Les élèves parisiens de L'IFA sont venus présenter leurs créations afin de célébrer l'implantation de l'école de mode à Istanbul. Pour l'occasion, nous avons interviewé trois de ses directeurs.
À l’entrée d’un bâtiment de verre des plus modernes deux photographes tirent les portraits des invités avec en fond le logo du gala de l’International Fashion Academy (IFA) Paris. Des escaliers emmènent les convives à l’étage où un cocktail les attend, le défilé étant prévu à 20h45. Le thème de ce soir : les passerelles
À mesure que l’heure tourne, les pas se font de plus en plus lourds dans les escaliers menant aux citernes historiques de la ville. Colonnes, voûtes d’époque, cours d’eau, le lieu dénote par son originalité. Au total, une quinzaine de mannequins défilent devant un parterre de 150 personnes.
Après une heure de spectacle grandiose, nous avons pu nous entretenir avec trois personnages qui font l’IFA : Patrick Kouzmine, PDG de l’école, Jean-Baptiste Andréani, directeur d’études à Paris et Adile Cretallaz, directrice du campus d'Istanbul.
Pouvez-vous nous expliquer comment est née l'IFA?
Patrick Kouzmine : L’IFA existe depuis 1982. Nous avons repris une ancienne école de mode et avons décidé de lui donner un nouveau souffle. La première école a été ouverte à Shanghai, puis Paris et nous avons ouvert à Istanbul depuis un peu plus d’un an maintenant.
Comment s’organise l’école ?
Jean-Baptiste Andreani : Nous offrons à Paris à la fois des licences et des masters. Pour Shanghai c’est seulement une licence et à Istanbul on a une licence et un master. Les élèves viennent de partout dans le monde.
P.K : Nous avons une cinquantaine de nationalités, ce qui fait que les élèves travaillent main dans la main et découvrent de nouvelles cultures.
Adile Cretallaz : Les frais d’inscription sont les mêmes qu’en Europe, c’est-à-dire autour de 7 400 euros la licence.
Pourquoi une branche à Istanbul ?
A.C : Il y a trois raisons principales à vrai dire. Tout d’abord, nous n’avons que 11 élèves à Istanbul et la plupart viennent de pays voisins donc il est important qu’ils sentent une proximité culturelle et religieuse d’où ils viennent. Ensuite, la qualité de l’enseignement avec des professeurs étrangers qui ont tous un pied dans le monde de la mode et qui ont le luxe de travailler avec aussi peu d’élèves. Enfin, nous voulons donner une réelle chance aux passionnés de mode qui n’ont pas la chance comme en France par exemple de pouvoir bénéficier d’une ‘éducation mode’.
P.K : Le but est de faire une passerelle entre l’Orient et l’Occident.
Qu’est-ce qui vous différencie des autres écoles de mode dans le monde ?
J-B.A: Nos cours sont en anglais ce qui apporte un plus à l’enseignement, par rapport à la France notamment. La particularité de l’école est qu’elle recrute de partout, sans se soucier plus que cela du background. Nous ne demandons que le bac, les notes du lycée ainsi que le IELTS (test anglais). Le reste se fait sur l’envie et la passion du candidat. À titre d’exemple, nous avions une élève, Sabine Ducasse, qui était infirmière de formation et qui travaille maintenant pour Givenchy !
P.K : Une autre chose est que l’IFA permet à la fois de faire de la mode, mais aussi du business. On essaye de donner un enseignement très large, au lieu de se concentrer sur des spécialités en particulier, comme le ferait les écoles anglo-saxonnes par exemple. On revendique le côté entreprise de l’école.
A.C : Il y a aussi le fait que l’IFA travaille avec son temps. Les élèves abordent les thématiques du développement durable, utilisent la 3D entre autres. C’est un vrai plus pour eux. Et puis nous mettons en avant l’entrepreneuriat en poussant nos élèves à créer leur structure par exemple.
Et les élèves à Istanbul ? Ont-ils une approche différente des européens ?
A.C : Déjà, il faut savoir que tous les élèves sur le site d’Istanbul reçoivent le même diplôme que leurs amis parisiens. Tout le monde est logé à la même enseigne, qu’ils se trouvent à Shanghai, Paris ou Istanbul. C’est important de les valoriser.
J-B.A : Pour ma part, je trouve que les étudiants européens en général sont plus sophistiqués au début car ils ont grandi avec la mode, les grandes maisons etc. mais ceux d’Istanbul sont des passionnés de mode ce qui fait que tout s’équilibre un moment donné. Donc non, je ne crois pas qu’ils soient si différents…
P.K : Comme je disais, il y a beaucoup de nationalités à l’IFA, donc au final tous se mélangent. Ils travaillent de manière transparente et échangent tout le temps entre eux.
Quels sont vos projets pour la suite ?
P.K : Pour Istanbul, notre but est d’arrivé à une petite centaine d’élèves d’ici cinq ans. Aux vues des chiffres en constante évolution, on devrait pouvoir y arriver. Après je ne vous cache pas que c’est un processus lent, qui nécessite beaucoup de réseaux et de patience.