L’auteur et illustrateur belge Max de Radiguès était récemment à Shanghai puis à Hong Kong dans le cadre des Belgian Days. Connu pour ses bandes dessinées épurées au trait régulier, il a partagé son talent d’auteur avec le public hongkongais et présenté son dernier ouvrage 10 secondes, inspiré de son adolescence dans la campagne belge des années 90. Sa venue était aussi l'occasion pour lui d’échanger avec les éditeurs locaux et ses confrères sur les mutations du 9ème art à l’heure du numérique.


Mes BD sont pour les adultes et les grands ados
Peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
Je suis auteur de bande dessinée basé à Bruxelles. Je partage mon temps entre création, édition et enseignement de la BD à l’école Saint-Luc, ce qui me permet d’explorer différents aspects du métier.

Ton ouvrage 10 secondes est sorti cette année. Peux-tu nous en parler ? À quel public s’adresse-t-il ?
10 secondes raconte l’histoire d’un adolescent belge dans les années 90, confronté à l’ennui de la campagne et à ses dérives. Le récit est directement inspiré de mon adolescence. Il s’adresse principalement aux adultes, mais les grands ados peuvent aussi se projeter dans les personnages.
J'aime laisser la place à l'imagination du lecteur
Graphiquement, restes-tu fidèle à ton style pour cet ouvrage ?
Oui, mon dessin reste constant quel que soit le sujet. Pour 10 secondes, je me suis replongé dans l’ambiance des années 90, les chambres d’adolescents, les posters et les vêtements, pour recréer une atmosphère authentique. Mon style reste toujours assez épuré. J’aime le fait que mes lecteurs ne soient pas submergés d'informations graphiques et textuelles, ça laisse plus de place à leur imagination. Je pense que ça permet aussi qu’ils s’approprient davantage l’histoire.

Je voulais confronter ma BD avec la Chine
Parle-nous de tes influences et de ce qui t’a poussé à te lancer dans la BD et l’écriture.
J’ai grandi avec Tintin et Spirou, puis j’ai découvert le manga et des romans graphiques comme Shenzhen de Guy Delisle, qui racontaient des scènes de vie simples mais captivante ! Cela m’a montré que l’on peut créer des histoires intimistes avec un dessin minimaliste, ce qui guide mon travail aujourd’hui.
Qu’est-ce qui t’a mené en Chine, et quelles étaient tes intentions pour ce déplacement ?
Je suis venu pour la foire du livre de Shanghai, qui est un dérivé de la Foire de Bologne. J’ai été invité pour rencontrer des éditeurs locaux, envisager des traductions en chinois de mes ouvrages, et donner des masterclasses. Je voulais partager mon expérience et découvrir comment la BD est perçue et enseignée ici. A Hong Kong, dans le cadre des Belgian Days, j'ai pu échanger avec le public au Heritage Museum, accompagné de deux autrices hongkongaises pour parler de nos expériences respectives en BD. Le public était majoritairement local, composé d’artistes, d’étudiants et d’aspirants dessinateurs. Les questions portaient majoritairement sur l’avenir du livre physique et le développement du digital.

En Chine, on vend surtout en ligne, les librairies sont rares
La BD glisse-t-elle vraiment vers le tout-numérique ?
En Europe, pas vraiment. Les lecteurs restent attachés au format papier, même si certains adolescents lisent des mangas sur téléphone. En Chine, tout se vend surtout en ligne, les librairies physiques sont rares et de nombreux éditeurs passent par des plateformes d’influenceurs. Sans points de vente physiques, c’est tout un parcours client à repenser, et les lecteurs sont de ce fait moins confrontés à la découverte et à la nouveauté.
Que retiens-tu de ton passage en Chine ?
La Chine est fascinante par son intensité, mais aussi déroutante pour un Européen. J’ai apprécié la curiosité et la patience du public local et ces impressions nourriront à coup sûr mes prochains récits, même si je ne sais pas encore exactement comment.
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