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L'OMS est-elle le nouveau terrain de jeu diplomatique de la Chine ?

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La dirigeante de Taïwan s’exprime au sujet de l’opposition de la Chine à sa participation à l’Assemblée Mondiale de la Santé en accusant celle-ci de “conspiration”
Écrit par Guillaume Clément
Publié le 29 mai 2023, mis à jour le 29 mai 2023

En 2017, le « Taipei chinois » a perdu son statut d’observateur à l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Aujourd’hui, la France appelle à réfléchir à cette question sans remettre en cause sa reconnaissance d’une seule Chine.

Quel statut pour Taiwan à l’OMS ?

Depuis le 21 mai, et jusqu’au 30, Genève accueille l’Assemblée Mondiale de la Santé (AMS). Certes, au sein de cet organe décisionnel de l’OMS, on constate aujourd’hui moins de polémiques sur la pandémie de Covid-19 car ce coronavirus semble avoir perdu en dangerosité. Mais les tensions se sont parfois déplacées sur le terrain diplomatique.

Tout part du statut de l’île de Taiwan dans cette assemblée. A l’époque de sa présidence à Taipei (2008-2016), Ma-Jing Yeou, du parti Kuomintang, avait accepté le « consensus de 1992 », qui s’appuyait sur le principe que Taiwan et le Mainland constituaient « une seule Chine ».  De ce fait, un siège d’observateur à l’AMS avait été dévolu en 2009 à son gouvernement sous le nom de « République de Taipei ».

Exclusion de Taïwan de l’AMS

Cependant, en 2016, le basculement du pouvoir à Taipei change tout. La nouvelle élue à la présidence, Tsai Ing-Wen, toujours en place aujourd’hui, représente le Parti démocrate progressiste (DPP), davantage opposé à Pékin. Logiquement, la fin du consensus de 1992 se traduit par une exclusion de la République de Taipei de l’AMS, l’année même de l’élection de cette nouvelle présidente.

De ce fait, depuis 2017, les presque 24 millions d’habitants de l’île sont privés des services de l’OMS, notamment son réseau de surveillance. De même, l’alerte de Tsai Ing-Wen, en décembre 2019, sur la pandémie à venir, n’a pas eu d’écho auprès de l’agence onusienne.

Dans le même temps, le gouvernement en place à Taipei a perdu de plus en plus d’influence diplomatique. Sous la présidence actuelle, neuf des derniers pays qui reconnaissaient encore Taiwan ont rompu les relations avec ce gouvernement, que ce soit le Panama (2017), le Salvador (2018), la République dominicaine (2018), le Nicaragua (2021) ou plus récemment le Honduras (25 mars 2023). Taiwan n’est plus aujourd’hui reconnu que par 13 états dans le monde, souvent très petits.

Position de la France et élections à Taïwan 

Face à cette situation, la France a rappelé son opposition formelle à la reconnaissance de Taiwan. Interrogée à ce sujet, la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a répété : « non, je ne le prévois pas et j’ajouterais même que je ne pense pas que cela soit approprié ». En revanche, elle s’est déclarée « favorable à la présence de Taiwan dans certaines organisations internationales spécialisées, là où sa présence a ou aurait une valeur ajoutée », citant de ce fait l’OMS. Elle a toutefois rappelé que cette présence ne signifierait pas une « reconnaissance comme Etat ».

La solution viendra peut-être de l’élection présidentielle prévue en janvier 2024 sur l’île. Le retour du consensus de 1992 pourrait venir d’une victoire du Kuomintang, qui sera représenté par Hou You-Yi, actuel maire de New Taipei City. En revanche, une victoire de Lai Ching-Te, représentant du DPP, actuel vice-président et maire de Tainan, aurait certainement les conséquences inverses.

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