Dans l’endurcissement de plus en plus net de l’autorité publique, on constate que les milliardaires chinois se voient également contraints à rentrer dans le rang.
Aujourd’hui, 2.130 Chinois ou Chinoises, possèdent 2.600 milliards de $, autant que le PIB du Royaume-Uni.
Cette année Xu Jiayin, patron de Evergrande (immobilier) ravit à Wang Jianlin du groupe Wanda, la première place au classement Hurun. Ils sont source de 75% du PIB et de plus de 80% des emplois urbains.
Or, ce que le régime redoute à présent, est la prise du pouvoir par ce groupe, comme il a failli advenir en Russie sous Boris Eltsine, avec la conquête des « Oligarques », avortée par la poigne de Vladimir Poutine. Xi Jinping affirmait en septembre à Pékin devant un aréopage de magnats et cadres : «si nous dévions du marxisme, ou l’abandonnons, notre Parti perdra son âme et sa direction».
Sous cette peur, les rapports hier cordiaux entre ce grand capital et le régime, ont viré depuis un an. En 2015 encore, Wang Jianlin était protégé par Xi Jinping. Dans chacun de ses 1.000 magasins, hôtels ou parcs d’attraction, il réservait 10% de la surface à la culture populaire, ce qui était une priorité du chef de l’Etat. Mais en juillet, Xi a ordonné aux banques de bloquer tout prêt à Wanda.
Wu Xiaohui, président des assurances Anbang, encore récemment n°4 national, a disparu, incarcéré secrètement en juin.
Guo Guangchang, PDG de Fosun (pharmacie, immobilier, tourisme…) a risqué l’arrestation. En janvier, Xiao Jianhua, financier, était kidnappé à Hong Kong et ramené en Chine – il n’a pas réapparu depuis. Xiao finançait nombre de membres de l’élite politique, et en savait trop.
Ce mois-ci, l’Etat fait pression sur les milliardaires Jack Ma, Robin Li et Pony Ma, afin de forcer la reprise de 1% de leurs groupes Alibaba, Baidu et Tencent, poids lourds de la toile chinoise. C’est pour forcer son entrée dans leurs organes de direction et influencer leur politique, et leur pouvoir accumulé en collectant les données privées de leur milliard d’usagers, en créant des logiciels et algorithmes capables de prévoir leurs comportements. C’est aussi pour bloquer la fuite des capitaux—car ces chevaliers d’industrie, sentant le vent tourner, sortent une partie de leurs biens du pays.
Entre hommes forts du privé et du public, le bras de fer ne fait que commencer : bien malin, qui pourrait en dire l’issue – les premiers étant la corne d’abondance économique et les seconds, celle de la sécurité.
Titre original : "Monde de l'entreprise : Ouragan pour les nababs"