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Qui sont les Gurkhas?

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Un restaurant népalais à Hong Kong créé par une famille Ghurka @SCMP
Écrit par Patricia Herau-Yang
Publié le 21 mai 2020, mis à jour le 21 mai 2020

Combattants légendaires, policiers d’élite, les Gurkhas font partie de l’imaginaire liés aux colonies britanniques. Originaires du Népal pauvre, prêts à tout pour une carrière stable et admirée, l’indépendance des colonies les a déstabilisés. Où en sont les Gurkhas à Hong Kong?

Partis du Népal

Les Gurkhas sont un contingent militaire d’origine népalaise, qui a servi la couronne sans interruption depuis le Raj britannique en Inde, dès 1815. C’est impressionnée par les guerriers Gurkhas, qui s’étaient rebellés plusieurs fois contre l’empire, que l’armée britannique commence à recruter des mercenaires qui seront organisés en régiment. On peut les comparer aux Sikhs, qui maintenaient le calme dans la concession internationale de Shanghai.

Sam Manekshaw, un ancien maréchal de l'armée britannique indienne a un jour affirmé: "Si un Homme dit qu'il n'a pas peur de mourir soit il ment, soit c'est un Gurkha".

Dans la tradition népalaise, devenir Gurkha signifie honneur et sécurité financière pour la famille. La tradition se poursuit et les Gurkhas servent l’armée anglaise. Le recrutement très concurrentiel se fait souvent à l’issue d’un an d’entraînement volontaire non rémunéré, pour des jeunes de 17 à 21 ans.

 

 

Les Gurkhas sont célèbres pour leur bravoure, leur férocité et leur loyauté, ainsi que pour leur lourd couteau Khukuri, qui fait partie de l’héraldique et qu’ils accrochent à leur uniforme. Utilisé à la fois comme outil pour frapper et couper, il est aussi un poignard redoutable.

Installation à Hong Kong

A l’indépendance de la Malaisie britannique en 1957, la garnison qui y était postée, y-compris les Gurkhas, s’installe à Hong Kong. Jusqu’à 10 bataillons Gurkhas, soit près de 10.000 militaires et des milliers de membres de leurs familles, habitaient alors à Whitfield Barracks et Shek Kong Barracks.

Les Gurkhas à Hong Kong soutenaient la police dans des missions de sécurisation de la colonie au quotidien: maintien de l’ordre public, sécurité de VIP, opérations de secours en cas d’urgence, réparation des infrastructures, patrouille dans les parcs touffus du Hong Kong rural.

Mais leur rôle principal consistait en la protection des frontières, en temps d’immigration massive et illégale en provenance de Chine communiste: pendant la révolution culturelle (1966-1976), les réfugiés affluaient en si grand nombre que la colonie en était déstabilisée. Le recrutement de nouveaux Gurkhas, normalement annuel, a alors eu lieu trois fois par an.

Un ancien Gurkha témoigne sur ce rôle aux frontières: "During my 13 years of service as a Gurkha soldier, I think there are no border areas where I didn’t stand guard at night, and there is no country park or valley in Hong Kong where I didn’t set my foot during my army training. It started from Castle Peak range in the east, to Lo Wu, Mai Po, Man Kam To, Ta Kwu Ling, Sha Tau Kok and Plover Cove and then to the various tiny islands of Sai Kung. It was a month-long tour each time. We used to take turns guarding the border, and we were always there on duty, regardless of rain, heat or storm, all year around."

 

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Jeunes recrues Ghurkas posant à Hong Kong vers 1979 Photo@Gurung Dhiraj

 

Les Gurkhas en 1997

En 1997, environ 2/3 de la force Gurkha n’étaient plus désirés. Ils ont été autorisés à rester à Hong Kong, ils ont alors reçu des HKID mais pas le passeport hongkongais. En 2008, une loi votée au parlement britannique a autorisé les Gurkhas ayant pris leur retraite avant 1997 à s’installer au Royaume-Uni. Les Népalais qui sont restés étaient encore en âge de travailler.

L’armée coloniale avait fait le choix de ne pas les former en cantonais ou à la culture locale, pour éviter qu’ils se rapprochent trop de la population et compatissent avec les réfugiés. Militaires, leur démobilisation et entrée dans le monde civil s’est avérée très difficile.

Ils se sont installés à Yau Tsim Mong et Yuen Long pour 2/3 d’entre eux, près de leurs anciennes casernes. Avec un fort esprit communautaire, ils ont préféré partitionner des logements plutôt que de postuler pour des public housing: les public housing les aurait séparés.

Aujourd’hui en Angleterre

En Angleterre, la couronne britannique les honore, par exemple pour leur contribution sur le front en Afghanistan:

 

 

Ils sont toujours recrutés par l’armée et les commentaires de militaires britanniques qui les ont côtoyés sont extrêmement laudatifs.

 

 

Un musée leur est dédié, à Winchester (Grande Bretagne).

A Hong Kong

Ici, c’est une autre histoire. Le Hong Kong Museum of Coastal Defence inclut bien un volet dans sa collection sur la contribution des Gurkhas à la protection de Hong Kong, mais il a fallu passer en juillet 2008 une loi anti-discrimination, The Race Discrimination Ordinance, qui pénalise la discrimination raciale à Hong Kong dont se plaignaient les Gurkhas.

Avec 8% de la population dite ethnique, soit à peine 60.000 personnes, les Népalais à Hong Kong ne sont pas invisibles dans la société, les media et les politiques gouvernementales. Ils ont aussi organisé des associations pour la défense de leurs intérêts et sont un groupe en croissance.

Mais depuis leur démobilisation, 80% des Gurkhas et descendants de Gurkhas travaillent dans la sécurité, la construction, le nettoyage, le service ou le ménage.

 

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Membres d'une société de protection à Hong Kong Photo@Ghurkas Ekta Security Services Ltd

 

S’ils parlent plusieurs dialectes népalais et anglais très bien, ils parlent mal le cantonais. Suivre une scolarité en cantonais est hors de question, et en anglais très difficile, notamment depuis la mise en place d’une politique sur l’enseignement des langues en 1998: pour intégrer Hong Kong à la Chine, le nombre d’écoles secondaires enseignant en anglais a chuté. Celles qui existent sont très élitistes ou très chères. A 15 ans, âge auquel l’éducation n’est plus obligatoire, beaucoup de jeunes Népalais doivent partir au Népal jusqu’à la fin de leurs études, mais les diplômes obtenus sont mal reconnus à Hong Kong.

Les jeunes Népalais n’ont pas le niveau en cantonais, notamment écrit, pour accéder à des postes de fonctionnaires. Les descendants de Gurkhas, élevés dans une tradition quasi-militaire, militent pour accéder à des carrières de policiers ou pompiers, mais là encore le cantonais limite leurs opportunités. Des entreprises leur proposent des postes, MTR notamment sous-traite à des entreprises Gurkhas reconnues.

Une expertise leur est reconnue: la résistance physique en trail. De grands circuits de randonnée et trail ont été tracés par les Gurkhas pendant leurs tournées. Ils sont imbattables aux trails hongkongais. Un trail leur est dédié, le Gurkha Trailblazer, la prochaine édition aura lieu le 10 octobre. Les fonds levés sont donnés aux enfants désavantagés au Népal et aux jeunes pour leur permettre de rester scolarisés.

 

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