On a testé la ligne à grande vitesse

Par Matthieu Verrier | Publié le 04/11/2018 à 15:28 | Mis à jour le 04/11/2018 à 16:00
Photo : Le réseau à grande vitesse chinois est le plus étendu du monde. @Matthieu Verrier
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Tant d’encre a coulé à propos de cette ligne express. Il fallait bien l’essayer. Le hasard -légèrement- guidé, a désigné Changsha comme destination. Environ trois heures de trajet. Cela permet de bien apprécier la vitesse.

Une gare impressionnante

En matière de connexions au MTR, la nouvelle gare de West Kowloon n’est pas la panacée, entre Austin et Kowloon. Mais à l’arrivée, le vaste hall impressionne. L’architecte Andrew Bromberg semble friand des courbes. De l’extérieur, le bâtiment a l’allure d’un pli dans le tapis. A l’intérieur, la toiture, tout en arrondis, est supportée par d’immenses piliers. Pour les voyageurs arrivant bien avant l’heure de départ, un petit tour sur le toit s’impose, avec une belle vue sur la skyline de l’île.

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La gare de Kowloon West a ouvert en septembre après des années de polémiques. @Caroline Vandershooten

Un long parcours pour accéder au quai

Attention à ne pas s’attarder sur l’architecture. Il est demandé aux voyageurs d’arriver 45 minutes avant le départ du train. Ce délai n’est pas exagéré. Car il faut traverser une frontière en plein Hong Kong. Cette zone a fait débat. Les pro-démocratie se sont élevés contre un espace où s’applique le droit chinois et non le droit hongkongais. 

Une fois la ligne jaune passée, les passagers sont priés de ne pas prendre de photos, de ne pas utiliser leur téléphone et de rester silencieux. La sécurité chinoise veille. De très nombreuses caméras aussi.

Examen des bagages, sortie administrative de Hong Kong, entrée administrative en Chine -avec formulaire de rigueur- contrôle des billets… L’embarquement se mérite et même si tout paraît fluide, le temps s’écoule vite.

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La frontière entre Hong Kong et la Chine est placée dans la gare. @Matthieu Verrier

Un train équivalent au TGV

Le quai de West Kowloon est le dernier lieu en vogue pour les selfies. Les voyageurs aiment à immortaliser leur dernier instant avant de connaître la grande vitesse sur le territoire hongkongais. A l’intérieur, le confort de la seconde classe équivaut à celle d’un TGV français. Avec une célérité quasi-identique. Le compteur, visible dans les voitures, affiche 300 km/h en vitesse de croisière. Le passage au wagon-bar n’aidera pas à départager les trains à grande vitesse de l’Hexagone et de Chine.

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Les difficultés

C’est au retour que tout se corse. Si le sac à dos a passé la sécurité sans encombre à Hong Kong, l’un des deux couteaux suisses a attiré l’attention du personnel de la gare de Changsha lors d’un trajet intérieur, quelques jours avant le retour. Il a donc fallu récupérer l’objet avant d’embarquer dans le Changsha-Hong Kong… et repasser la sécurité. Forte heureusement, la préposée au contrôle s’était assoupie devant l’écran lors du passage du sac et du couteau frauduleux.

Ensuite, les files d’attente se mêlent devant les portes d’embarquement. Si bien que, sans être très concentré et sans comprendre les annonces émises uniquement en chinois, il est possible de rater son train.

Retour alors à Hong Kong avec quelques heures de retard sur les prévisions. Il faut bien sûr passer une nouvelle fois la frontière, avec quelques facilités pour les résidents hongkongais.

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La gare de West Kowloon est toute en coubes. @Caroline Vandershooten

Bilan

Hong Kong est effectivement rapproché de villes chinoises grâce à sa connexion au plus grand réseau à grande vitesse du monde. Le train permet de parcourir des yeux les paysages du sud du pays. Pour le nord, il faut compter une huitaine d’heures.

L’expérience des gares n’est plus ce qu’elle était. Les dernières embrassades sur le quai sont désormais impossibles. Il s'agit plus d’un parcours d’aéroport, frontière et sécurité obligent. Les infrastructures ne permettent pas non plus de relier un centre ville à un autre par la seule ligne à grande vitesse. Chine et Hong Kong se rapprochent tout en gardant leurs distances.
 

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Matthieu Verrier journaliste Hong Kong

Matthieu Verrier

Journaliste et chroniqueur politique pendant dix ans en France et auteur du Contremanuel de la politique (2016, éd. Tana), Matthieu Verrier a rejoint Hong Kong en janvier dernier.
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