Le 17 et le 23 février, la Hong Kong University et la Baptist University ont successivement décidé d’interdire l’utilisation de la nouvelle technologie de traitement de langage Chat GPT.
Une interdiction prononcée, faute de mieux
Le vice-président de l'Université de Hong Kong (HKU) s’est empressé de déclarer, peu de temps après l’explosion du nombre d’utilisateurs de Chat GPT, que toute utilisation « présumée » d’outils basés sur de l’intelligence artificielle pour les cours serait considérée comme un cas de plagiat.
La HKU est donc devenue la première université à interdire l'utilisation d'outils basés sur l'IA. La Hong Kong Baptist University (HKBU) n’a pas tardé à suivre cette interdiction la semaine dernière, tandis que la Chinese University a mis en place un comité pour en discuter.
Mais si ces universités interdisent aux étudiants d’utiliser Chat GPT pour leurs travaux, elles n'ont pas encore introduit de véritable politique contre ces outils. Ces annonces n’ont donc pour l’instant aucun impact direct. Car comment détecter une telle utilisation ? Comment pénaliser des étudiants sur de simples soupçons, alors même qu’une aide de l’IA est parfois impossible à prouver ?
Chat GPT, une technologie nouvelle
Mais tout d’abord, puisque son nom est aujourd’hui sur toutes les lèvres, qu’est véritablement ChatGPT ? C’est un nouveau prototype de chatbot lancé en novembre par la société américaine de recherche en IA OpenAI, soutenue par Microsoft. ChatGPT est l'acronyme de Chat Generative Pre-trained Transformer, il utilise le générateur de texte GPT-3.5, qui avait lui aussi, certes à une échelle moindre, créé l'évènement lors de sa sortie en 2020. La technologie était déjà capable de répondre à des questions complexes dans le cadre d'une conversation.
Ce qui est nouveau avec ChatGPT, c’est que sa capacité à dialoguer est plus aboutie que pour les précédents modèles d'IA générative. Il peut par exemple admettre ses erreurs et justifier le rejet de demandes inappropriées. Il est aussi capable de générer des blagues intelligentes, du code informatique Python ou encore de graduer le niveau d’explication des concepts, notamment scientifiques, au fil de la discussion avec l’utilisateur.
ChatGPT utilise un algorithme qui s'appuie sur les réponses humaines pour progresser et évoluer, ce qu’on appelle un « apprentissage par renforcement ». Il est donc doté de mémoire, et d’une capacité à jouer les deux rôles, celui de l’utilisateur humain et de l’assistant IA, répondant lui-même à ses propres questions.
Le succès rapide de ChatGPT
ChatGPT a enregistré plus d’un million d'utilisateurs en cinq jours lors de sa sortie. C’est la première fois qu'un tel outil d'IA est mis à la disposition du grand public à travers une interface web gratuite et facile à utiliser.
ChatGPT n'est cependant pas disponible pour les utilisateurs de Hong Kong et du continent. Non pas que les autorités chinoises aient interdit l’utilisation du logiciel, mais son créateur, OpenAI, a restreint son utilisation en Chine, en Iran, en Russie et dans certains pays d’Afrique. La société américaine dit travailler à pouvoir le rendre accessible dans ces régions au plus vite.
Ceci dit, de nombreux hongkongais utilisent déjà ChatGPT grâce à un VPN, et une myriade d'articles sont sortis sur Internet ces derniers jours pour indiquer aux jeunes comment installer l’application facilement.
Chat GPT est-elle une aide vraiment efficace ?
On pourrait croire que ChatGPT est incomplet, et que ses réponses sont trop imparfaites, comme on le lit déjà dans les mises en garde des officiels, aussi bien hongkongais que français. Mais des universitaires ont testé l'application pour générer des réponses à leurs examens, et selon eux, les rédactions écrites par l’IA pourraient obtenir une excellente note si elles étaient soumises par un étudiant de licence. Des programmeurs ont également utilisé ChatGPT pour résoudre des problèmes de codage en quelques secondes.
Les arguments de l’administration des universités concernées et des étudiants favorables à l’interdiction semblent eux-mêmes un aveu d’échec : "Si vous pouvez écrire de meilleurs articles que beaucoup d'autres étudiants avec l'IA et être en mesure de les faire publier, ce serait tellement injuste pour les autres universitaires qui travaillent dur." a notamment déclaré une étudiante de dernière année à la HKBU interrogée par le South China Morning Post.
Il faudra donc au plus vite développer des solutions qui intègreraient le chatbot sans compromettre la nature des travaux de recherche. Mais en sachant que l’aide de ChatGPT est si précieuse, comment faire respecter l’interdiction et empêcher les utilisateurs d’y céder ?
L'interdiction ne suffit pas selon les universités de Hong Kong
La Hong Kong University et la Baptist University, qui ont interdit l’utilisation du chatbot, ont déclaré qu'une politique plus précise devrait être élaborée à long terme, sans toutefois en préciser la teneur. Pour l'instant, les sanctions pour plagiat peuvent aller de la réduction des notes à la suspension ou au renvoi. Tout cela au nom de « l'intégrité académique ».
La question de l’utilisation de telles technologies ne peut cependant pas se solder par une simple interdiction ou demeurer en suspens. La demande sera amenée à croître et les étudiants ne se contenteront plus des anciennes habitudes d’apprentissage. Déjà que nombre d’entre eux utilisent des sites internet « d’aide aux devoirs », qui ne sont rien d’autre qu’un moyen de payer pour obtenir son devoir entièrement réalisé.
Les universités ont donc précisé que l’interdiction vaudrait jusqu’à ce qu’une discussion plus large ait lieu pour déterminer comment cette technologie devrait être intégrée à l'apprentissage. Cette prise de conscience est nécessaire face à un tel engouement, et témoigne de l'urgence de se réinventer.
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