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ÉTUDIANTS TURCS EN ÉCHANGE ERASMUS – Pourquoi la France ?

Écrit par Lepetitjournal Istanbul
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 27 juin 2013

Les jardins du Palais de France d'Istanbul accueillaient mercredi plusieurs dizaines d'étudiants turcs. Tous s'apprêtent à faire leur valise pour une année ou quelques mois d'études en France. Lepetitjournal.com d'Istanbul donne la parole à quelques-uns d'entre eux.

Depuis sa création en 1987, le programme d'échanges Erasmus a ouvert à plus de deux millions de jeunes les frontières de l'Europe et les portes de ses meilleures universités. La Turquie a rejoint l'aventure il y a une dizaine d'années et 90.000 de ses étudiants en ont déjà bénéficié. Parmi eux, 360 élèves issus de la région de Marmara ont choisi la France pour la rentrée 2013, contre 90 en 2004. ?Grâce à vous, cette année, la Turquie sera présente dans 16 des 22 régions de la France métropolitaine?, a salué le Consul général de France à Istanbul, Hervé Magro (photo de gauche, AA), lors d'une soirée organisée par Campus France. Cette diversité régionale est ?le reflet de la richesse des échanges entre les universités françaises et turques mais aussi le signe qu'il y a d'autres endroits en France que Paris pour faire de belles et de grandes études?, a insisté Hervé Magro, qui quittera Istanbul à la fin de l'été pour rejoindre Jérusalem en tant que Consul général de France en relation avec l'Autorité palestinienne.

L'université de Galatasaray reste ?championne? de ces échanges franco-turcs : elle enverra 105 élèves en France en 2013-2014. Elle recevra dans le même temps 124 des 288 jeunes Français ayant fait le choix de la Turquie. ?Il faut aussi savoir que ces échanges s'opèrent grâce à 600 conventions bilatérales entre 250 établissements français et 75 universités turques à Istanbul, Ankara et ailleurs?, a précisé le Consul général au cours de cette soirée dans les jardins du Palais de France.

Begüm Kulumbur, 22 ans, étudie les sciences politiques et les relations internationales à l'université de Yeditepe, étudiera dès septembre à Sciences Po Toulouse :

J'ai hâte de découvrir la ?ville rose?. Je parle français, puisque j'ai étudié au lycée Sainte-Pulchérie. Mais depuis que j'ai intégré l'université de Yeditepe, où mes cours sont donnés en anglais, le français est un peu passé au second plan. Le programme Erasmus me donne l'occasion de renouer avec ma première langue. Mais je dois dire que j'ai un peu peur... Dans un sens, j'ai envie de partir, d'apprendre à me débrouiller seule. Mais d'un autre côté, je sais que ma famille me manquera. Je me rassure en me disant que je ne suis pas la première à partir et que si d'autres ont réussi, j'y arriverai aussi ! Heureusement que je parle français, autrement je crois que je paniquerais. (rires) Depuis l'histoire de la loi sur la pénalisation du génocide arménien, j'ai l'impression que les Français n'ont pas une très bonne opinion des Turcs. J'espère que mon séjour me prouvera le contraire. Par exemple, j'ai appris qu'il y avait eu à Paris des manifestations de soutien au mouvement commencé dans le parc de Gezi et ça m'a fait plaisir. J'ai aussi très envie de découvrir Paris à la période des fêtes de fin d'année.

 

Serhat Yetimova, 31 ans, doctorant, coordinateur des relations internationales au sein de l'université de Maltepe :

En fait, je suis un ?ancien? Erasmus. En 2010, alors que j'étudiais à l'université Mimar Sinan, je suis parti en France pour apprendre la langue et préparer une thèse sur les politiques éducatives au 19ème siècle à l'Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO) de Paris. J'y ai passé les cinq meilleurs mois de ma vie. J'étais en collocation avec un Français qui m'a beaucoup aidé à progresser. Rencontrer des gens très différents, découvrir la culture française et européenne, la littérature, les musées, le théâtre... J'allais presque tous les jours au théâtre pour presque rien grâce aux Kiosques Jeunes ! J'ai aimé me promener en dehors des sites touristiques et avoir un aperçu de la réalité économique et socio-culturelle de la France. Par exemple, j'ai eu beaucoup de mal à trouver un logement et j'ai dû chercher dans la banlieue proche, ce qui m'a fait découvrir un autre visage de Paris que celui des cartes postales. Je conseille aux étudiants turcs sur le départ de se renseigner au maximum et de ne pas hésiter à se rapprocher des gens qui sont déjà passés par là. Il y a plein de groupes mail ou sur Facebook qu'il est préférable de contacter avant de partir.

