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L’humoriste Sony Chan, la plus française des Hongkongaises

Sony Chan humoriste Sans étiquette Hong KongSony Chan humoriste Sans étiquette Hong Kong
Les huit représentations de "Sans Étiquette" se sont jouées à guichets fermés.
Écrit par Célia Cazale
Publié le 26 mars 2018, mis à jour le 18 février 2021

Le mois de la francophonie à Hong Kong s’achève cette semaine. L’occasion de revenir sur l’événement emblématique de l’échange culturel franco-honkongais: l’inclassable et pétillante Sony Chan et son spectacle "Sans Etiquette". 

 

De Hong Kong, Sony Chan a tous les attraits. A l'image de cette ville composite où elle est née, l’humoriste est un mélange de vivacité chinoise et de quant-à-soi européen. Car avant de faire ses lettres à France Inter ou France 2 auprès de Frédéric Lopez, Sony Chan a grandi dans la colonie britannique jusqu’à la rétrocession en 1997.

Personne "sans étiquette", comme le titre son spectacle, difficile de définir qui est Sony Chan. Un homme devenu femme, une Hongkongaise devenue Française, une architecte devenue humoriste. Ce sont toutes ces facettes que l’humoriste est venue présenter, pour la première fois, face à ses compatriotes, du 28 février au 8 mars derniers.

"Lorsque je joue en cantonais, je ne peux plus me cacher derrière une langue étrangère, nous a confié l’humoriste ravie de cette expérience. Je suis nue face à mes origines. Mais finalement cela m’apporte une aisance supplémentaire par rapport au français, je suis plus naturelle". 

Bien qu’ayant vécu une vingtaine d’années en France, l’artiste sait qu’on la considère comme une étrangère. "Je dois faire attention à ce que je dis. Si je pars dans des moqueries sur la culture française, il faut que ce soit bien emmené, signale-t-elle. Avec la culture hongkongaise c’est plus légitime"

Pourtant, le passeport français dans son sac témoigne de l’emprunte frenchy sur sa personnalité. "Je suis influencée par Paris, mais je me sens terriblement Hongkongaise", s’amuse-t-elle bien qu’elle ne s’imagine pas vivre dans la Perle de l’Orient. "Je suis un peu à côté de la plaque, je suis assez décalée et la France m’accorde plus d’espace", concède l’humoriste désormais sollicitée pour mener des conférences sur le thème du genre et de la double nationalité dans les universités.

"Je me suis appropriée les deux cultures", affirme l’inclassable qui revendique un rôle de passerelle entre les deux peuples: "C’est comme une mission naturelle". Et la comique prend cela très à coeur. Sur sa chaine Youtube elle explique, entre autres, des expressions en cantonais aux Français et vice-versa. "Je connais bien ces langues donc j’ai envie de me moquer d’elles", taquine-t-elle.

 

 

Sans langue de bois, Sony Chan aborde d’ailleurs sans difficulté les troubles politiques des deux pays. "Dans le spectacle en cantonais, je voulais surtout parler de mon enfance dans les années 80 à Hong Kong, confie la Strasbourgeoise d’adoption. Car ça représente une époque révolue". Des souvenirs qui font sens alors que la région traverse une crise identitaire, selon elle. 

Moins "morose" que les personnes qui l’entourent, l’humoriste reste optimiste quant à la situation politique controversée de cette région. "Je crois qu’on ne peut jamais enlever totalement la liberté et la démocratie dès lors qu’un peuple a connu ce mode de vie, rassure-t-elle. La population est dynamique ici et je pense qu’elle a encore de l’énergie pour se défendre contre la main mise de la Chine".

Alors qu’elle regarde l’histoire de ce pays, Sony Chan sait que "rien n’est définitif, même en Chine". "Il faut rester vigilant et attentif, mais pour moi rien n'est joué", conclue-t-elle. 

 

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