Les deux plus importants partis politiques indiens (BJP et Congrès) ont enfin inclus la lutte contre la pollution de l’air dans leurs promesses électorales. Tous les deux ont promis de s’attaquer à la ville de Delhi qui suffoque de plus en plus chaque année mais aussi d’inclure les autres villes qui souffrent du même problème en élargissant et améliorant le “National Clean Air Programme (NCAP)”.
Le parti du Congrès a reconnu que la pollution atmosphérique était aujourd’hui une question d’urgence nationale. Le BJP a promis de réduire les niveaux de pollution de 102 villes indiennes d’au moins 35% dans les 5 prochaines années et d’éliminer la culture sur brûlis qui génère une grande quantité de particules dangereuses pour la santé.
La qualité de l’air dans ces 102 villes est en dessous des critères fixés par le National Ambient Air Quality Standards. Le Central Pollution Control Board et l’Organisation Mondiale pour la Santé ont travaillé sur les données collectées depuis 2011 pour définir cette liste. On y trouve, bien sûr, Delhi, Mumbai, Pune, Hyderabad, Kolkatta, Bengaluru, Varanasi, Jaipur, mais bien d’autres encore.
Selon un rapport de Greenpeace International paru début 2019, 15 des 20 villes les plus polluées au monde se trouvent en Inde. Récemment, le Health Effects Institute, basé aux Etats-Unis, a conclu que la pollution de l’air aurait engendré le décès d’environ 1,2 million de personnes en 2017 en Inde. Chiffre qui a fait enrager le ministre actuel de l’environnement, de la forêt et du changement climatique, qui est aussi candidat du BJP au Lok Sabah pour une des circonscriptions de Delhi : “Citer ce genre de données ne fait que créer un vent de panique. Le gouvernement travaille déjà sur le problème depuis 5 ans, a lancé le National Clean Air Programme et mis en place plusieurs axes de lutte contre la pollution. La preuve en est la remise du diplôme “Earth Award” au premier ministre Narendra Modi par les Nations Unies”, a déclaré le ministre. Le président français Emmanuel Macron a lui aussi reçu le "Earth Award" en même temps que le premier ministre indien Narendra Modi.
Le Health Effects Institute a identifié les principales sources d’émissions de particules fines (PM 2.5) qui seraient facteur de maladies et de décès en Inde. Ces émissions proviennent majoritairement de l’activité de l’homme :
- En premier, lors de la combustion domestique de biomasse (en particulier, bois et fumier),
- Ensuite, lors de la combustion de charbon utilisée dans l’industrie et lors de la période de brulis des champs, méthode beaucoup pratiquée dans le nord de l’Inde pour le blé,
- Puis, lors du fonctionnement des moyens de transport et des ateliers de production de briques.
Selon le Health Effects Institute, le gouvernement indien doit s’attaquer de toute urgence à la réduction des émissions ainsi produites pour éviter un trop grand impact sur le système de santé et à moyen terme sur l’économie indienne. Le rapport conclut : “Si aucune action n’est entreprise, l’exposition de la population aux particules fines devraient augmenter d’ici 2050 et l’impact des maladies causées par la pollution pèsera de plus en plus lourd sur l’économie. Des actions fortes doivent être entreprises dans la plupart des secteurs afin d’éviter plus d’un million de décès.”
lepetitjournal.com Bombay a demandé à des Mumbaikars ce qu’ils pensent de la pollution de l’air dans leur ville :
Un jeune informaticien travaillant chez lui mais aussi volontaire dans une ONG s’occupant de chiens des rues a déclaré : “Mumbai ne figure pas encore dans la liste des 10 villes les plus polluées au monde mais elle y sera surement dans quelques années.” A la question : “Pensez vous que les autorités travaillent sur le sujet ?”, il répond : “Non, ils disent que les nouvelles lignes de métro, en particulier la ligne 3, permettront de réduire les émissions de gaz carbonique mais j’en doute. Mumbai perd de plus en plus de sa verdure, les arbres sont coupés pour faire place à des immeubles et la mangrove disparait.”
Une journaliste vivant à Colaba affirme quant à elle : “La pollution générée par les voitures a bien diminué. Auparavant, presque tous les taxis crachaient une énorme fumée noire, ce n’est plus le cas depuis qu’ils fonctionnent au gaz.”
Et le jeune informaticien lui répond : “C’est vrai mais il y a encore beaucoup de bus et de voitures qui roulent au diesel dans les rues de Mumbai.”
La conversation continue et chacun raconte ses souvenirs : “Il y a environ 12 ans, un groupe luttant pour la protection de l’environnement avait demandé à tous les citoyens de leur envoyer par mail le numéro d’immatriculation des voitures qui polluaient. Chaque jour, durant mes 15 minutes de trajet jusqu’au bureau, je notais au moins 20 numéros.”, raconte la journaliste.
Une jeune femme ajoute alors : “Les bus BEST sont garantis “zero émission” ! Nous faisons de petits pas vers un ciel plus clair !”
Finalement, aucune des personnes interrogées n’a cité une quelconque conséquence de la pollution de l’air à Mumbai sur leur santé et tous étaient soit optimistes soit résignés !
Pour en savoir plus sur le rapport du Health Effects Institute, suivez les liens pour les conclusions et le rapport