Les autorités hongkongaises annoncent un vaste plan d’extension du réseau de caméras de surveillance, qui devrait atteindre 60 000 unités d’ici 2028. L’objectif affiché : renforcer la prévention et la détection des crimes grâce à l’intelligence artificielle.


Un programme en expansion à Hong Kong
Le secrétaire à la Sécurité, Chris Tang, a indiqué que le programme de vidéosurveillance SmartView, lancé en avril 2024 après une phase pilote à Mong Kok, sera progressivement étendu dans toute la ville. Environ 4 500 caméras sont déjà installées dans le cadre de ce dispositif policier, déployé dans plusieurs points de passage frontaliers, tunnels, espaces publics et résidences gérées par le gouvernement. Selon les documents transmis au Conseil législatif, leur nombre devrait être multiplié par plus de dix d’ici 2028.
Objectifs et utilisations
Les nouvelles caméras seront équipées de technologies d’intelligence artificielle, notamment de reconnaissance faciale et d’analyse d’images, destinées à identifier des comportements suspects, retrouver des véhicules ou suivre des personnes recherchées. Le dispositif, déjà utilisé pour la gestion des foules, le suivi du trafic et la coordination des interventions d’urgence, aurait permis de résoudre plus de 480 affaires et conduit à plus de 840 arrestations.
Son expansion doit désormais inclure des sites gérés par d’autres départements publics : dix ensembles de logements publics administrés par le Housing Department, ainsi que trois tunnels trans-harbour, sept sites liés aux Jeux nationaux et quatre points de contrôle d’immigration.
Le gouvernement présente SmartView comme un outil de modernisation de la sécurité urbaine, visant à connecter les caméras de différents départements – transports, immigration, voirie – afin de centraliser les données et d’améliorer la coordination des interventions.
Questions de gouvernance et de vie privée
Ce déploiement à grande échelle suscite toutefois des interrogations sur la protection des données et la transparence du dispositif. Plusieurs experts soulignent le flou entourant son cadre juridique. Parmi eux, Eric Lai, chercheur au Georgetown Center for Asian Law, appelle à clarifier les règles encadrant l’usage de l’intelligence artificielle par les forces de l’ordre, notamment sur la collecte, la conservation et l’accès aux données biométriques.
Le Commissariat à la protection des données personnelles (PCPD), chargé d’appliquer la Personal Data (Privacy) Ordinance, n’a pas confirmé avoir été consulté sur cette extension. Sur le terrain, les réactions des habitants reflètent ces mêmes divisions : à Wan Tsui Estate et Hing Wah (II) Estate, à Chai Wan, certains saluent un renforcement de la sécurité, tandis que d’autres redoutent une surveillance trop intrusive dans les espaces communs.
Face à ces préoccupations, les autorités soulignent que les images captées dans les halls, ascenseurs et parkings des logements publics sont conservées pendant 28 jours maximum, puis supprimées conformément à la loi. Elles assurent par ailleurs que le programme respectera la Personal Data (Privacy) Ordinance et fera l’objet d’un audit indépendant ainsi que d’une évaluation d’impact sur la vie privée avant son déploiement complet.
Entre sécurité et encadrement technologique
Hong Kong ne dispose pas encore d’une réglementation spécifique encadrant l’usage de la reconnaissance faciale par les services de police. Les autorités réaffirment que le dispositif vise avant tout à prévenir et détecter les crimes, tout en respectant la législation existante sur la vie privée. Le déploiement de SmartView s’inscrit dans un contexte plus large d’intégration technologique des politiques de sécurité et de gestion urbaine.
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