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Rétrospective Yayoi Kusama au M+ de Hong Kong

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Écrit par Alexia Ashworth
Publié le 24 novembre 2022, mis à jour le 5 février 2023

A l’occasion de l’exposition Yayoi Kusama : de 1945 à aujourd’hui présentée au M+ de Hong Kong, nous vous parlons de la vie et de l’œuvre de celle qui est l’artiste femme japonaise la plus connue et côtée au monde. Même sans connaître son nom, vous avez forcément vu une de ses citrouilles, fait l'expérience des mises en abyme de ses «Infinity rooms» ou repéré ses « polka dots » dans ses collaborations avec Louis Vuitton ou Veuve Clicquot…

 

Le parcours de Kusama

Enfance au Japon, relations mère-fille conflictuelles et premières hallucinations

Née au Japon en 1929 dans une famille aisée, Yayoi Kusama se découvre une passion pour l'art dès l'enfance, dessinant les végétaux qu'elle observe dans la pépinière de ses parents. La mère de Kusama, sévère et, d'après l'artiste, « physiquement abusive », cherche à marier sa fille et ne soutient pas sa vocation d’artiste. Kusama cache ses œuvres afin que sa mère ne les détruise pas.

Ses premières hallucinations, visuelles et auditives, la tourmentent vers l’âge de 10 ans : les motifs de la nappe dans la salle à manger familiale se multiplient, recouvrant toute la pièce dont elle-même.

Pour maîtriser ce qu’elle vit, elle dessine frénétiquement, surtout des pois et des filets répétés à l’infini.

Pendant la guerre, elle travaille dans une usine de parachutes. Après la guerre, elle intègre enfin l’école d’art, même si son entourage s’y oppose farouchement : être artiste n’est pas convenable.

1957-1973 aux Etats-Unis : self-obliteration, happenings et performances

Formée à la peinture traditionnelle japonaise, elle s'installe à New York en 1957, s’échappant ainsi du conservatisme et d’une famille qui bridait sa vocation d’artiste. Elle juge son pays natal « trop petit, trop féodal, et trop méprisant des femmes ».

Grande admiratrice de Georgia O'Keeffe, elle vit des débuts difficiles mais réussit à s’imposer comme une artiste d’avant-garde pour son langage artistique, unique et radical. Figure emblématique des années hippies, elle marque avec ses performances liées à la nudité et à la liberté de jouir de son corps.

Depuis 1973 au Japon : entre hôpital psychiatrique et travail intensif

Elle retourne au Japon en 1973. Dépressive, elle multiplie les tentatives de suicide et se fait interner volontaire dans un hôpital psychiatrique de Tokyo dans lequel elle vit depuis 45 ans. L'art devient thérapeutique et elle poursuit son œuvre avec acharnement dans le Studio qu’elle a installé à proximité.

Ventes aux enchères, expositions-phénomènes et rétrospectives se multiplient (à la Tate Modern, au Whitney Museum of American Art, au Centre Pompidou et aujourd’hui au M+). Merchandising, livres, film documentaire... Kusama conserve le contrôle de sa propre légende.

L'oeuvre de Kusama : une esthétique personnelle singulière

Prêtresse d’un art total, hypnotique et coloré, Kusama est connue dans le monde entier pour ses impressionnantes installations immersives.

 

Oeuvres de Y. Kusama

Polka dots

Yayoï Kusama a fait des pois sa griffe et de sa maladie mentale une source de créativité. Touchée par un trouble obsessionnel, elle décline les pois aux sens multiples à l’infini, fruits de sa névrose, pour exprimer tantôt l’angoisse de l’oblitération de l’individualité, tantôt le désir d’auto-anéantissement (self obliteration) et d’interconnexion en ne faisant qu’un avec l’univers. Elle dit ainsi : « Ma vie est un pois perdu parmi des milliers d’autres pois. »

Ces pois se déclinent sur des toiles, du papier, du tissu, des animaux, des corps nus ou des sculptures de cucurbitacées.

Infinity nets

Inspirée par la vision de l’océan depuis l’avion qui la mène aux Etats-Unis, elle peint ses Infinity Nets, filets géants peints sur grands formats. Constitués de milliers de motifs semi-circulaires, ils n’ont ni commencement, ni fin, et sont écrits à la manière d’une calligraphie inconsciente et obsessionnelle.

Accumulations et rapport au sexe

Entre la volonté que sa mère avait de la marier et les frasques adultères de son père qu’elle surprend un jour avec l'une de ses maîtresses, Kusama subit un traumatisme qui va définir sa carrière : « Je n'aime pas le sexe. Longtemps, j'ai refusé d'avoir une vie sexuelle. Chez moi, l'obsession sexuelle et la peur du sexe cohabitent. »

Elle accumule des sculptures aux formes phalliques, spongieuses, amorphes et molles, colonisant une barque, un canapé ou une échelle. Une façon pour elle de « maîtriser sa peur du sexe ».

Elle organise également des happenings. Libération sexuelle, critique violente de la société de consommation et politisation de l’art deviennent l’enjeu majeur de ses performances.

Infinity mirror rooms

Yayoi Kusama conçoit des environnements immersifs et joue avec la notion d’espace. Avec des miroirs, elle le démultiplie. Avec des pois, elle l’envahit. Avec des lumières, elle rompt la frontière entre le spectateur et l’environnement.

L’exposition Kusama au musée M+ de Hong Kong

Cette grande rétrospective l’œuvre de Yayoi Kusama présente plus de 200 œuvres (peintures, dessins, sculptures, installations et documents d’archives), de ses premiers dessins réalisés à l'adolescence pendant la Seconde Guerre mondiale à ses plus récentes œuvres d'art immersives, provenant de collections majeures de musées et de collections privées, dont celle de l’artiste.

 

Infos pratiques : du 12 novembre 2022 au 14 mai 2023

10h-18h du mardi au jeudi et le week-end

10h-22h le vendredi

Fermé le lundi

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