La semaine dernière, une alerte lancée par Greenpeace a mis en lumière une réalité préoccupante : le Parc Géologique Mondial UNESCO de Sai Kung, joyau naturel de Hong Kong, subit une pression croissante. Plus particulièrement, l’île de Sharp Island, ou Kiu Tsui Chau, fait face à un afflux touristique difficile à réguler, qui commence à affecter son fragile équilibre écologique. L’alerte a été relayée par la presse locale et a suscité l’intérêt du public, mettant en lumière les défis liés à la préservation de ces sites naturels très fréquentés.


Sharp Island : la beauté à l’épreuve du nombre
Imaginez un instant : des eaux claires, des formations rocheuses singulières, une riche biodiversité marine et des sentiers de randonnée prisés des visiteurs. C’est le décor de Sharp Island, une destination appréciée, notamment pour la plongée avec tuba.
Cependant, la fréquentation du site interroge. Selon Greenpeace, plus de 4 000 personnes ont visité l’île le 1er octobre 2025, premier jour des vacances de la « Golden Week » chinoise. À titre de comparaison, le gouvernement a recensé environ 2 000 visiteurs le même jour au barrage est du réservoir de High Island, une autre zone populaire du géoparc.
L’engouement pour Sharp Island s’explique en partie par sa visibilité croissante sur les réseaux sociaux chinois, notamment sur RedNote, où de nombreuses publications mettent en avant la beauté du site. Cette popularité soudaine soulève aujourd’hui des questions quant à la capacité de l’île à accueillir durablement autant de visiteurs.
Protéger, oui… mais comment ?
Les observations relayées par Greenpeace soulignent plusieurs comportements problématiques : certains visiteurs ont été aperçus marchant sur les coraux, manipulant des organismes marins comme des étoiles de mer, des oursins ou des palourdes, et laissant des déchets sur leur passage.
Patrick Lai, directeur adjoint du Département de l’Agriculture, de la Pêche et de la Conservation (AFCD), a indiqué que des « dommages mineurs » avaient été constatés sur les coraux des zones peu profondes, là où la plongée avec tuba est la plus courante. Selon les groupes écologistes, ces atteintes, bien que limitées à une surface d’environ quatre mètres carrés, pourraient nécessiter plusieurs années pour être complètement réparées. Les coraux étant particulièrement fragiles et ne croissant qu’à raison d’environ un centimètre par an, même de petites perturbations peuvent avoir un impact durable sur l’écosystème marin.
Le Parc Géologique Mondial UNESCO de Hong Kong, dont Sharp Island fait partie, abrite des formations géologiques et des habitats protégés par la loi. Sur le terrain, toutefois, les règles ne semblent pas toujours respectées : camping non autorisé, feux ouverts ou activités en dehors des zones délimitées mettent à l’épreuve les dispositifs de protection existants.
Greenpeace invite le Bureau de la culture, des sports et du tourisme (CSTB), responsable de l’écotourisme, à collaborer avec l’AFCD (Agriculture, Fisheries and Conservation Department) et d’autres départements afin de mener des études de référence écologique et d’évaluer la capacité d’accueil des sites, et à envisager des quotas ou d’autres mesures de régulation. Une pétition publique a été lancée pour soutenir ces actions et sensibiliser le gouvernement et les visiteurs à l’importance de la protection de l’environnement naturel.
L’urgence d’une régulation du tourisme
Face à cette situation, Greenpeace a appelé le gouvernement de Hong Kong à renforcer les mesures de conservation pour protéger les îles périphériques de Sai Kung. L’ONG note que l’approche actuelle, centrée sur la surveillance de points particuliers, reste limitée et fragmentaire.
Plusieurs propositions concrètes sont à l’étude. Le conseiller du district de Sai Kung, Wong Wang-to, a suggéré d’instaurer des quotas pour les activités nautiques à Sharp Island. De son côté, l’AFCD prévoit de renforcer les patrouilles conjointes avec la police et le Département des Affaires maritimes, tout en étudiant des mesures de régulation de la fréquentation.
La préservation des sites naturels de Hong Kong demeure un enjeu important. Il s’agit de trouver un équilibre entre tourisme et protection de l’environnement. Une gestion adaptée, accompagnée de sensibilisation et de suivi scientifique, permettra de garantir que des lieux comme Sharp Island continuent d’être appréciés sans compromettre leur intégrité.
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