Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--

Internet et réseaux sociaux: la Grande Muraille à Hong Kong?

Réseaux sociaux Hong KongRéseaux sociaux Hong Kong
(Crédit: Wallpaperflare)
Écrit par Patricia Herau-Yang
Publié le 19 juillet 2020

Parmi les domaines impactés par la loi de sécurité nationale, l'internet et les réseaux sociaux figurent parmi les sujets sensibles. Le contrôle des contenus devient désormais possible sans même recourir à un jugement de justice. Hong Kong va-t-il bientôt être intégré dans le fameux firewall chinois, la "Grande muraille"?

Enquêtes de police

Hong Kong échappait jusque là à ce qu’il est convenu d’appeler la "Grande Muraille", concept passe-partout mêlant contrôle des équipements, applications, et contenus postés en Chine. A l’abri derrière la Grande Muraille, l’Internet chinois est protégé des contenus "subversifs", un des objectifs de la nouvelle loi. Or à Hong Kong, dans le cadre d’enquêtes liées à la sécurité nationale, la loi impose désormais aux entreprises actives sur Internet de censurer/modérer le contenu posté sur leurs réseaux. Elle accorde aussi le droit aux forces de police d'accéder aux données hébergées sur les équipements. Les peines peuvent aller d’amendes jusqu’à l’emprisonnement.

 

Réseaux sociaux Hong Kong
Twitter à Hong Kong (Crédit: Karunakar Rayker, Flickr)

 

Réactions des géants du net

Jusqu'alors à Hong Kong, les résidents avaient accès à des applications bloquées de l’autre côté de la Grande Muraille comme Google ou Facebook, remplacées en Chine par des applications locales: le moteur de recherche Baidu qui remplace Google, les réseaux sociaux WeChat et Weibo (équivalent Facebook, WhatsApp, Messenger, Twitter). Parmi les grands réseaux, seul LinkedIn, réservé à des usages professionnels, fonctionne en Chine. 

Depuis une semaine, suite à la mise en application de la loi de sécurité nationale à Hong Kong, les grands du Net ont réagi de deux manières. Google, Facebook, ainsi que Twitter ont suspendu l’accès aux données des utilisateurs. Manoeuvre destinée à gagner du temps avant de décider d'obtempérer ou de se retirer? L'avenir le dira. Ces applications n'étant pas présentes en Chine, le risque commercial lié à des sanctions de Pékin est minime tandis qu'il est important de garder la confiance des utilisateurs à l’étranger. Leur départ à terme est donc possible.

 

Réseaux sociaux Hong Kong
(Crédit: Kon Karampelas, Pixabay)

 

De son côté, TikTok a affirmé qu’il ne collaborerait pas et se retirait des app stores locaux. En fait, derrière cette action forte qui semble exprimer la résistance de TiKTok américain face à la loi, TikTok n’a rien à perdre. La société a en effet un plan B: sa version chinoise, Douyin. Douyin continuera en effet d’être présente à Hong Kong avec ses serveurs chinois, qui vont désormais être les seuls à servir Hong Kong. Rappelons que TikTok, vue comme une société chinoise, a été interdit par le Premier Ministre Indien dans le cadre des représailles suite aux incidents frontaliers récents. Néanmoins, TikTok aura du mal à jouer sur les deux tableaux. Le Secrétaire d’Etat Mike Pompeo affirmait lundi que le gouvernement américain "regardait sérieusement" ("certainly looking") l’opportunité de bannir TikTok aux USA. M. Pompeo a glissé que les autres applications chinoises comme WeChat, ont du souci à se faire.

Facebook va-t-il quitter Hong Kong?

Avec un taux de pénétration à Hong Kong supérieur à 80%, et ses soeurs (même société) Instagram et WhatsApp (aussi près de 80%), un départ impacterait beaucoup d'utilisateurs. Les rumeurs qui courraient sur la fermeture du service le 13 juillet n’ont cependant pas été confirmées. Quoiqu'il en soit, les téléchargements de Signal, une autre app de messagerie sécurisée, se sont envolés. Signal a déjà déclaré qu’ils ne communiqueraient pas les données utilisateurs, puisque la sécurité inhérente à l’app ne permet pas le stockage de ces données: "we don’t have user data to turn over" (Tweet du 6 juillet).

 

Réseaux sociaux Hong Kong
(Crédit: Ken, Pexels)

 

L'auto-censure, mal nécessaire

A la promulgation de la loi, beaucoup ont choisi de faire un grand ménage électronique. On se rappelle que des téléphones avaient été saisis et fouillés au passage à la frontière vers Shenzhen, au plus haut des manifestations de 2019. Rappelons que la loi est applicable à chacun sans distinction de nationalité. Un des points de départ de la loi était en effet le soupçon de manipulation par des forces étrangères. La prudence est donc de rigueur sur les réseaux sociaux, même pour les périodes de résidence hors Hong Kong.

Les personnes morales enregistrées à Hong Kong doivent aussi prendre en compte la nouvelle loi dans leurs procédures internes. Certains ont déjà lancé une mise à jour de leur code de bonne conduite pour les employés. La responsabilité porte aussi sur le contenu des commentaires des internautes sur les contenus rendus publics par les personnes morales. Il est possible de fermer les commentaires pour éviter les surprises.

 

Pour être sûr de recevoir GRATUITEMENT tous les jours notre newsletter (du lundi au vendredi)

Ou nous suivre sur Facebook et Instagram

 

Flash infos

    Pensez aussi à découvrir nos autres éditions