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L’Union Européenne veut bloquer des produits chinois

Coup sur coup, l’Union européenne a lancé des enquêtes pour restreindre les importations d’automobiles électriques, d’éoliennes et d’acier chinois. Plus généralement, elle s’aligne de plus en plus sur les Etats-Unis, y compris sur la protection des technologies critiques.

Voitures électriques chinoises BYDVoitures électriques chinoises BYD
Ici en vente à Shenzhen, les voitures BYD pourraient être bien plus taxées en Europe (photo Eeyaut Waihungsur Creative Commons)
Écrit par Guillaume Clément
Publié le 15 octobre 2023

De l’électricité dans l’air entre la Chine et l'Europe

A une époque où, depuis Donald Trump et Joe Biden, les Etats-Unis deviennent les champions du protectionnisme, l’Union européenne et la Chine semblaient être les derniers garants du libre-échange dans le monde. Mais, depuis un mois, les Européens semblent vouloir bloquer de plus en plus de produits chinois, qu’ils estiment trop bon marché et donc d’une concurrence déloyale pour leurs propres producteurs.

Tout a commencé par une rivalité automobile. Sous la pression de constructeurs européens, dont Renault et Stellantis, l’UE a lancé le 13 septembre une grande enquête sur les subventions accordées par l’Etat chinois à ses constructeurs de voitures électriques. Aujourd’hui, ces automobiles « made in China » sont taxées à hauteur de 10% en Europe. Au terme de cette procédure qui pourrait durer au maximum 13 mois, ce droit de douane pourrait être nettement revu à la hausse, en fonction des résultats des enquêteurs sur des « transferts directs de fonds », des « recettes publiques abandonnées » ou encore la « fourniture par les pouvoirs publics de biens ou de services » à des tarifs préférentiels. En tout cas, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, semble avoir déjà tranché le débat en affirmant que le prix des voitures électriques chinoises était « maintenu artificiellement bas par des subventions publiques massives ».                                                                                                       

Tempête sur les éoliennes chinoises

Cependant, le secteur des voitures électriques est loin d’être le seul dans lequel les produits chinois se sont imposés. L’acier et l’éolien en font également partie, et l’UE envisage de lancer une enquête sur les conditions de production en Chine dans ces deux domaines.

Dans le secteur de l’éolien, la pression est aussi venue des producteurs locaux, notamment de leur association « France Renouvelables », qui déplore que les opérateurs choisis par appels d’offres pour mettre au point de nouveaux parcs éoliens sont retenus surtout en fonction du tarif de sortie de l’électricité. De ce fait, la législation actuelle, peu basée sur la qualité, favorise beaucoup les turbiniers asiatiques, et surtout chinois. Par ailleurs, les fabricants européens d’éoliennes soulignent l’absence de réciprocité : ils ne peuvent pas s’installer en Chine, qui a pourtant concentré près des deux tiers des installations dans le monde en 2022.

Dans le domaine de l’acier, la question est plus complexe et l’enquête semble bien incertaine. En effet, l’Europe n’a plus autant de sidérurgistes à défendre, et semble davantage s’aligner ici sur une volonté américaine. Washington en ferait une condition pour un accord entre l’UE et les Etats-Unis sur l’acier et l’aluminium, et menacerait dans le cas contraire de garder les droits de douane imposés aux Européens par Donald Trump.

Guerre ou paix entre l'Europe et la Chine ?

Plus globalement, fragilisée par la guerre en Ukraine et l’inflation, l’Union européenne semble de plus en plus dépendante des Etats-Unis. Bruxelles vient ainsi d’emboîter le pas à Washington en publiant le 3 octobre une recommandation pour protéger quatre de ses technologies « critiques » face à la Chine, dans l’informatique quantique, les semi-conducteurs avancés, les biotechnologies et l’intelligence artificielle. De plus, d’ici au printemps 2024, la Commission devra préciser si elle procède à l’évaluation de six technologies supplémentaires.

Dans ce contexte, quelques pays semblent plus vindicatifs que les autres, à commencer par la Lituanie, en guerre commerciale avec Pékin depuis l’ouverture d’un bureau de représentation de Taiwan à Vilnius. Par ailleurs, les Etats pacificateurs semblent moins nombreux. Même l’Italie, seul pays du G7 à avoir accueilli les « Routes de la Soie », vient d’annoncer en septembre qu’elle envisageait son retrait de ce projet.

La teneur du sommet Union européenne-Chine, prévu fin 2023, est donc incertaine. Peut-être permettra-t-il de retrouver cette voie du libre-échange qui a contribué à la prospérité des deux camps ? Peut-être au contraire symbolisera-t-il le retour du protectionnisme et de la logique de blocs…

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