Cet été sera pour de nombreuses familles internationales à Hong Kong le moment tant attendu de la réunion familiale, sur fond de quarantaine raccourcie et de vols plus fréquents. Ce 15 mai, Journée Internationale de la Famille (Nations Unies), l’ONG hongkongaise Society for Community Organization et la plateforme HK.WeCARE de l’ONG Wofoo Social Enterprises publiaient les résultats de leurs enquêtes sur l’état de la famille à Hong Kong.
70% des Hongkongais privés de réunions familiales
La première enquête a été lancée fin 2021 par cet acteur majeur de la scène caritative qu’est la Society for Community Organization. Elle a récolté 467 questionnaires remplis par des résidents de Hong Kong.
Les résultats font état de la difficulté pour les familles locales de voyager en raison de la quarantaine et de difficultés économiques pour assurer celle-ci. Le nombre de personnes arrivant de Chine via des autorisations de séjour a baissé de 70%. Celles-ci sont de plus en plus difficiles à obtenir. Depuis deux ans, seules 38 personnes ont pu obtenir le sésame chaque jour.
Le prix à payer par les familles a été lourd. En 2 ans de Covid, 50% des foyers ont été séparés. 70% ont revu leur plan de réunions familiales (un million de personnes ont des proches en Chine, 100.000 mariages unissent résidents hongkongais et Chinois). 21% n’ont pu s’occuper de leurs enfants, les couples et enfants ont été séparés pendant de longues périodes, les disputes ont été plus nombreuses, les discussions autour du divorce, plus fréquentes. Des 30.000 écoliers qui prenaient le bus scolaire depuis Shenzhen pour venir à l’école à Hong Kong chaque jour, 10% sont totalement déscolarisés. 17% indiquent avoir eu des décès de proches, et nombreux sont ceux qui n’ont pu assister à la crémation.
L’image d’une société chinoise harmonieuse fondée sur une forte tradition familiale et le respect des personnes âgées en prend un coup.
L'index de bonheur est au plus bas depuis 2019
L’enquête de HK.WeCARE, elle, s’intéresse particulièrement au bonheur ressenti par les familles. Sur les 1.633 personnes ayant répondu à l’enquête, un foyer sur cinq se dit malheureux. L’index de bonheur est au plus bas depuis 2019. L’enquête s’attarde particulièrement sur les mères, très affectées par le Covid. Leurs résultats sont au plus bas sur le bonheur familial, le bonheur personnel, et les difficultés financières ressenties.
Un impact fort sur l’économie de la Greater Bay Area
L’impact économique est en effet majeur. Entre HKID et permis de passage, on estime que 100.000 personnes travaillaient auparavant en Chine en habitant à Hong Kong, ou l’inverse, faisant la navette quotidiennement ou chaque semaine. L’enquête de la SOCO indique que 19% n’ont pu travailler pendant la période, affectant leur revenu (50% des réponses).
Le facteur coût revient ainsi dans de nombreuses réponses pour expliquer cette dislocation des familles. Ainsi le prix des hôtels de quarantaine a été jugé trop élevé par 95% des personnes interrogées.
Hormis les personnes employées de l’autre côté de la frontière, rappelons que de nombreux entrepreneurs engagés dans le commerce dépendaient de fabrications chinoises, ou bien avaient développé un marché couvrant l’intégralité de la Greater Bay Area.
Côté consommation, le retail et la restauration ont bien entendu été très impactés par la perte d’une clientèle en goguette. Les familles n’ont aussi plus eu accès à leurs loisirs favoris (shopping, Ocean Park et Disney côté Hong Kong, Chimelong ou bien Window of the World côté Chine).
Devant l’ampleur de l’impact, le gouvernement hongkongais lançait Return2hk facilitant l’entrée sur le territoire des Hongkongais en Chine et à Macao (exemption de quarantaine). Cependant, le retour en Chine ou à Macao, restant soumis à quarantaine stricte, n’a pas permis un retour à la normale. Pour beaucoup de Chinois, entre Omicron, tracasseries administratives et difficultés économiques, la réunion n’est pas encore pour demain.
La SOCO a établie une liste de demandes au gouvernement hongkongais
En conclusion de son enquête, la SOCO a établi une liste de demandes au gouvernement hongkongais, notamment : établissement de quotas d’exemptions de quarantaine pour raisons personnelles ou urgences (et non plus seulement des quotas autorisant les hommes d’affaire à passer la frontière) ; remise en place d’un canal à la frontière permettant aux enfants de venir à leur école à Hong Kong sans quarantaine ; subventions et réductions de coûts de tests et vaccins pour les transfrontaliers. L’histoire nous dira la marge de manœuvre du nouveau gouvernement, alors qu’Omicron dévaste la Chine.