte de sacrifier, sur l'ordre de Dieu, son fils Ismaël. Mais au dernier moment, Dieu envoie l'archange Gabriel, qui substitue à l'enfant un mouton qui servira d'offrande sacrificielle. Ce rituel, pratiqué partout dans le monde musulman, est censé souligner des valeurs de solidarité, de générosité et de partage. Ainsi, les familles qui en ont les moyens achètent un animal sacrifié après la prière de l’Aïd, dont la viande sera partagée en trois parts : l’une pour la famille, une deuxième pour les proches et les voisins, et une troisième pour les gens dans le besoin.

Le tarif des animaux est généralement affiché sur des bannières suspendues à l’entrée des mosquées et varie en fonction de l’espèce et de sa catégorie. Les premiers prix pour un mouton tournent autour de 2,5 millions de rupiahs, et peuvent aller jusqu’à 8 millions. Pour un bœuf, il faut compter entre 20 et 60 millions selon la qualité. Mais ce sacrifice (qurban) est bien plus qu’une bonne action. « Qurban enseigne que le sacrifice n'est pas une perte, mais un investissement spirituel et social pour le bien commun », explique dans le Jakarta Post, Muhammad Adib Abdushomad, le directeur du Centre pour l'harmonie religieuse du Ministère des Affaires religieuses et responsable de l'internat islamique Madani Global Citizenship (MGC), à South Tangerang, Banten.
« Théologiquement, qurban symbolise le rapprochement d'Allah par le sacrifice, la sincérité et la maîtrise de l'ego. Il reflète non seulement la piété individuelle, mais incarne également de profondes dimensions morales et sociales », précise-t-il avant d’ajouter que « le sacrifice symbolise le renoncement aux attachements mondains. Ainsi, le sacrifice animal n'est pas simplement un rituel, mais un symbole du « sacrifice de l’ego », des désirs et des tendances matérialistes destructrices.
En ce 6 juin 2025, toute l’équipe du Petit Journal Jakarta souhaite à nos lecteurs musulmans une très joyeuse fête d’Idul Adha.
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