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SAUVES PAR LA POESIE - And the winner is...

Écrit par Lepetitjournal Hong Kong
Publié le 13 mars 2016, mis à jour le 14 mars 2016

 

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« Sauvés par la poésie », le concours de langue française organisé par le magazine Sauvés par le Kong en partenariat avec la librairie Parenthèses et le Consulat Général de France à Hong Kong et Macao à l'occasion du mois de la francophonie, a trouvé ses gagnants. Vendredi 11 mars, trois poèmes ont été distingués par le jury parmi les quarante-six envoyés.

La remise des prix de "Sauvés par la poésie" à la librairie Parenthèses le 11 mars 2016 © Marc Progin

Matthieu Motte, l'instigateur du projet, s'est félicité du succès de cette première édition à laquelle ont participé de nombreux adultes mais aussi des adolescents, élèves du lycée français à qui le thème du frisson(s) ont inspiré des textes « bluffants de maturité et de beauté ». M. Eri Berti, le Consul général de France, s'est lui aussi réjoui de cette initiative qui met en valeur à Hong Kong un art qui « fait tourner le monde ».

Camille Vannier lisant les poèmes lauréats en musique © Florence Morin

Le Prix d'Excellence 2016 a été attribué à « 3 frissons » de Valeri Zasyekine, un informaticien de 32 ans, qui a avoué s'être inscrit « par hasard » au concours après en avoir vu l'annonce sur la gazette du Consulat sans pour autant dévoiler l'identité de la muse qui lui a inspiré sa fable érotico-amoureuse.


Valeri Zasyekine, lauréat du Prix d'Excellence, avec M. Eric Berti, Consul général de France à Hong Kong et Macao

Le Prix du Jury et le Prix de la Musicalité sont allés respectivement à « La Rame du tramway file» de Stéfany Collin, qui en déplacement à Paris n'a pas pu venir chercher sa récompense, et à Guillaume Since pour ses « Frissons mal embouchés », l'histoire d'un naufrage avorté, qui en plus de quelques livres et d'une photo sponsorisée, lui a valu comme cadeau une bouée salutaire et bleutée.

 Guillaume Since, lauréat du Prix de la Musicalité avec Madeline Progin, présidente du jury

« C'était une soirée belle de sens et de mots, de rires à l'improviste et de rencontres fabuleuses. », s'enthousiasme Matthieu Motte sur la page Facebook du magazine à l'issue de la remise des prix. « Bravo aux lauréats, pour le souffle, l'émotion et le verbe haut, bravo à tous ceux qui ont pris le temps de poser leurs rimes sur un écran. »

Les lauréats aux côtés des membres du jury et du consul de France © Johana Burloux

Le concours « Sauvés par la poésie » 2017 devrait être lancé en octobre prochain, annonce d'ores et déjà l'organisateur. Pour la seconde édition, les trois catégories existantes seront complétées par deux nouvelles : un Prix Jeunesse et un Prix International qui permettront à tous les francophones non-résidents de Hong Kong de participer à la sélection.

Les lauréats

PRIX D'EXCELLENCE

"3 frissons"

Le premier souviens-toi
Tu portais des talons
Et rien d'autre je crois
Qu'un parfum de saison
T'aimais les jeux de dupes
Et moi les filles faciles
J'allumais sous ta jupe
Les lumières de la ville.
Tes mamelles enflées
Faisaient dans la dentelle
Contre la baie vitrée
Du W Hotel
Et battaient la mesure
De deux cercles obscènes
Laissés en hâte sur
Le devant de la scène.

Plus tard sur ton balcon
Au deuxième
Tu prononçais mon nom
De baptême
Me contais des douceurs
Des "je t'aime"
Qui m'allaient droit au c?ur
Du problème.
On jouait à se faire peur
Tu voyais d'autres hommes
Pour mettre de la couleur
Dans tes géraniums
Certains me sont restés
En travers de l'échine
Et ton test HIV
Sentait la nicotine.