 

Ay?egül Kanay, 20 ans, étudiante en économie à l'université de Galatasaray, se rendra en février 2014 à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne de Paris :

J'ai étudié au lycée Saint-Joseph. Je suis déjà allée plusieurs fois à Paris et j'ai préféré y retourner plutôt que d'aller vivre dans une ville inconnue. Ma famille, francophone également, m'a beaucoup encouragée. J'aime qu'on dise des étudiants Erasmus qu'ils sont autant de ?ponts? entre les sociétés car c'est précisément cela : c'est en se parlant qu'on arrivera à mieux se comprendre. Je m'en rends compte en côtoyant les nombreux étudiants étrangers qui viennent à Galatasaray. Cela crée des liens qu'on s'efforce de cultiver au fil des ans. Je vois aussi ce séjour en France comme une occasion d'organiser un petit tour de l'Europe.

 

Mehmet Gün?en, 28 ans, fait des études de traduction/interprétation en français à l'université de Marmara, part étudier une année à Rouen :

Je ne suis jamais allé en France et j'ai commencé à apprendre le français sur le tard. Je me rends donc à Rouen pour améliorer mon niveau mais aussi pour découvrir l'Europe, que je ne connais pas non plus. L'un de mes professeurs m'a conseillé Rouen car je souhaitais être proche de Paris tout en vivant dans une ville de province. Cela me changera de la foule stambouliote !

 

 

Irem Gülersönmez, 23 ans, étudiante en histoire à l'université de Bo?aziçi, part étudier l'histoire de l'art à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne de Paris :

J'ai étudié le français au collège puis à l'Institut français d'Istanbul. Cela fait des années que je veux étudier l'histoire de l'art à la Sorbonne, c'est d'ailleurs pour ça que j'ai choisi le français. Je ne connais pas encore Paris, à part de vagues souvenirs d'enfance. Comme je m'intéresse beaucoup à l'art moderne, je pense que je réserverai ma première visite au centre Pompidou. J'ai encore beaucoup de paperasse à régler mais plusieurs de mes amis partent aussi à Paris donc nous nous entraidons. Ceci dit, nous ferons attention à ne pas rester uniquement ?entre Turcs?. J'espère que je nouerai rapidement des liens d'amitié avec des Français.

 

Berkay Uluç, 20 ans, étudie les sciences politiques à l'université de Bo?aziçi, part en septembre étudier à Sciences Po Paris:

Mon français n'est pas encore très bon mais de toute façon, j'étudierai en anglais à Sciences Po. J'avais le choix entre les Etats-Unis et la France et j'ai préféré la France, que je ne connais pas encore. On est une dizaine de Bo?aziçi à nous rendre tous les ans à Sciences Po Paris donc on ne sera pas tout seuls, c'est important pour les premiers temps. Je suis heureux de partir et je pense que nous avons de la chance que ce programme Erasmus existe. Je sais que tout ne sera pas parfait ni facile, j'ai d'ailleurs déjà commencé à chercher un logement... et ce n'est pas évident à distance ! Mais je sais aussi qu'on apprend en se confrontant à la difficulté, au fur et à mesure. Et après tout ce qu'on vient de vivre à Istanbul, Paris va me sembler bien calme ! Ce séjour en France sera aussi l'occasion d'observer de près la politique française et européenne.

Propos recueillis par Anne Andlauer (http://lepetitjournal.com/istanbul) vendredi 28 juin 2013

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Publié le 27 juin 2013, mis à jour le 27 juin 2013

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