Téo et Chiara sont étudiants à Sciences Po Paris et à HKU. Ils ont réalisé un reportage sur les domestics helpers, grand sujet de société à Hong Kong. Lundi, ils ont remporté un concours organisé chaque année par l’Association Dominique Baudis, Sciences Po, la Mairie de Toulouse et l'ARCOM.
Le Prix Dominique Baudis du court métrage
L'Association Dominique. Baudis rend hommage à ce journaliste et homme politique mort en 2014 en inscrivant son action dans la trace qu'il a laissée. Le Prix Dominique Baudis en fait partie : c'est un concours de court métrage amateur, pour les étudiants de Sciences Po, sur les thèmes chers à Dominique Baudis : engagement public, défense des droits, rapprochement des peuples et information publique, selon le site de l'association.
"Les sujets étaient extrêmement variés cette année" explique Benjamin Baudis, fils de Dominique Baudis membre de l'équipe d'organisation. C'est finalement Enjoy your Sunday, sur la vie des domestic helpers qui l'emporte lundi.
Chiara, initiatrice du projet de film sur les helpers
« J’ai découvert le sujet au plus fort de la pandémie à Hong Kong en mars 2022» explique Chiara. « Un débat a été lancé dans un groupe Facebook : est-ce que les familles permettaient à leurs employées de sortir le dimanche, avec le risque de transmettre la virus à la famille ? »
« Ça m’a énervé » lâche-t-elle.
Les domestics helpers sont à 98% des femmes, employées par les familles à Hong Kong, pour les tâches à domicile. Elles travaillent 6 jours sur 7, restent disponibles plus de 12 heures et leur salaire minimum est fixé à 4,630 HKD / mois (env. 600€). Hébergées et nourries dans les familles, les règles juridiques qui s'appliquent à elles sont cependant assez floues et les conditions de travail dépendent principalement de la bienveillance de l’employeur.
Les helpers de Hong Kong sont-elles exploitées ?
Pour répondre à la question, Chiara se base sur les standards européens tels que une rémunération décente, le droit à la vie privée, la protection du travailleur en cas de litige avec l’employeur...
« Je ne suis pas contre le principe des helpers, mais leurs conditions de travail et leurs droits ne sont pas les mêmes que les résidents permanents » juge-t-elle.
En effet, les helpers ne peuvent pas avoir accès à la carte de résidente permanente, elles ne payent pas d’impôts, et ont l’obligation de quitter Hong Kong deux semaines après la fin d’un contrat de travail, si elles n’en retrouvent pas un autre.
Elles font l’objet d’un intérêt médiatique important, notamment ces derniers mois, car elles ne sont pas éligibles aux bons à la consommation offerts par le gouvernement après la pandémie, entre 5000 et 10 000 HKD (615 et 1230€ respectivement).
Partie à la rencontre des helpers un dimanche, c’est une autre réalité qu’elle découvre avec Téo.
A la rencontre des domestics helpers : "Aucune d'entre elle ne s’est plainte"
Deux semaines ont été nécessaires aux étudiants pour terminer le reportage. Le tournage a cependant été réalisé en un dimanche, la seule journée de repos des domestic helpers. Téo, est marqué par la résilience dont font preuve ces femmes :
« Aucune d’entre elles ne s’est plainte, elles ne parlent pas d’elles-mêmes quand on aborde les problèmes, mais prennent l’exemple d’amies [...] elles ont intériorisé le fait que tout va bien »
Au final, quatre axes d'analyse sont à découvrir : la résilience, l'argent, la charge de travail et la fatigue
2000€ de prix pour Téo et Chiara
Téo et Chiara vont se partager 2000€.
« A vrai dire, ce concours est un prétexte pour découvrir la réalité de la vie des helpers » conclut Chiara.
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