L’interprète de "Rose, je t’aime" et de “Je ne peux pas avoir ton amour”, Yao Lee (1922-19 juillet 2019) vient de nous quitter à l’âge de 96 ans. Elle avait commencé sa carrière à Shanghai pendant la période de l’occupation japonaise, dans les concessions assiégées, et l’avait poursuivie à Hong Hong, y devenant une icône de la pop chinoise dans les années 50 et 60.
Chantant pour la première fois à la radio de Shanghai à l’age de 13 ans en 1935, elle enregistrait son première disque à l’âge de 14 ans. Dans les années 40, elle est surnommée “la voix d’argent de la Chine”, la voix d’or étant alors Zhou Xuan, l’autre star du moment. L’hôtel Yangtze, symbole de l’art de vivre du "swinging Shanghai" des années 1930 et 1940 était son écrin. En 1940, la jeune chanteuse y interprétant pour la première fois la célèbre chanson "Rose, je t’aime", dans la salle de spectacle toujours pleine, où la bourgeoisie, pas toujours honnête (Shanghai est la capitale des gangs et de l’opium), venait se distraire pour oublier la guerre qui entourait la ville. C’était l’époque des concessions étrangères, quand le secteur du champs de course était connu comme le "secteur des loisirs". Un dicton chinois de cette époque nous est resté "les chevaux courent toujours", signifiant que tant que l’on s’amuse aux courses, le chaos environnant n’a pas d’importance. Ce dicton sera souvent utilisé à Hong Kong dans les années qui suivent la rétrocession à la Chine pour indiquer qu’en apparence tout du moins, rien n’avait changé dans le mode de vie des Hongkongais.
Hong Kong, la renaissance
Hong Kong, c’est précisément la ville de la renaissance de Yao Lee, venue en 1950 pour trouver refuge de la Chine communiste et qui va profiter de l’industrie florissante de la chanson pour relancer sa carrière. Elle chante en particulier le play back de films hongkongais, comme "la rivière des fleurs de pêcher" en 1955. Son style de voix change alors, devenant moins aigu, influencé par les standards américains comme la chanteuse Patti Page. On surnomme alors Yao Lee "la Patti Page de Hong Kong". Son tube le plus marquant de cette époque est sans doute "la brise du printemps embrasse mon visage" mais elle enregistrera en tout près de 400 titres! En 1969, elle occupe un poste à la direction des disques EMI de Hong Kong et contribue à produire de nombreux chanteurs locaux. En 1975, elle prend sa retraite mais continue de faire des apparitions dans plusieurs émissions populaires hongkongaises, véritable légende vivante. La disparition de ce grand nom de la chanson chinoise signe la fin d’un monde.
Quelques chansons de Yao Lee
Rose, I love you (1940): https://youtu.be/_-vv-tgoab0
Cocktail cha cha: https://youtu.be/pSuO6d7mVzE
Plus récemment, la bande-son de Crazy Young Asians (2018) est aussi une chanson de Yao Lee:
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