Ce 14 mars 2023, de très nombreux enfants et adultes, parrainés, anciens, hommes et femmes, salariés indiens et bénévoles français ou belges, sont en deuil de celle qu’ici on appelle la “Mère Térésa de Pondichéry”.
Aujourd'hui, Madeleine Herman de Blic est décédée à Toulouse, où elle vivait.
Anbu, ancien enfant parrainé, a aujourd’hui 30 ans. Il est au Volontariat, bouleversé tout comme une foule d’autres personnes réunies, pour honorer la mémoire de Madeleine de Blic.
Comme d’autres, il témoigne de sa reconnaissance devant l’assistance en deuil :
“Madame, vous avez été comme un dieu pour les pauvres comme nous, vous resterez à jamais dans nos souvenirs, je vous remercie du fond du cœur.”
Anbu dit de Madame de Blic qu'elle a changé sa vie, comme celle de centaines d’enfants pauvres à qui elle a permis de manger et de bénéficier d’une instruction gratuite de qualité pour les petits et de soutien aux devoirs pour les plus grands, inscrits à l’école publique.
Anbu a été pris en charge et parrainé par le Volontariat alors qu’il avait cinq ans.
Son père les avait quittés, sa mère, sa sœur et lui. Et leur maison, comme d’autres dans le quartier, venait de brûler. Il se souvient que Madeleine est venue jusque chez lui, pour les “consoler” de cette perte immense, nous dit-il.
L’association du Volontariat s’est occupée de cette famille dévastée et démunie en lui construisant un habitat convenable et en permettant à Anbu de suivre sa scolarité dans une école publique dans des conditions dignes : achats du matériel scolaire, de l’uniforme, des repas quotidiens, et du temps “périscolaire” lorsqu’il était petit, puis plus grand de l’aide aux devoirs.
Grâce à la volonté d’une toute jeune femme de 24 ans, un lieu d’accueil pour “servir premiers les plus souffrants”, selon une formule de l’abbé Pierre, était né.
Madeleine Herman a vu le jour le 15 mai 1934 en Belgique. Elle a été la première volontaire aux côtés de l'abbé Pierre en Inde.
En 1962, désormais Madeleine Herman de Blic, la jeune sage-femme se rend à Pondichéry où elle travaille un an dans un hôpital. Témoin des souffrances endurées par les plus pauvres, avec l’aide d’étudiants franco-pondichériens du lycée français, elle entreprend les premières actions de secours dans les villages proches de Pondichéry.
Elle crée avec ses propres moyens, puis, par la suite, avec l’aide d’amis belges, un dispensaire dans le village d’Uppalam, au sud de la ville de Pondichéry, pour répondre aux nécessités premières de cette population : soins d’urgence, distribution de lait pour les enfants dénutris, recherche de travail stable pour les parents.
En 1966, elle fait enregistrer en Inde l’association le Volontariat, à but non lucratif, apolitique et non confessionnelle, afin de pouvoir percevoir des dons venus d’Europe.
Le Volontariat existe depuis 60 ans.
Sandil Coumarane, soutenu par les comités européens, en assure la direction. Il gère l’équipe de salariés, tous indiens. L'association dispose d’un comptable, de responsables de programmes, d’une section administrative, d’une section entretien et de cuisines.
Soutenu par différents comités animés par des bénévoles français et belges très actifs qui parrainent des enfants et viennent régulièrement à Pondichéry donner de leur temps, le Volontariat, depuis 60 ans, ne cesse de s’agrandir et de se diversifier pour s’adapter aux besoins des plus démunis. Tout le monde à Pondichéry connaît l'association.
Il existe actuellement, grâce aux parrainages :
- L’atelier Shanti (paix en sanscrit), situé dans le quartier de Dubraypet au sud de Pondichéry ; un atelier de tissage, confection et broderie créé à l'origine pour donner du travail à des lépreux guéris , puis à des femmes seules ayant des enfants à charge et à des handicapés physiques.
- La ferme de Touttipakkam, qui cultive de la spiruline (aux nombreux nutriments et vitamines) dans des bassins, à la fois comme complément alimentaire pour les pensionnaires et pour la vente aux particuliers. Les bâtiments ont été construits grâce à l’aide des compagnons d’Emmaüs de Toulouse.
- Des logements proches pour les travailleurs.
- Une ferme qui accueille aussi des enfants et qui répond à l’effort d’autosuffisance promue par le gouvernement indien.
- Un magasin de vente de volailles ouvert à tous, juste à côté de l'association.
- Un accueil pour les personnes âgées sans ressource et des maisons pour les familles vivant dans la rue.
- Un programme de parrainage permettant à des enfants un suivi médicalisé, une scolarité dans de bonnes conditions, des repas équilibrés, une crèche et une maternelle pour les plus petits, trop jeunes pour être scolarisés à l’école primaire publique.
- De nombreuses aides individuelles pérennes ou ponctuelles selon les besoins identifiés. Durant la période de confinement due au Covid, le Volontariat a organisé une distribution de repas gratuits pour les pauvres, par exemple. Tous les produits réalisés par les ateliers du Volontariat sont vendus au bénéfice de l’association, en France et en Belgique, à différents moments de l’année, par des bénévoles des différents comités européens.
Madeleine Herman de Blic a été décorée de la légion d’honneur le 29 mars 2013, de l’Ordre de la Couronne du Roi de Belgique, du Prix du Docteur Schweitzer et du Prix de la Fête de l’Indépendance du Gouvernement de Pondichéry.
Enfin le 12 avril 2016, le gouvernement indien lui a décerné la quatrième plus haute distinction civile du pays : le Padma Shri (tout comme Mère Térésa).
Elle a été soutenue dans sa mission par Arnaud De Blic, son époux, à l'époque professeur au lycée français de Pondichéry, avec qui elle adopta par la suite deux enfants du village où elle a commencé sa mission.
Son travail restera dans les mémoires.
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