Où en est le Covid en Chine ?

La vague Omicron en Chine de décembre 2022 à mars 2023

A la suite de la disparition soudaine des restrictions sanitaires relatives à la politique Zéro Covid en Chine en décembre 2022, une première vague du variant Omicron a submergé le pays. Apparemment, Omicron avait déjà débordé les mesures en place pour protéger la population avant que celles-ci soient abandonnées.

Peu ou mal vaccinés, jusqu’à 37 millions de Chinois auraient alors été infectés chaque jour, d’après des comptes rendus de réunions internes du China’s National Health Commission qui ont fuité (21 décembre 2022). D’après Wu Zunyou, chief epidemiologist du China Center for Disease Control and Prevention, sur son compte Weibo, 80% de la population chinoise avait depuis été mis en contact avec Omicron.

Ces données sont cependant soumises à caution puisque les tests, omniprésents jusqu’en décembre, avaient totalement disparu dès janvier. Les guérites et laboratoires mobiles ont en effet été abandonnés. Le Chinese Center for Disease Control and Prevention a aussi arrêté de rapporter ses statistiques hebdomadaires sur les infections.

D’après le National Health Commission le 19 janvier dernier, China avait déjà passé le pic avec moins de patients hospitalisés dans les « fever clinics », les unités d’urgence et aussi moins de patients en situation critique.

La vague XBB depuis avril 2023

Le Covid a alors disparu du discours officiel et le gouvernement a remobilisé les forces vives du pays sur l’économie et le retour à la vie normale. En février, le gouvernement se félicitait de sa « victoire décisive » sur le virus et affirmait que la Chine avait le taux de mortalité le plus bas au monde. Ce répit a été de courte durée, car la deuxième vague a commencé officiellement depuis avril.

Cette vague a été annoncée par Zhong Nanshan, l’expert officiel du Covid en Chine, dès avril. Il a ainsi évoqué ses analyses durant un séminaire public sur la santé à Canton. Faute de données fondées sur des résultats de tests PCR, puisque ceux-ci ont disparu, Zhong Nanshan a utilisé un modèle statistique. Celui-ci évoque une épidémie liée au variant XBB. Elle évoque 40 millions d’infections par semaine en mai et jusqu’à 65 millions en juin.

Le nombre d’infections à Pékin, par exemple, aurait été multiplié par 4 entre le 15 et le 21 mai.

Zhong Nanshan va cependant à l’encontre du discours officiel puisque les fonctionnaires du ministère de la santé estiment que la vague XBB a déjà atteint son pic et l’épidémie est en reflux.  Zhong Nanshan voit la vague enfler encore quelque temps. Il se veut cependant rassurant et conclut sur l’importance de la vaccination et la mise sur le marché de vaccins (chinois) adaptés à ce nouveau variant.

Faut-il avoir peur, à Hong Kong et ailleurs ?

Pour Huang Yanzhong, senior fellow en charge des questions de santé au think tank américain Council on Foreign Relations (cité dans Time magazine), la population a atteint une certaine immunité de la vague précédente.

We shouldn’t worry if China doesn’t worry

La crainte est, pour ce nouveau variant comme pour les précédents, qu’une population mal vaccinée et avec une faible immunité car peu en contact avec le virus précédemment, développe un nouveau variant qui résiste aux vaccins existants. Ce variant pourrait aussi se combiner avec un variant plus létal, tel que Delta.

D’après les experts, XBB est cependant peu différent de Omicron donc les vaccins devraient aider. Les symptômes respiratoires en sont plus légers. La nouveauté semble être une gêne digestive. Hors de Chine, pour les personnes ayant déjà été en contact avec plusieurs variants, XBB ne semble pas présenter de risque majeur.

Ce qui inquiète la communauté internationale est plus l’absence de données en Chine. Les décès enregistrés entre octobre et décembre 2022 n’ont toujours pas été partagés. Ils donneraient pourtant des indications sur la grande vague Omicron et l’immunité collective potentiellement développée. Cette vague inquiète car son ampleur, faute de chiffres, est invisible. La population chinoise a dû apprendre à vivre avec le Covid en un temps record. Il semble que les Chinois ont été tellement saturés de tests PCR qu’ils ne souhaitent aujourd’hui plus se tester, même avec des tests rapides. Un RAT même positif n’est d’ailleurs plus rapporté aux autorités sanitaires et n’apparaît dans aucune statistique.

Côté restrictions sanitaires, rien n’indique que le gouvernement chinois ou hongkongais envisage leur retour. La page du Zéro Covid, estampillée victoire décisive, est définitivement tournée.