POLLUTION DE L’AIR A HONG KONG – Quelles conséquences sur la santé ? (publi-info)

Publié le 9 mars 2016, mis à jour le 23 février 2018

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La cause principale de la pollution de l’air est la combustion du charbon (dans les usines et centrales en Chine) et du pétrole par les véhicules¹. Des études menées au plan mondial montrent que les conséquences sanitaires de cette pollution sont une augmentation de la mortalité cardiovasculaire, un accroissement du nombre d’admissions hospitalières et des maladies respiratoires chez l’enfant.

A Hong Kong, même si le taux d’asthme chez l’enfant est comparable à celui observé aux US, au Royaume Uni ou en Australie (presque 10%), la pollution de l’air a des effets néfastes sur la santé. Heureusement, il existe des solutions efficaces pour réduire son exposition aux polluants atmosphériques.

Les effets sur la santé

L’exposition chronique à la pollution de l’air peut être dangereuse chez l’enfant. Les particules et polluants émis par les centrales à charbon et les véhicules à essence et diesel peuvent entrainer des naissances de faible poids, des troubles de la fonction pulmonaire, des problèmes respiratoires et des troubles du développement⁶infantile.

Les particules fines, l’ozone, les émissions de diesel, les hydrocarbures aromatiques polycycliques sont notamment suspectés de contribuer chez l’enfant⁸au développement de l’asthme, dont la prévalence a augmenté ces 30 dernières années dans le monde développé. De plus, l’exposition à la pollution atmosphérique pendant la croissance peut provoquer une diminution du volume des poumons et au final une augmentation du risque de maladies respiratoires chroniques⁹.

Chez l’adulte, les risques majeurs de l’exposition à la pollution de l’air sont les problèmes respiratoires (en particulier l’exacerbation d’un asthme préexistant et les bronchites chroniques) ainsi que les maladies cardiovasculaires. En effet, il est désormais de plus en plus reconnu que la pollution de l’air est un élément déterminant dans l’apparition de maladies cardiovasculaires au sein des communautés urbaines. Des études ont établi un lien entre une exposition forte à la pollution et la survenue d’épisodes cardiovasculaires indésirables tels que des admissions hospitalières pour angine de poitrine, infarctus du myocarde, insuffisance cardiaque. Une exposition à long-terme augmente également le risque de décès par insuffisance coronarienne¹⁰.

Comment la pollution de l’air provoque-t-elle ces problèmes de santé ?

Les polluants atmosphériques sont dangereux pour les poumons car ils sont responsables d’un stress oxydant générant une inflammation. Cette inflammation provoque toux et asthme à court terme et augmente les risques d’infection.

L'inflammation peut également devenir systémique c’est-à-dire se développer dans l’ensemble de l’organisme ; elle peut alors conduire à un rétrécissement des vaisseaux sanguins et à un épaississement du sang, des changements pouvant entrainer des problèmes cardiovasculaires à court ou long terme¹¹.

Qu’en est-il à Hong Kong ?

Hong Kong est l’une des villes les moins polluées de Chine. Les données fiables publiées par l’ambassade américaine à Pékin montrent en effet que l’air est considérablement plus pollué dans la capitale chinoise qu’à Hong Kong. Pics et nuages de pollution y sont fréquents. En janvier 2013, l’ambassade américaine enregistrait un taux de pollution record de 755¹² (index global de qualité de l’air).

Comme mentionné précédemment, des études sur les effets à court terme de la pollution de l’air ont été menées dans l’ex-colonie britannique ; la plupart des études sur les effets à long terme ont été, quant à elles, réalisées aux USA ou en Europe, des zones dont l’air est moins pollué qu’à Hong Kong. Ici, la pollution de l’air excède souvent les limites fixées par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), provoquant 3200 morts évitables par an, (chiffres publiées par la Hong Kong University).

Quelles sont les mesures mises en place ?

Le Département de la Protection de l’Environnement de la ville a mis en place une large série de mesures couvrant les transports terrestres et maritimes, les centrales électriques, ainsi que les engins mobiles non routiers, pour réduire la pollution de l’air. 82000 véhicules commerciaux équipés de moteurs diesel pré-euro IV seront ainsi progressivement supprimés d’ici fin 2019¹³.

Pourquoi les avancées à Hong Kong sont-elles si lentes ?

Pour le magazine The Economist (2012), le problème est avant tout politique. Selon Eric Bohm, l’ancien président de WWF à Hong Kong, les résidents souhaitent réellement un environnement plus sain - un point de vue confirmé par les différents sondages d’opinion - mais les lobbies modèrent souvent les mesures anti-pollution, même les moins contraignantes. Au moment de son départ, M. Bohm pointait du doigt « le système de représentation politique, qui fait passer les intérêts personnels avant l’intérêt général »¹⁴.