Puis un jour tu m'as dit
Si la Californie
Te privait de mes fesses ?
J'aime ta poésie
Mais le fond de ton lit
C'est pas Los Angeles
Je veux les choses en grand
Et deux frissons par an
C'est tarif minimum
J't'en laisse un pour la route
Ça ne passe pas en soute
Arrose les géraniums

PRIX DU JURY

"La Rame du tramway file"

La rame du tramway file, et s'enroule la foule
Qui s'engouffre comme un flux, dévorée par la houle
Des piétinements secs des silhouettes escarpées
Des buildings aux fenêtres mi-ouvertes mi-fermées :

Félicité du jour,
Ph?nix au firmament, ou fin de ta journée,
Tu le dis sans détours,
Finalement pas de fuite, il te faut continuer

Aux frémissements timides des soupirs encore tièdes
D'une moisson de désirs que ton tremblement guette,
Aux frissons de la nuit ou de la découverte,
Aux mystères des instants où les chairs semblent offertes,

Noyées de paroles vaines et d'allures contrefaites,
Cachant-là des merveilles inavouées et désertes,

Tu préfères le choix brut des décisions sommaires
Des points de vie binaires, Comment dire comment faire ?
Un et un font deux, c'est tellement plus facile !
Pas de choix esthétique, ni de figure de style.

Et pourtant le codage, le découdre tu en rêves !
L'addition de ces chiffres tu voudrais la remuer,
Bousculer ces principes et faire se culbuter
Ces calculettes butées, bloquées sur l'équation
Où le zéro ne vaut que comme faire-valoir
Du paraître des nombres trop gras, trop gros, trop ronds
Quand les gaz des indices se fondent sans le vouloir,
Et se consument, nourris de tes flammes et tes fièvres.

Félonie du destin, fariboles frelatées :
A tes goûts d'autrefois
Tu préfères l'apparat
Des parures efficaces, rentables et bien rangées.

Qu'as-tu fait de tes rires de l'enfant vif et rose
Que tu étais pourtant ? Joyeux poupon joufflu
Qui frissonnait d'effroi, de joie ou d'émotion
Qui laissait barboter des bulles de sensation ?

Sans calcul, instinctive, dans une audace nue
Laisse-moi te murmurer : vas-y, mon ami, ose !

PRIX DE LA MUSICALITÉ

"Frissons mal embouchés"
(Inspiré d'une histoire vraie)

Il était une fois une histoire de marins,

Une histoire peu banale,
Sentant fort les embruns,
Et qui faillit ma foi, finir en bacchanale,

Il s'en fut ce jour-là de bien peu,
Que deux joyeux compères, un rien présomptueux,
D'un voilier certes vieux, mais pourtant somptueux,
N'en firent un submersible, qui coula avec eux,

Appareillant sereins cet après-midi-là,
Ils furent à Potoi* en moins de temps que ça,
En route, ils devisèrent de ceci, de cela,
Sans ne nullement douter que leur esquif sombrât,

S'il n'est de sot métier, mais bien de sottes gens,
En tous points de ceux-là, ils furent sûrement,
Des dangers de la mer ignorant les tourments,
Oublièrent les bouchons de leur si vieux gréement,

Allaient-ils n'avoir ces deux joyeux compères,
Pour toute bonne fortune, qu'une fortune de mer ?
Et allaient-ils entendre de la mer le gourou ?
Du vieux Poséidon subir tout le courroux ?

Tout soudain, le voilier prit si fort de la gite,
Et à n'en point douter, ils durent faire vite,
Parcourus de frissons à travers tout le corps,
Durant la traversée pour rejoindre le port,

Alors des sanglots plein leur nasse,
Nos deux gaillards burent la tasse,
Mais les bouchons de leur barcasse,
Reprirent tout soudain leur place,

Le fier vaisseau ne bougeait plus,
Car il avait beaucoup trop bu.
Tout espoir semblait ténu,
Mais ils reprirent leur cap perdu,

Ils parvinrent à leur Valhalla,
Allèrent de Charybde en Scylla,
Et enfin arrivèrent triomphants,
Tels des Lamazou de l'Orient,

Les compères honteux et confus,
Jurèrent mais un peu tard qu'on ne les y prendrait plus,
Las d'aventures et de frissons,
Ils n'oublieront plus leurs bouchons...

*Potoi est une ile au sud de Hong Kong

 

(www.lepetitjournal.com/hong-kong) lundi 14 mars 2016

Lire aussi : SAUVES PAR LA POESIE - La première édition du concours est lancée

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Publié le 13 mars 2016, mis à jour le 14 mars 2016

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