Édition internationale

Iv Charbonneau, LFI Hong Kong : "Les films des élèves pollinisent les esprits"

Le Festival International du Film Durable organisé par le Lycée Français de Hong Kong vient d'être récompensé par le Prix Education du Grand Prix France Hong Kong 2025 à l'occasion de sa 4e édition. Rencontre avec Iv Charbonneau, son initiateur passionné, qui nous raconte les coulisses d’un projet pédagogique, artistique et engagé devenu incontournable dans le réseau AEFE.

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Iv Charbonneau à droite et une partie du jury de la finale du Festival 2025
Écrit par Didier Pujol
Publié le 3 juin 2025, mis à jour le 6 juin 2025

Chaque année, on bat le record

Cette année, c’est la quatrième édition du festival. Quels sont les chiffres marquants ?

Nous avons reçu 87 films, un record ! C’était 60 l’an dernier, 50 l’année d’avant… Chaque édition dépasse la précédente, en nombre de films, de participants, mais aussi en diversité d’origines. Nous avons des contributions d’élèves du primaire jusqu’au lycée, venant de toute la zone Asie-Pacifique, mais aussi d’Haïti et de la République dominicaine. 

Le festival prend donc de l’ampleur chaque année ?

Oui, mais sans brûler les étapes. Il est né au sein du lycée de Hong Kong, s’est étendu à d’autres établissements de la ville, puis est devenu un projet PROZAP soutenu par l’AEFE. Aujourd’hui, on parle d’une vingtaine d’établissements impliqués, avec des ateliers, des formations, des rencontres en ligne tout au long de l’année.

Un an de travail pour dix minutes de film

Comment s’organise concrètement ce festival sur l’année scolaire ?

Il faut bien comprendre que ce qu’on voit en mai est l’aboutissement d’un travail de fond. Les élèves écrivent, tournent, montent, en parallèle de leurs cours. On forme les enseignants, on anime des ateliers, on discute des projets avec les élèves à Tokyo, Phnom Penh ou Hanoï. C’est un projet pédagogique de long terme, qui croise plusieurs objectifs : éducation aux médias, travail en équipe, engagement pour le développement durable.

Ce n’est donc pas une simple activité artistique ?

Non, c’est une conjonction d’objectifs éducatifs. Sortir des murs de l’école, devenir acteur d’un projet collectif, et s’éduquer à l’image. Aujourd’hui, tout le monde regarde des vidéos, mais très peu les produisent. Faire un film, même court, permet de comprendre profondément les choix de narration, les contraintes de production. C’est un apprentissage riche.

Nous encourageons les élèves à s'exprimer 

Quels sont les critères pour juger ces films ?

Nous avons défini quatre axes : le contenu, la créativité, l’impact et la démarche engagée. On évalue si le film nous apprend quelque chose, s’il porte un regard personnel, s’il touche ou fait réfléchir, et s’il montre un vrai travail de recherche ou de terrain. Cela dit, on insiste sur la subjectivité : chaque jury a son regard, c’est ce qui fait la richesse du festival.

Combien de personnes composent ces jurys ?

Cette année, 90 personnes, réparties dans toutes les catégories : Planète, Personnes, Prospérité, Paix, Jeunesse, et Impact. Ce sont des élèves, des enseignants, des professionnels du cinéma ou du développement durable. Chaque catégorie a ses lauréats, qui concourent ensuite pour le Grand Prix. Ce processus stimule beaucoup d’échanges et de discussions.

Des petites abeilles qui pollinisent les esprits 

Quels films vous ont particulièrement marqué cette année ?

Deux films ont été distingués. Banh Mi, réalisé par des élèves de Hanoï, dans la catégorie Paix, évoque avec subtilité la colonisation à travers une narration en deux temps, entre passé et présent. Il célèbre aussi les possibilités de réconciliation. Il a d’ailleurs remporté le prix du public avec 50 % des votes, dénotant l'importance de ce sujet en ce moment.

Et le film sur les abeilles ?

Il vient de l’école Xavier de Séoul et a remporté le Grand Prix dans la catégorie Planète. Le parti pris est original : la caméra adopte le point de vue d’une abeille, avec humour et créativité. Le propos est clair : même un petit insecte a un rôle clé dans l’écosystème. C’est une belle métaphore du festival : de petits films faits par de jeunes élèves, qui voyagent, touchent et éveillent.

Le prix Education 2025 renforce notre volonté 

Est-ce que le festival a un impact durable sur les élèves ?

Oui, on voit déjà des effets. Au lycée de Hong Kong, l’option cinéma se développe, des élèves se dirigent vers des études de cinéma – quatre cette année ! D’autres y trouvent des compétences utiles dans divers domaines. Et puis il y a les liens tissés avec les partenaires, les intervenants, les autres établissements. Une vraie communauté se forme, autour du cinéma et du développement durable.

Le festival a été distingué par le Grand Prix France Hong Kong 2025. Comment recevez-vous ce prix ? 

Nous avons en effet eu la surprise et la joie de recevoir le Prix Éducation lors du Grand Prix France-Hong Kong 2025 organisé par lepetitjournal.com. C’est une belle reconnaissance pour les élèves, les enseignants, les établissements engagés, et pour toute cette dynamique éducative et collective. Cela montre que l’on peut faire rayonner des initiatives scolaires bien au-delà des murs de l’école. Ce prix renforce notre volonté de continuer à faire vivre et grandir ce projet.

En savoir plus

📽️ Tous les films sont à retrouver sur la plateforme officielle. Les films réalisés sont largement visionnés dans tous les pays concernés et au delà.

🎬 La cérémonie de clôture à Hong Kong a réuni plus de 400 personnes sur le campus de Tseung Kwan O.

🌏 Des projections publiques ont eu lieu à Tokyo, Hanoï, Phnom Penh et Shanghai.

wechat Didier Pujol
Publié le 3 juin 2025, mis à jour le 6 juin 2025
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