Que faire alors? Comment agir ?

Vivre à Hong Kong en éliminant tout risque de pollution de l’air est évidemment illusoire. Cependant, dans la mesure où il existe une corrélation dose/effet, minimiser son exposition à la pollution est la meilleure des options.

Le trafic routier générant une forte concentration de polluants, il est ainsi préférable de vivre loin des rues à circulation dense.

L’utilisation de filtres à air de très bonne qualité peut également aider à diminuer l’exposition aux polluants, une solution particulièrement efficace pour les lieux dans lesquels vous passez le plus de temps. Un jeune enfant pouvant rester jusqu’à 12h dans sa chambre, installer un filtre à air dans cette pièce a un effet important sur l’exposition globale à laquelle il est soumis.

Une excellente étude sur les effets bénéfiques de l’utilisation des filtres à air a récemment été menée à Shanghai dans le milieu étudiant¹⁵. Les chercheurs ont observé que l’utilisation de ces machines réduit la concentration en PM2.5 (des particules polluantes particulièrement nocives) de 57% pendant les heures de fonctionnement du filtre, et diminue de façon significative le taux de marqueurs sanguins de l’inflammation.

Les dommages pulmonaires causés par la pollution de l’air sont provoqués par le stress oxydant ; or, il semble que la protection des poumons face aux lésions engendrées par ce stress oxydant soit dépendante du système anti-oxydant¹⁶. Ainsi un régime alimentaire sain, riche en minéraux et antioxydants aurait de nombreux bénéfices et pourrait notamment aider l’organisme à maintenir ses défenses. L’un des principaux antioxydants dans le poumon est le glutathion. Il est possible d’augmenter le taux de glutathion en prenant de l’Acetyl Cystéine, que l’on trouve facilement sous forme de supplément ou de médicament OTC (Fluimicil). Il est également établi que le paracétamol (aussi connu sous le nom d’acetaminophen) diminue les taux de glutathion et pourrait donc augmenter le risque de développer de l’asthme. Ainsi, en cas d’exposition à la pollution de l’air, il pourrait être intéressant de traiter fièvre et douleur par de l’ibuprofène plutôt que par du paracétamol¹⁷.

Il a été également démontré qu’une supplémentation en huile de poisson (qui présente en outre plusieurs effets bénéfiques sur la santé) réduit aussi les effets néfastes de la pollution de l’air chez l’adulte, très probablement grâce à ses propriétés anti-inflammatoires ; ces résultats s’appliqueraient également à l’enfant.

Démarrer rapidement un traitement anti-inflammatoire par voie orale ou par inhalation chez les enfants présentant de l’asthme dans un environnement pollué, permet de réduire l’irritation et de prévenir les dommages.

Bien que ces mesures de protection soient efficaces, du moins partiellement, il est important de continuer à faire pression sur le gouvernement de Hong Kong pour exiger une amélioration de la qualité de l’air, notamment en réclamant des mesures simples comme le retrait de nos routes des véhicules diesel particulièrement polluants.

(www.lepetitjournal.com) jeudi 10 mars 2016

Notes

1- http://www.greenpeace.org/eastasia/campains/air-pollution/problems/
2- Wong et al. Environmental Perspectives Vol. 110, No 1, Jan 2002
3- Wong et al. J Epidemiology Community Health 1998 ; 52 ; 571-578
4- Peters et al. International Journa of Epidemiology, Vol. 25, No 4, 821-827
5- http://www.hkasthma.org.kh/en/aboutasthma-hong-kong
6- (Bobak and Leon 1992; Gauderman et al. 2004; Granjean and Landrigan 2006; Ha et al. 2003; Miller et al. 2004 ; Perera et al. 2006b ; Sram et al. 2005 ; Woodruff et al. 1997)
7- (Beasley et al. 2003 ; National Institue of Health 2001)
8- (Etzel 2003; Strachan 2000)
9- (Gauderman et al. 2000; Shea 2003)
10- Adverse cardiovascular effects of air pollution. Nature 2008
11- Environmental Health Perspectives, Vol. 116, No 8, August 2008
12- www.amcham-shanghai.org/.../2013/INSIGHT-trouble-in -the-Air.pdf
13- http://www.epd.gov.hk/epd/english/environmentinhk/air/prob_solutions/strategies
14- “Not so Fragrant” Economist 22nd Sept 2012
15- Cardiopulmonary Benefits of Reducing Indoor Particles of Outdoor Origin. J Am Coll Cardiol 2015
16- Oxidative stress and Air Pollution. Journal of Toxicology 2011
17- Paracetamol Exposure in Pregnancy and Early Childhood and Development of Childhood Asthma, M Cheelo et al, Arch Dis Child, 2015:100(1): 81-89